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Articles

Affichage des articles du septembre, 2019

Les Sauvages [Rebecca Zlotowski / Sabri Louatah]

J'ai regardé le premier épisode de cette toute nouvelle série, laquelle braconne du côté de la politique fiction et de la fresque familiale. « Politiquement incorrect » cet épisode, sur les six de la saison, pose plusieurs enjeux d'envergure grâce à une distribution de toute beauté.  R oschdy Z em, celui pour qui j'ai tenté l'aventure, est pour le coup un peu en retrait. Il incarne un candidat à une présidentielle anticipée. M arina F oïs s'occupe de sa sécurité rapprochée, et est impériale. Et si le reste du casting m'est quasi inconnu, chacun joue sa partition avec beaucoup de brio et d'énergie. Aidé en cela par la réalisatrice, R ebecca Z lotowski, qui donne dans cet épisode une très belle leçon de suspense. En plus de prendre un sacré risque du point de vue de la « bien-pensance » actuelle. Très courageux. Entre toutes ces belles idées, celle d'organiser une partie de l'intrigue en province, à Saint-Étienne , fief du scénariste et aut

Abimagique [Lucius Shepard / Jean-Daniel Brèque / Aurélien Police]

Si la brève postface de l'ouvrage, rédigée par l'auteur lui-même d' Abimagique , vaut à elle seule l'achat de ce nouveau volume de la collection Une Heure-Lumière™, le récit qui s'intéresse au personnage éponyme n'est pas pour autant à négliger. Au contraire. Traduit par J ean- D aniel B rèque, dont je crois savoir qu'il est un amateur passionné de L ucius S hepard, Abimagique est un texte, qui selon moi, relève du « thriller métaphysique », selon la définition qu'en donnent P atricia M erivales & S uzanne E lizabeth S weeney. Mâtiné ici d'une contrainte quasi oulipienne : une narration à la deuxième personne du singulier (dont ceux qui liront la postface en question, connaîtront l'importance dans le processus créatif dudit texte).        Le narrateur, sorte de  « détective malgré lui », fait de son récit une forme postmoderne du récit policier classique (une des définition possible du « thriller métaphysique » ), lequel questionne

Un chœur d'enfants maudits [Tom Piccirilli / Michelle Charrier]

Proposé sous la forme d'un inédit, dans la collection « Folio SF », Un chœur d'enfants maudits ne ressortit pourtant pas de cette catégorie. Le roman de T om P iccirilli (1965-2015), si je devais le classer, prendrait place dans ce qu'on appelle plus communément le « réalisme magique ». Autrement dit, un récit où le surgissement de l'irrationnel, ou de l'extraordinaire, n'y est pas appréhendé sous le mode du conflit frontal entre la réalité habituellement admise et quelque chose qui la nie.  En d'autres termes, le « réalisme magique » propose une vision du réel élargie à des aspects habituellement récusés par la raison.  Sans pour autant être de la fantasy . « En tout cas gamin, t'es plus cinglé qu'trois chats dans une essoreuse, ça c'est sûr. » Mâtiné d'une enquête policière farfelue, mais considérée avec le plus grand sérieux, Un chœur d'enfants maudits est surtout un petit guide touristique de Kingdome Come , une ville du «

Acadie [Dave Hutchinson / Mathieu Prioux / Aurélien Police]

« Acadie », vingtième tome de la collection Une Heure-Lumière™ de l'éditeur Le Bélial' , est comme il se doit un texte court, et la première publication, en français (grâce à M athieu P rioux), du britannique D ave H utchinson. C'est aussi une histoire dont il est difficile de parler à quelqu'un qui ne l'aurait pas lue, et qui serait tenter de le faire, sans la lui gâcher. Dire qu'elle est l'une de mes préférées de ladite collection, n'avancerait pas non plus le Schmilblick © .  Il ne me reste plus qu'à suggérer que cette novella est l'une de ces histoires qui ressemblent autant à un tour de prestidigitation qu'à un épisode de la Twilight Zone © , écrit par un M . N ight S hyamalan à qui l'on aurait greffé une sérieuse dose d'humour. Et que pour la somme de 8,90 € vous pouvez vous faire votre propre opinion, et que ça les vaut largement. Existe aussi en numérique (4,99 €).

Umbrella Academy t3 [Hôtel Oblivion]

G abriel B á est de ces dessinateurs qui rendraient captivant un annuaire téléphonique, si on lui demandait d'en tirer une BD.  Dans ce nouveau recueil de l' Umbrella Academy , commercialisé par Delcourt et traduit par J érôme W icky, il bénéficie des magnifiques couleurs de N ick F ilardi (en remplacement de D ave S tewart).  Et si j'en crois le paratexte, de la direction artistique de G erard W ay sur une bonne partie des personnages.  Quant au scénario, « L'Hôtel de l'oubli » en fait l'impasse.  En effet, les 7 numéros originaux, découpés en autant de chapitres, amalgament des scènes plus ou moins longues, concernant les différents personnages principaux. Lesquelles peinent à raconter quoi que ce soit d'intéressant. Et de concerté.  « L'Hôtel de l'oubli » est une métaphysique du concave, (heureusement) transcendée par le talent de son dessinateur et de son coloriste. La forme prend ici définitivement le pas sur le fond, et comme n

Breach [Bob Harras / Marcos Martin]

Brève série de 11 numéros, Breach à l'immense avantage de pourvoir être lue sans connaissances préalables de ce qu'il est plus ou moins convenu d'appeler l'univers DC Comics . Envisagé comme une relance de Captain Atom , un personnage qui a notamment fait partie de l'écurie Charlton et a servi de modèle au Dr Manhattan , le personnage éponyme endossera finalement les atours du nouveau venu.  Création de B ob H arras et de M arcos M artin, cette pourtant excellente série n'a visiblement pas été très soutenue par l'éditeur et, conséquences inévitables, n'a pas trouvé son lectorat . Je fais d'ailleurs partie de ceux qui sont passés totalement à coté. Sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, Breach mérite pourtant qu'on lui prête attention.         Le premier numéro, de 28 planches ( extra-sized ) donne d'ailleurs immédiatement le ton. Plongé directement dans l'action, le lecteur découvre que l'articulation de la série se

Le Charlatan [W. L. Gresham / Denise Nast]

La lecture de LE CHARLATAN, publié en 1946 aux États-Unis , ne laisse aucun doute sur la proximité des centres d'intérêt que peuvent entretenir G uillermo del T oro et W illiam L indsay G resham, l'auteur dudit roman.  R on P erlman, l'acteur fétiche du cinéaste mexicain, devait s'en douter lorsqu'il le lui a offert en 1992.        En effet la première partie de l'histoire se déroule au sein d'une fête foraine itinérante, de celles qui vivotaient en faisant commerce de monstres humains et de prédictions astrologiques.  Le roman lui-même est divisé 22 chapitres, chacun illustré par un arcane majeur du Tarot.  L'autre partie du roman s'attache surtout à la carrière du « mentaliste » Stanton Carlisle , ex-forain du cirque ambulant, dont G resham nous a raconté l'apprentissage au début du livre.  Reste que LE CHARLATAN est surtout un « roman noir », dans la très belle acception qu'en a donnée T homas N arcejac : « la vie ne serait en défi

Les Mensonges de Locke Lamora [Scott Lynch / Karim Chergui]

Premier tome d'une série intitulée « Les salauds gentilshommes », du nom d'une des bandes de voleurs opérant dans la ville de Camorr , « Les Mensonges de Locke Lamora » ressortit à la catégorie de la « crapule fantasy », comme peut l'être « Le baiser du rasoir » [ Pour en savoir + ] de D aniel P olansky.  Ou pour reprendre les mots de S cott L ynch lui-même, de la « fantasy criminelle ».  Un genre de roman qui met souvent en scène au moins un pícaro, et se concentre principalement sur ses aventures. Autrement dit un personnage amoral, dont les modèles seraient pour les plus célèbres : Sinbad , Han Solo , Joe Erin [ Pour en savoir + ] ou encore Renart le goupil (liste non exhaustive). « Alors, bouffe du chanvre et chie des cordes .... » La couverture de Benjamin Carré Personnage qui vit en marge, son nom signifie à la fois « miséreux » et « futé  », le pícaro apparait dès la fin du XVI ème siècle dans la littérature espagnole et est rapidement décliné

L'Agent t1 [Mathieu Gabella / Fernando Dagnino]

Commercialisé par la maison d'édition Glénat , dans sa toute nouvelle collection intitulée « Grindhouse Stories™ » au prix de 19,95 euros, le premier tome de « L'Agent » est l’œuvre conjointe du scénariste M athieu G abella, du dessinateur F ernando D agnino & du coloriste C arlos M orote.        Dans la préface de « Initiation » , titre programatique de cette première aventure, M athieu G abella explique son projet : la conjugaison du monde du renseignement et celui de la sorcellerie. Pour cette dernière, comme le précise le scénariste, il ne s'agit pas d'inviter les élèves de Poudlard ou bien le docteur Strange , mais d'explorer la sorcellerie plus terre-à-terre des rebouteux, du marc de café et du mauvais œil.   Bref, de l'inquiétante étrangeté de proximité. Quand bien même ces superstitions régionales se trouveraient-elles aux antipodes du théâtre des opérations hexagonal de nos deux agents. Et de ce point de vue là, la bonne centaine de page