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Articles

Affichage des articles du juillet, 2021

Morceau par morceau [Karen Traviss / Lionel Davoust]

La rencontre avec un auteur qu'on ne connaissait pas, prend parfois des détours inattendus.              C'est en faisant des recherches sur le space opera , un genre dont j'ai déjà abondement parlé sur ce blog, et pour lequel je voulais trouver un nouvel angle, que je me suis retrouvé à lire la phrase suivante : « [...] de nos jours l'idéologie est partout et contamine de manière particulièrement marquée le domaine du space opera. D'extrême droite avec le militarisme d'un David Weber ou d'une Karine Traviss [..] ( Space opera ! , éditions Les Moutons Électriques™).  Outre le déficit flagrant de précision(s) sur ce qui justifie ce classement péremptoire, ou alors raconter une histoire qui se déroulent dans l'espace du point de vue des militaires fait de facto de ce choix un roman d'extrême-droite (?), je venais justement de finir le deuxième tome des aventures d' Honor Harrignton , du susmentionné D avid W eber. Roman dans lequel je n'avai

Le Vampire [Philip MacDonald/Marie-Claude Sauvestre]

Réputé pour être le roman qui le premier mit en scène un « tueur en série », « Le Vampire » n'utilise cependant aucune once de surnature. Contrairement à ce que son titre français pourrait laisser croire.              Le « Vampire » du titre n'est en effet que le surnom qu'il s'octroie lui-même, dans la relation épistolaire qu'il entretiendra avec les forces de police, et plus précisément avec un fin limier venu tout droit de Scotland Yard , épauler la police locale.  Dans la langue originale de l'histoire il est question d'un beaucoup plus prosaïque « The Butcher ».  « Murder Gone Mad », de son titre anglais, n'est donc pas un roman fantastique mais un pur whodunit , qui se distingue néanmoins encore, 90 ans après sa publication.              D'abord par des meurtres sauvages qui n'épargneront personne, pas même les jeunes adolescents.  Ensuite au travers d'une des méthodes d'investigations imaginées par P hilip M ac D onald : un compl

Partisan, série télévisée

Invité par la présence de l'acteur F ares F ares, dans le rôle de « Johnny », et dans celui du très solide moyeu de cette mini-série télévisée suédoise en cinq épisodes, j'ai donc regardé « Partisan ». Un thriller conspirationniste que le libano-suédois a co-créer avec A mir C hamdin.              Excipant d'un passé de gangster , ledit Johnny est en fait un policier à qui l'on a confié la mission d'infiltrer une communauté de producteurs de légumes « bios ». Une ferme dont le train de vie ne correspond pas vraiment aux revenus que l'on serait en droit d'attendre d'une telle exploitation agricole.              Si le charisme de F ares F ares parvient à faire oublier la finesse de la couverture de son personnage, c'est bien la nébuleuse de cette communauté qui captive au fur et à mesure qu’elle se dévoile avec réticence.  Une combinaison qui ne tiendra malheureusement que trois épisodes. Les deux derniers semblent en effet oublier complétement tout c

Les Maîtres de l'univers : Révélation

Mini-série de cinq épisodes, « Les Maîtres de l'univers : Révélations », cornaquée par K evin S mith, reprend là où la série originale s'est arrêtée, il y trente-cinq ans.             Le premier épisode, qui se la joue à la manière d' A lan M oore, se laisse regarder sans anicroche, même par quelqu'un qui ne sait rien des dessins animés produits pour vendre des figurines dès 1983. Un prologue explicatif remet de toute façon les pendules à l'heure.  Non pas qu'il faille non plus craindre une rupture d'anévrisme face aux difficultés que représenterait la plongée dans cet univers. La mini-série en question, dont le premier épisode a été écrit par K evin S mith, un individu dont je ne connais que le travail sur - justement - deux relances de séries de bande dessinée ( Daredevil et Green Arrow ) propose donc un dessin animé qui ne brillera pas par la virtuosité de son animation. Pas plus qu'il n'adopte, semble-t-il, un ton moins enfantin que le modèle d

L'Examen [Sylvain Neuvel / Patrick Imbert]

De l'aveu même de l'auteur, cette novella a tout à voir avec l'énorme popularité dont bénéficiait D onald T rump lors de la course à l'élection étasunienne, mais aussi avec les propositions électorales du parti politique Coalition avenir Québec , afin d'imposer un test de « valeurs québecoises » pour les nouveaux arrivants. Un test que va passer Idir Jalil , un dentiste originaire de Téhéran , afin d'obtenir la citoyenneté britannique.              Écrit avec un joli sens du récit, « L'Examen » met néanmoins mal à l'aise.  Tout à son projet de déciller les yeux de ses contemporains, S ylvain N euvel ne va cependant pas jusqu'à situer son court récit au Québec , l'auteur oublie de laisser la bride sur le cou à ses personnages. S'il est permis de douter qu'un test, quel qu'il soit puisse déterminer qui serait ou ne serait pas un terroriste en puissance (ce que l'histoire ne mentionne pas clairement, avec une pudeur touchante), oub

Barbaric #1 [Vault Comics]

Publiée par Vault Comics™, une maison d'édition étasunienne dont je surveille régulièrement les titres, « Barbaric » est une série écrite par M ichael M oreci, un scénariste dont j'aime assez ce qu'il fait, et dessinée par N athan G ooden, dont le travail proposé ici (colorisé par A ddison D uke) parlera de lui-même.             Cette épopée fantastique a germé dans l'esprit du scénariste après qu'il ait lu Wyld ; la mort ou la gloire de N icolas E asme [ Pour en savoir + ]. Toutefois « Barabaric » cultive sa propre approche d'une série d' Heroïc fantasy décalée en  dotant un « barbare » du gabarit d'un Conan d'une arme du genre de celle d' Elric . Assoiffée de sang à cause d'un problème d’intempérance, cette hache (de type labrys) occupe pourtant le rôle d'un Jiminy Cricket .  On n'est pas à une contradiction près dans ce premier numéro, comme vous pouvez vous en rendre compte ! En effet Owen , le « barbare » en question, a été

Un jour je serai invincible

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie  Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,  Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties  Sans un geste et sans un soupir * ; ……  Parce que l’Histoire est toujours racontée par les vainqueurs, « un jour je serai invincible 2009 » est un roman qui risque de déciller les yeux de nombre de lecteurs.  En commençant par sa belle et sobre couverture, signée N éjib B elhadj K acem.  En effet, le roman d’ A ustin G rossman, son premier d’ailleurs, traduit en français par J ean- D aniel B rèque, donne la parole à Docteur Impossible , un super-vilain.  Qui, à l’occasion d’une nouvelle évasion, et d’une nouvelle entreprise de conquête du monde, se remémore sa vie de sac et de corde.  Les chapitres qui lui sont consacrés alternent avec ceux qui voient l’admission de Fatale , jeune super-héroïne cyborg, au sein des « Nouveaux » Champions™.  Mais comme nous le découvrirons, l’histoire de Fatale c’est encore celle de Docteur Impossible .         

No Sudden Move [HBO Max]

« Les vices privés font la vertu publique »  Bernard Mandeville  Où l’on s’apercevra que la « main invisible » qui harmonise les égoïsmes privés est celle d’une reine des abeilles en costume sur mesure.              Réunis par le cambriolage d'un coffre-fort sis à « Motor City », plusieurs personnes, dont certaines ne se rencontrerons pas, et qui ont leurs propres marrons sur le feu, voient leur vie respective chamboulée au mitan des années 1950.              Réalisé avec une certaine ostentation, mais aussi beaucoup de talent, le dernier film de S teven S oderbergh, réalisateur dont j'avais pourtant fini par faire un trait sur le travail, bénéficie en outre d'un scénario aux petits oignons, signé E d S alomon.  Brillant tour de passe-passe servi par une distribution Trois étoiles © , « No Sudden Move 2021 » s'offre le luxe d'exhumer un fait divers tout ce qu'il y a de plus vérifiable, et dont le traitement judiciaire ne manquera pas de ne pas nous étonner.    

Sharon Tate ressemblait à la Californie

Chinatown est un état d’esprit disais R obert T owne, et « The Big Goodbye » également.              S am W asson y entreprend de remonter la genèse d’un film - sous les auspices qui n'ont rien d'arbitraire de R aymond C handler - qui devient sous sa plume l’incarnation même de l’usine à rêves : Hollywood. Dont Chinatown est le chant du cygne.  Si le regard de S am W asson est aussi rétrospectif que celui qu’avait R obert T owne aux alentours de 1969, son point de départ est aux antipodes de celui du scénariste lauréat d’un Oscar © en 1975.  W asson part en effet d’une idée, d’une abstraction, « Hollywood » donc, et lui donne le chatoiement nécessaire pour la rendre tangible comme on ne l’a jamais lue.  Mais surtout « The Big Goodbye » montre que Chinatown a un code créatif qui ne repose ni seulement sur son scénario, qui sera travaillé jusqu’au dernier moment, ni seulement sur sa mise en scène, ni seulement sur l’interprétation de ses acteurs. Pas plus que sur la musique

Un espion de trop [Lee Remick / Tyne Daly / Charles Bronson / Don Siegel]

Ce film, sorti en 1977, s'appuie sur le roman de W alter W ager ( Le Code ) et un cliché du film d'espionnage : les « agents dormants ». • La vie c'est simple comme un coup de fil             Peu après la crise dite des missiles de Cuba , l' U.R.S.S. , en représailles, dissémine sur le territoire des U.S.A. des « agents dormants ». Vingt ans plus tard, l'époque est à la détente, mais pas au gout de tout le monde. Nicolai Dalchimsky , stalinien pur sucre goûte assez peu le rapprochement entre les deux blocs ennemies, et la purge dont les féaux du « Petit Père des peuples » sont la victime. Il se rend aux États-Unis pour réveiller les « agents dormants ». Le KGB envoie un agent pour le neutraliser.   • Chercher la femme             Manifestement, à plus de 60 ans D on S iegel a perdu de sa superbe. « Un espion de trop » est, pour ainsi dire, surtout un film de trop. B ronson y joue une caricature de ses meilleures interprétations, le dur à cuire taciturne, et D on

« Je suis ton père » Deathstroke #30-35

C hristopher P riest a deux qualités que j’apprécie, forcément puisque j’en fais des qualités.             La première transparait dans son travail de scénariste depuis son passage sur la série Quantum and Woody , qu’il a contribué à créer (avec M . D . B right) pour l’éditeur Valiant™ Acclaim Comics™, au crépuscule des nineties . Il y utilisait pour la première fois des intermédes en forme de « cartons » noirs, qui rythment depuis ses récits, dans lesquels il inscrivait des indications laconiques de lieux, et ce qui ressemblait à des titres de chapitres.  Et, petit à petit, il affinera une mise en récit disons, « discontinue », coupée souvent par des interventions de personnages « face caméra », dont les propos (ici en V.O) ne sont pas immédiatement identifiables à l’intrigue en cours. S’ajoute à cela une propension à jeter ses lecteurs au cœur de ce qui se passe, sans explications préalables.  Et, plus récemment, l'utilisation fréquente d'un « technoblabla », qui en fait c