Accéder au contenu principal

Abimagique [Lucius Shepard / Jean-Daniel Brèque / Aurélien Police]

Si la brève postface de l'ouvrage, rédigée par l'auteur lui-même d'Abimagique, vaut à elle seule l'achat de ce nouveau volume de la collection Une Heure-Lumière™, le récit qui s'intéresse au personnage éponyme n'est pas pour autant à négliger.
Au contraire.
Traduit par Jean-Daniel Brèque, dont je crois savoir qu'il est un amateur passionné de Lucius Shepard, Abimagique est un texte, qui selon moi, relève du « thriller métaphysique », selon la définition qu'en donnent Patricia Merivales & Suzanne Elizabeth Sweeney. Mâtiné ici d'une contrainte quasi oulipienne : une narration à la deuxième personne du singulier (dont ceux qui liront la postface en question, connaîtront l'importance dans le processus créatif dudit texte).

       Le narrateur, sorte de  « détective malgré lui », fait de son récit une forme postmoderne du récit policier classique (une des définition possible du « thriller métaphysique »), lequel questionne la formation du monde et la place de l'être (au sens philosophie) en son sein. En une petite centaine de pages, un joli tour de force :
Et cela, au travers d'une enquête qui détourne et parodie les codes du récits policier traditionnel.

Si la contrainte oulipienne intensifie l'expérience de lecture, à l’anxiété croissante ; elle créée aussi, et surtout, grâce aux limites qu'imposent son point de vue, une zone d'incertitude qui interroge la nature même du discours fictionnel.
Le narrateur a-t-il découvert quelque chose, ou l'a-t-il imaginé ?

L'absence de clôture narrative (élément quasi consubstantiel au « thriller métaphysique ») achève d'accentuer la reconnaissance de son ignorance (et par extension, la notre).


       Abimagique est un récit particulièrement réussi, dont la brièveté en est le gage, mais aussi sa condition incontournable.  
Aurélien Police, dont le talent crève paradoxalement les yeux, signe sûrement ici l'une de ses plus belles couvertures. 
Un sans-faute pour ce vingt-deuxième numéros d'une collection, décidément incontournable. (Lequel cite, soit dit en passant, l'excellente série de bande dessinée Promethea d'Alan Moore).

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'...

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" (...

Le KU KLUX KLAN (3)

... Quelque soit son véritable poids idéologique ou même politique aujourd'hui, le Ku Klux Klan a déteint sur la culture de masse ; qui n'a pas entendu parler de la célèbre marque de cigarettes  Marlboro et des trois "K" présents sur son paquet, d'un homme qui en regarde un autre pendu (dont on ne verrait que les jambes), et sur la troisième image : la silhouette d'un Klansman ...  (liste non-exhaustive) . Marlboro n'est d'ailleurs pas la seule marque de cigarettes à avoir eu droit à des investigations sur la signification du design de son paquet de cigarette, Camel aussi. Dés les débuts du Klan , le bruit court que ces cavaliers "surgis hors de la nuit" sont les fantômes des soldats Confédérés morts au combat, des soldats qui ayant vendu leur âme au Diable sont de retour ici-bas et annoncent l'Apocalypse. Le nom même du groupuscule a longtemps était entendu comme le bruit que fait la culasse d'un fusil lorsqu'on l...