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Articles

Affichage des articles du juin, 2020

#Nouveaucontact_ [Duhamel]

C'est du grand art ! Avec une bête idée de départ, quasi un cliché tellement c'est simple, B runo D uhamel capture et ausculte la bande passante de nos turpitudes numériques.             S'il n'est pas le premier à pointer les dérives de l'agora digitale :  les réseaux sociaux « sont devenus une zone de non droit, un nouvel outil pour des comportements vieux comme le monde : le lynchage, la haine, le racisme… » ( Cf. Bamboo Mag n°64), il le fait avec une alacrité et une verve à nulle autre pareilles. Chaque planche, chaque case fait mouche ! « #Nouveaucontact_ » est néanmoins aussi un album humoristique, quand bien même ce qu'il décrit est observable quotidiennement, et est très loin d'être hilarant. Non seulement sur la Toile™, mais aussi dans la presse, à la télévision, à la radio, dans presque n'importe quelles discutions, partout. Ce qui s'y dit est viral. Chaque sensibilité y est une susceptibilité, lesquelles ont désormais transformé nos

Semiosis [Sue Burke / Florence Bury / Manchu]

Ancienne journaliste, nouvelliste et traductrice, « Semiosis » est cependant le premier roman de S ue B urke (inspiré d’ailleurs d’une de ses propres nouvelles).             Il s’agit d’un planet opera générationnel qui mêle habilement les figures narratives du roman d’aventure à la H . R . H aggard ou à la façon d’un E . R . B urroughs, de ceux qu’on pourrait qualifier superficiellement de « colonialiste », avec toutefois une sensibilité propre à l’autrice, et une maïeutique écologique. Pour se faire S ue B urke invente un personnage original autour duquel tournent par ailleurs les presque 450 pages du roman. Et qui inspire le titre -peut-être- un poil sibyllin.             Robinsonnade de l’espace, « monde perdu », et bien entendu altérité d'un « premier contact », puisqu’il s’agit du sous-titre de « Semiosis », le roman de S ue B urke construit une aventure humaine sur 107 ans et sept chapitres. Car les colons Terriens ont un projet politique en arrivant sur cette planète ; q

La poudre et la cendre [Taylor Brown / Mathilde Bach]

Premier roman de T aylor B rown a avoir été publié en France , je vous recommande  aussi le suivant, Les dieux de Howl Mountain , « La poudre et la cendre » est le récit d'une fuite sanglante et romantique en pleine guerre de Sécession.             C'est l'histoire captivante de Callum et d' Ava, traqués par une bande de bushwhackers . T aylor B rown y décrit la rudesse d'un conflit vu au travers des péripéties du jeune couple, et des vicissitudes d'une population aux abois. La guerre n'y est heureusement pas une toile de fond simplement fonctionnelle ; mais bel et bien un personnage majeur de l'histoire. Si le conflit est rude pour les soldats, 750 000 ont été tués entre 1861 et 1865, il l'est peut-être plus encore pour les civils. T aylor B rown montre bien que la guerre est essentiellement une mécanique qui s'émancipe des causes et des raisons de sa venue pour ne viser que sa propre survie, au travers d’exactions dénuées de raisons, hormis

Arlington Road [Mark Pellington / Jeff Bridges / Tim Robbins]

Écrit par le scénariste E hren K ruger, « Arlington Road » s'inspirerait notamment de l'attentat perpétré quatre ans avant la sortie du film, par T imothy M c V eigh, à Oklahoma City .             Nonobstant cette supposée inspiration, le film de M ark P ellington est surtout une belle mécanique paranoïaque. Pendant presque deux heures il souffle le chaud et le froid sur la personnalité de deux voisins, devenus amis dans des circonstances qui auraient pu être tragiques. L'un des plus beaux tours de force du film est sûrement le moment où Michael Faraday ( J eff B ridges) explique les tenants et les aboutissants de la mort de sa femme, alors agent du FBI, à ses élèves. Si jamais vous deviez être la victime du Fusil de Tchekhov™ à ce moment-là comme je l'ai été, difficile de ne pas appliquer la morale de ce désastre, à ce que ce veuf va finir par vivre lui-même. Brillant ! T im R obbins & J oan C usak campent de leur côté un couple particulièrement dérangeant, à la

Mort avec retour [Brad Meltzer / Emmanuel Pailler]

« Il n’y a qu’une seule bonne intrigue : les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être. » J im T hompson dixit !             Relire Identity Crisis [ Pour en savoir + ] de B rad M eltzer m’a permis de constater qu’un de ses romans, « Mort avec retour », traduit en 2009 par E mmanuel P ailler, était passé sous mon radar. Il s’agit d’un thriller qui se passe dans l’entourage proche d’un président (fictif) des États-Unis.             « Dans six minutes, l’un de nous serait mort. Tel était notre destin. Nous ne nous doutions de rien l’un et l’autre ». C’est par ces trois phrases, dignent d'une accroche de tabloïd a sensations, que débute une intrigue qui prendra presque 450 pages à aboutir. Sans qu'on les voit vraiment passer.             Avec ce sixième roman B rad M eltzer a visiblement acquis la pleine maîtrise dans l’art de l’angoisse et de l’impatience. Certes, il faut faire des concessions et vouloir jouer le jeu, mais le résultat en vaut largement la chandelle.  

The Hunt [Craig Zobel / Nick Mancuse / Damon Lindelof / Betty Gilpin]

« ─ Ici, dans ma réserve, sur cette île, je chasse un gibier plus dangereux. », général Zaroff (traduit par J os R as)             L’inattendu et le film d’exploitation ne riment pas souvent de conserve. Surtout si l’on marche sur les brisées des chasses du comte Zaroff , et de ses nombreux, et parfois talentueux, épigones. « The Hunt » produit par Blumhouse © penche pour une ironie branchée à laquelle il est, aujourd’hui, difficile d’échapper. Revers de la médaille, son originalité donne finalement l’impression qu'on subit plusieurs interventions du cerveau en le regardant.             Le scénario, écrit par N ick M ancuse & D amon L indelof, flatte (à première vue) la pensée dite réactionnaire en faisant de ses partisans des victimes, et inverse la relation de cause à effet pour un résultat donc : inattendu. « The Hunt » apparaît au premier abord comme un survival manufacturé dans la plus pure tradition du genre.             Relativement court selon les standards en vigu

Migration [Jamie Sawyer / Florence Bury]

La Sf militaire est quasiment inscrite dans l’ADN du space opera . L’un des premiers du genre (alors que ledit genre n’avait pas encore vraiment de nom), La Guerre des mondes de H . G . W ells, et sa revanche Edison’s Conquest of Mars de G arrett S erviss, parus la même année -1898- en sont deux exemples frappants.             N’importe quel lecteur de science-fiction sait que le terme même de « space opera » a d’abord désigné un reproche adressé à une certaine Sf, reposant sur une formule. Laquelle transposait alors l’idéalisme de la Frontière, autrement dit la conquête de l’Ouest, dans l’espace. W ilson T ucker, s’inspire d’ailleurs, selon L eslie F iedler, du terme « horse opera » pour créer le sien en 1941. Un vocable qui désignait une catégorie de westerns remplis de clichés et reposant sur une « formule » ; rythmés -parfois- d'intermèdes musicaux et chantés. D'où la présence du mot « opera ». Et bien sûr du « soap opera », quintessence du récit formulaire.        

Witch Hammer [Cullen Bunn / Dalibor Talajic]

AfterShock™ est un éditeur assez récemment arrivé sur le marché américain de la bande dessinée (2015). Il a su rallier des auteurs confirmés, et il préfère visiblement privilégier les mini-séries. Autre point à signaler, il n'a pas créé d'univers partagé, et les super-héros ne sont pas majoritaires dans son écurie.             « Witch Hammer », écrit par C ullen B unn, et dessiné par D alibor T alajić inaugure chez cet éditeur une nouvelle ligne, constituée de graphic novels . Ce qui correspond de ce côté-ci de l' Atlantique à ce qu'on appelle des albums. En l’occurrence, 64 pages sous une couverture rigide au prix de $19,99.             C ullen B unn est un scénariste extrêmement prolifique, qui semble avoir comme point d'honneur d'être publié par tous les éditeurs étasuniens. En France on a pu lire son excellent western fantastique intitulé The Sixth Gu n . Malheureusement « Witch Hammer » n'est pas de la même trempe. Pour le dire simplement, et avec dé

Le Livre de M [Peng Shepherd / Anne-Sylvie Homassel]

« Pour Ory, la fin du monde commença avec un cerf. »             Roman Fantastique en tant qu'il introduit un élément surnaturel dans un quotidien ordinaire, et qui oublie peu à peu qu'il en est un pour devenir un récit de Fantasy catastrophe. Road trip étasunien, nonobstant un détour par l' Inde où P eng S hepherd paye son dû au « zero shadow day ». Un événement rarissime, et surtout l'étincelle indispensable pour que sa fascination pour les ombres se transforme en une love story à l'épreuve d'une épidémie à nulle autre pareille.              « Le Livre de M » est un roman à quatre voix, soutenu par un chœur de personnages indispensables. Roman un peu trop long par moment, mais qui compense ses quelques baisses de rythme par son originalité. Déroutant (sans jeu de mots), « Le Livre de M » nécessite la franche adhésion de celles & ceux qui en tenteront l'aventure. La jeune autrice multiplie en effet les coïncidences bienvenues, et développe un symp

Identity Crisis [Brad Meltzer / Rags Morales]

La mémoire travaille parfois de façon étonnante.             J’étais en train de regarder Treize jours , le film de D onaldson avec K evin C ostner, lorsque je me suis mis à penser à B rad M eltzer. Un auteur de thrillers , dont j’ai le souvenir ( ?) qu’on lisait, en quatrième de couverture de ses livres, qu’il avait travaillé pour la Maison Blanche !? (D’où l’association d’idées). Un romancier qui dans ses ouvrages faisaient des clins d’œil à la BD américaine de super-héros au travers du patronyme de ses personnages, et qui s’est finalement retrouvé à en écrire.             Notamment « Identity Crisis » une mini-série en sept parties, parue mensuellement de juin à décembre 2004, et que pour ma part j’avais beaucoup appréciée à sa sortie. Mais qui je crois, avait fait l’objet de beaucoup de mécontentement.             « Identity Crisis » est une enquête dans la plus pure tradition du « whodunit » : Un personnage est assassiné, une enquête est diligentée (ici par plusieurs super-héro

Heroes in Crisis [Tom King / Clay Man]

J'y ai cru pourtant.             Le « whodunit » est un sous-genre suffisamment balisé pour que n'importe quel scénariste, même en la jouant petit bras, s'en sorte. Je ne demandais pas à T om K ing de nous refaire un coup d'éclat à la A gatha C hristie comme avec Le meurtre de Roger Ackroyd . Cela dit, il a peut-être écrit un chef-d’œuvre, puisque je n'ai toujours pas compris l'épilogue. Quid du coupable ? Des victimes ? En neuf numéros il y avait pourtant la place d'expliquer, et surtout de conclure plus clairement. Sans parler des circonstances qui l'on amené à cette situation. Difficile en effet de croire que ce personnage en soit arrivé à de telles extrémités.             Bref ce n'est pourtant pas si mauvais que ça, grâce aux dessins de C lay M an et à la colorisation de T omeu M orey. Dès que le dessinateur s'absente la différence est frappante. C lay M an est capable de rendre intéressantes même des planches de confession façon gaufrier

Harrison Harrison [Daryl Gregory / Laurent Philibert-Caillat / Nicolas Fructus]

Victime consentante de l'envahissant imaginaire made in Providence , D aryl G regory s'en tire avec le brio que ses romans, précédemment publiés en France ,   annonçaient.                         S'il est notoire que D aryl G regory a voulu écrire une histoire de L ovecraft, effrayante et amusante, pour son fils lorsqu’il avait 12 ans. L’auteur précise cependant que ce dernier était déjà un lecteur aguerri de L ovecraft, et qu’il en connaissait plus que son père sur l’auteur en question.             Or donc, même si vous avez dépassé l'âge de la puberté depuis belle lurette, « Harrison Harrison » ne devrait pas vous terrifier pour la raison qu'il s'adresserait, en priorité, aux jeunes lecteurs. Puisque ce n'est pas le cas. « Harrison Harrison », comme son titre l'indique est une aventure de jeunesse du Harrison Harrison croisé dans Nous allons tous très bien, merci [ Pour en savoir + ]; également publié aux éditions Le Bélial' © . Cette éditio

Drone [Neal Asher / Patrick Imbert]

« Drone », deuxième roman dans la chronologie interne du cycle de N eal A sher, nommé Polity ; a été écrit 6 ans après L'Écorcheur [ Pour en savoir + ]. Qui lui s'insère en 15 ème position. Une cuisine interne dont on peut se passer, puisque ces deux romans, les seuls du cycle en question à avoir traversé la Manche , peuvent se lire de façon tout à fait autonome.              On y suit donc les premiers pas de Ian Cormac , dit Cormac , entre ses déboires de grenadier-voltigeur et son infiltration, puis sa cooptation dans une unité d'élite. J'en dit peut-être beaucoup sur le contenu, mais un roman qui porte en sous-titre le nom de son personnage principal, en dit tout autant sur sa destinée. D'autant que « Drone » inaugure un sous-cycle de 5 romans qui lui sont consacrés.             « Drone » est donc un roman de Sf militaire, Cormac y est un agent de la SCT © , la Sécurité Centrale Terrienne. Mais il s'intéresse aussi à l'enfance du héros, avec pour