Accéder au contenu principal

L'Agent t1 [Mathieu Gabella / Fernando Dagnino]

Commercialisé par la maison d'édition Glénat, dans sa toute nouvelle collection intitulée « Grindhouse Stories™ » au prix de 19,95 euros, le premier tome de « L'Agent » est l’œuvre conjointe du scénariste Mathieu Gabella, du dessinateur Fernando Dagnino & du coloriste Carlos Morote.
       Dans la préface de « Initiation », titre programatique de cette première aventure, Mathieu Gabella explique son projet : la conjugaison du monde du renseignement et celui de la sorcellerie. Pour cette dernière, comme le précise le scénariste, il ne s'agit pas d'inviter les élèves de Poudlard ou bien le docteur Strange, mais d'explorer la sorcellerie plus terre-à-terre des rebouteux, du marc de café et du mauvais œil.  
Bref, de l'inquiétante étrangeté de proximité.

Quand bien même ces superstitions régionales se trouveraient-elles aux antipodes du théâtre des opérations hexagonal de nos deux agents.
Et de ce point de vue là, la bonne centaine de pages de « Initiation » remplit sa mission en tant qu'elle initie aussi le lecteur au projet, plutôt original, de cette série.
Gabella, Dagnino & Morote proposent une histoire roborative, à laquelle s'ajoute astucieusement quelques amorces de pistes (très) prometteuses. 
En plus d'une bonne histoire donc, l'album propose des entretiens avec l'équipe créative (sauf le lettreur, à savoir le Studio Makma), et une présentation générale de la collection.  
Un descriptif qui regrette que le lissage hollywoodien des récents blockbusters nous fasse oublier d'où vient la « pop culture » dont ils se revendiquent.
Une façon d'affirmer pour cette collection une légitimité que n'auraient justement pas lesdits blockbusters. Certes !

Encore faudrait-il que cette profession de foi n'oublie pas que les grindhouses en question, étaient des cinémas où l'on projetait des films d'exploitation.
Ce qu'elle précise par ailleurs, mais en passant sous silence  que le but de ces films, aux sujets essentiellement racoleurs, était de dégager des marges sonnantes et trébuchantes substantielles. 
En faire un genre à part entière me paraît un peu illusoire, alors même que ce cinéma-là justement, brassait tous les mauvais genres.

Pas plus qu'il ne faudrait oublier que le terme est revenu à la mode grâce à Quentin Tarantino, un cinéaste qui a plus à voir avec « la politique des auteurs » made in Nouvelle vague© qu'avec les cinémas de quartier exploitant un cinéma marginal, indépendant, underground, voire punk, pour reprendre l'énumération du manifeste. 
Bon, ce n'est pas non plus comme si le reste du contenu auto-promotionnel faisait preuve de beaucoup rigueur.
Ainsi peut-on lire qu'il y aurait eu des « comics pulp », ce dernier terme, lui aussi remis au goût du jour par Tarantino, est décidément mis à toutes les sauces. Ce coup-ci, il désigne selon le rédacteur du panégyrique dédié à la collection, EC Comics et Mad. Oubliant  a priori, que le second est un magazine du premier, qui était une maison d'édition. 
Et que les comics et les pulp sont deux médias quasi antinomiques.        
Bref un salmigondis en recherche de quartiers de noblesse « pop et indé » assez triste à lire.
Mais malheureusement assez représentatif de la vague d'infox (fake news) dont nous sommes victimes, où l'ignorance se dispute (sic) souvent avec l'incurie.
Comme si la qualité des albums de cette collection ne suffisait pas à assoir sa renommée avec le temps.
Alors que justement, « Initiation »,  est un premier tome tout ce qu'il y a de réussi, et surtout d'encourageant pour la suite de la série.  

Commentaires

  1. j' ai découvert en replay canal + chez mon frère la série NOX. j' y ai personnellement vu un hommage contemporain aux séries à l' ancienne genre " les mystères de paris " matinée intelligemment d' internet et autres avatars contemporains.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich