Brève série de 11 numéros, Breach à l'immense avantage de pourvoir être lue sans connaissances préalables de ce qu'il est plus ou moins convenu d'appeler l'univers DC Comics. Envisagé comme une relance de Captain Atom, un personnage qui a notamment fait partie de l'écurie Charlton et a servi de modèle au Dr Manhattan, le personnage éponyme endossera finalement les atours du nouveau venu.
Création de Bob Harras et de Marcos Martin, cette pourtant excellente série n'a visiblement pas été très soutenue par l'éditeur et, conséquences inévitables, n'a pas trouvé son lectorat. Je fais d'ailleurs partie de ceux qui sont passés totalement à coté.
Sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, Breach mérite pourtant qu'on lui prête attention.
Le premier numéro, de 28 planches (extra-sized) donne d'ailleurs immédiatement le ton.
Plongé directement dans l'action, le lecteur découvre que l'articulation de la série se fera au travers d'un flash-back, technique d'immersion souvent très payante.
Mais surtout ce qui frappe immédiatement, c'est le travail de mise en récit de Marcos Martin. Et si le scénariste Bob Harras ne démérite pas, au contraire même, Marcos Martin fait feu de tout bois et marque de son empreinte les neuf nuéros qu'il dessine.
Soutenu dans son travail par ses collaborateurs, Alvaro Lopez à l'encrage et Javier Rodriguez à la colorisation. Laquelle tranche également par la chaleur de ses tons et l'amplitude de sa palette.
C'est grâce à son editor sur « Batgirl Year One », Matt Idelson, que Marcos Martin se retrouve sur cete série, écrite par Bob Harras, dans le « style Marvel ».
Une manière d'écrire,dont la caractéristique principale est que le scénariste revient mettre les dialogues, après que le dessinateur ait terminé sa planche. Qu'il a dessiné en suivant les consignes du scénario.
Cette manière d'écrire, créée et popularisée par Stan Lee, a la particularité de donner une plus grande liberté au dessinateur en le laissant gérer le rythme et la conception de la planche. Le « style Marvel » a acquis ses lettres de noblesse avec des individus de la trempe de Jack Kirby et de Steve Ditko, et une rumeur tenace voulant que Lee esquissait ses scénarios en quelques phrases, laissant à ses dessinateurs tout le loisir de créer autour, parfois à partir d'une simple idée.
Mais Marcos Martin ne voyait pas les choses sous cet angle.
Pour lui, puisqu'il était le dernier à travailler sur la planche, le scénariste gardait le contrôle, et pouvait, grâce aux dialogues, modifier son sens.
En plus de ça, Martin, est comme on peut le voir sur les planches proposées ici en illustration, quelqu'un de méticuleux, dont le travail n'est pas simplement d'illustrer du texte, mais bien de raconter une histoire en images.
Il a donc proposer son editor de faire la mise en page, de la renvoyer à Bob Harras pour qu'il y écrive les dialogues, puis de la retravailler en fonction de ce qu'avait imaginé le scénariste en la matière. Pendant que Harras écrivait les dialogues d'une planche, Martin faisait la mise ne page de la suivante. Et ainsi de suite.
Un long processus mis en place un an avant la sortie du premier numéro. Ce qui est plutôt exceptionnel à ma connaissance.
Ce qui ne l'a pas empêché d'être remplacé sur deux numéros (les #9 & 10) par Javier Pulido.
Mais le jeu en valait largement la chandelle, tant cette série sort véritablement du lot.
D'autant que Bob Harras fait de son personnage, une sorte de héros cornélien, évoluant dans une ambiance paranoïaque à la « X-Files ». Ainsi, Breach se trouve-il confronté à des dilemmes (forcément) insurmontables. Bob Harras « choisit les cas où s’exprime la grandeur de la volonté tendue contre les sollicitations du dedans et les pressions du dehors ». Cornélien donc ! Et d'une efficacité redoutable.
Les récitatifs et les dialogues de Bob Harras ont d'autant plus d'impact que Marco Martin réajuste son storytelling par rapport à eux. Conférant à la série la vitesse de lecture optimum.
Cela dit toutes ses qualités n'empêcheront pas l'annulation de la série au numéro 11, alors qu'il avait été prévu dans publier au moins 12. Et malgré tout le talent dont fait preuve l'équipe créative, ce dernier numéro n'est pas totalement satisfaisant.
On dirait presque qu'il a été modifier en hâte. Alors même que Marcos Martin disposait pourtant de beaucoup d'avance sur le planning.
Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre que son remplacement, par Javier Pulido, avait pour finalité de modifier, justement, ce onzième et dernier numéro !
Breach termine donc assez tristement son parcours, alors même qu'elle apportait un ton particulier à la production maison. Bob Harras, scénariste que je ne connais pas très bien, et qui a longtemps travaillé chez Marvel, au point d'en devenir l'editor-in-chief pendant 5 ans, réalise ici une très chouette série, à laquelle il n'aura pas manqué grand chose pour être totalement mémorable.
Sûrement pas l'artiste idéal en tout cas. Marcos Martin y apporte en effet tout son talent, que ses travaux ultérieurs n'ont cessé de confirmer.
L'idée de me lancer dans cette lecture m'a été soufflée par l'article de Xavier Lancel, paru dans le 89ème numéro de SCARCE [Pour en savoir +], qui consacre au dessinateur ibérique un fort intéressant dossier. Dans sa propre recenssion de la série, Xavier Lancel, qui connaît mieux Bob Harras que moi, avance des idées très intéressantes sur ce qui est dit dans Breach par rapport au propre parcours professionel de Harras.
Or donc, malgré sa fin trop tôt survenue Breach est une série de qualité, qu'on aurait bien tort de négliger.
Création de Bob Harras et de Marcos Martin, cette pourtant excellente série n'a visiblement pas été très soutenue par l'éditeur et, conséquences inévitables, n'a pas trouvé son lectorat. Je fais d'ailleurs partie de ceux qui sont passés totalement à coté.
Sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, Breach mérite pourtant qu'on lui prête attention.
Le premier numéro, de 28 planches (extra-sized) donne d'ailleurs immédiatement le ton.
Plongé directement dans l'action, le lecteur découvre que l'articulation de la série se fera au travers d'un flash-back, technique d'immersion souvent très payante.
Mais surtout ce qui frappe immédiatement, c'est le travail de mise en récit de Marcos Martin. Et si le scénariste Bob Harras ne démérite pas, au contraire même, Marcos Martin fait feu de tout bois et marque de son empreinte les neuf nuéros qu'il dessine.
Soutenu dans son travail par ses collaborateurs, Alvaro Lopez à l'encrage et Javier Rodriguez à la colorisation. Laquelle tranche également par la chaleur de ses tons et l'amplitude de sa palette.
C'est grâce à son editor sur « Batgirl Year One », Matt Idelson, que Marcos Martin se retrouve sur cete série, écrite par Bob Harras, dans le « style Marvel ».
Une manière d'écrire,dont la caractéristique principale est que le scénariste revient mettre les dialogues, après que le dessinateur ait terminé sa planche. Qu'il a dessiné en suivant les consignes du scénario.
Cette manière d'écrire, créée et popularisée par Stan Lee, a la particularité de donner une plus grande liberté au dessinateur en le laissant gérer le rythme et la conception de la planche. Le « style Marvel » a acquis ses lettres de noblesse avec des individus de la trempe de Jack Kirby et de Steve Ditko, et une rumeur tenace voulant que Lee esquissait ses scénarios en quelques phrases, laissant à ses dessinateurs tout le loisir de créer autour, parfois à partir d'une simple idée.
Mais Marcos Martin ne voyait pas les choses sous cet angle.
Pour lui, puisqu'il était le dernier à travailler sur la planche, le scénariste gardait le contrôle, et pouvait, grâce aux dialogues, modifier son sens.
En plus de ça, Martin, est comme on peut le voir sur les planches proposées ici en illustration, quelqu'un de méticuleux, dont le travail n'est pas simplement d'illustrer du texte, mais bien de raconter une histoire en images.
Il a donc proposer son editor de faire la mise en page, de la renvoyer à Bob Harras pour qu'il y écrive les dialogues, puis de la retravailler en fonction de ce qu'avait imaginé le scénariste en la matière. Pendant que Harras écrivait les dialogues d'une planche, Martin faisait la mise ne page de la suivante. Et ainsi de suite.
Un long processus mis en place un an avant la sortie du premier numéro. Ce qui est plutôt exceptionnel à ma connaissance.
Ce qui ne l'a pas empêché d'être remplacé sur deux numéros (les #9 & 10) par Javier Pulido.
Mais le jeu en valait largement la chandelle, tant cette série sort véritablement du lot.
D'autant que Bob Harras fait de son personnage, une sorte de héros cornélien, évoluant dans une ambiance paranoïaque à la « X-Files ». Ainsi, Breach se trouve-il confronté à des dilemmes (forcément) insurmontables. Bob Harras « choisit les cas où s’exprime la grandeur de la volonté tendue contre les sollicitations du dedans et les pressions du dehors ». Cornélien donc ! Et d'une efficacité redoutable.
Les récitatifs et les dialogues de Bob Harras ont d'autant plus d'impact que Marco Martin réajuste son storytelling par rapport à eux. Conférant à la série la vitesse de lecture optimum.
Cela dit toutes ses qualités n'empêcheront pas l'annulation de la série au numéro 11, alors qu'il avait été prévu dans publier au moins 12. Et malgré tout le talent dont fait preuve l'équipe créative, ce dernier numéro n'est pas totalement satisfaisant.
On dirait presque qu'il a été modifier en hâte. Alors même que Marcos Martin disposait pourtant de beaucoup d'avance sur le planning.
Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre que son remplacement, par Javier Pulido, avait pour finalité de modifier, justement, ce onzième et dernier numéro !
Breach termine donc assez tristement son parcours, alors même qu'elle apportait un ton particulier à la production maison. Bob Harras, scénariste que je ne connais pas très bien, et qui a longtemps travaillé chez Marvel, au point d'en devenir l'editor-in-chief pendant 5 ans, réalise ici une très chouette série, à laquelle il n'aura pas manqué grand chose pour être totalement mémorable.
Sûrement pas l'artiste idéal en tout cas. Marcos Martin y apporte en effet tout son talent, que ses travaux ultérieurs n'ont cessé de confirmer.
L'idée de me lancer dans cette lecture m'a été soufflée par l'article de Xavier Lancel, paru dans le 89ème numéro de SCARCE [Pour en savoir +], qui consacre au dessinateur ibérique un fort intéressant dossier. Dans sa propre recenssion de la série, Xavier Lancel, qui connaît mieux Bob Harras que moi, avance des idées très intéressantes sur ce qui est dit dans Breach par rapport au propre parcours professionel de Harras.
Or donc, malgré sa fin trop tôt survenue Breach est une série de qualité, qu'on aurait bien tort de négliger.
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