Magnifique idée que d'avoir fait du personnage principal de cette série un croque-mort. Alors même que son rôle est plutôt d'exhumer ce qui a fait de l'Ouest (américain) ce qu'il est aujourd'hui.
Ce troisième tome, écrit par Frédéric Maffre et dessinée par Julien, son frère, est un concentré des ingrédients qui ont été à l’œuvre de la légende.
« L'Ouest, le vrai » met en effet en scène un héros de dime novel, ces fascicule bon marché (une dime valait 10 cents) qui vendaient du rêve à l'Est du pays. Autrement dit sa partie dite civilisée.
Dire que les dime novels ont participé à la conquête de l'Est n'est pas qu'une amusante figure de style.
C'est en effet dans ces revues que par exemple, Buffalo Bill a construit sa légende, et qu'il est ensuite lui-même devenu un bâtisseur au travers de ses spectacles, les célèbres « Wild West Shows ».
Lesquels ont largement servi de modèle aux westerns cinématographiques.
Entendu que le « héros », a toujours besoin d'être médiatisé pour en devenir un.
Ce n'est pas un hasard non plus si cette histoire se situe en 1882.
Historiquement la « Frontière » a pris fin 8 ans plus tard, et Morrison, la ville du Kansas dans laquelle se déroule l'action, est encore une ville de l'entre-deux, une ville de la « Frontière ».
Ce terme, à ne pas confondre avec celui de border, qui lui exprime le même sens que nous donnons à la frontière qui sépare au moins deux pays, est ce qui d'après l'historien F. J. Turner, était l'essence même de l'américanité. Une théorie exprimée lors d'un discours inaugural donné au moment de la Columbian World's Fair de Chicago, en 1893.
Alors même que le spectacle de Buffalo Bill se tenait en bordure de cette manifestation culturelle, et anniversaire.
Plus prosaïquement, la « Frontière » donc, était la zone mouvant se dirigeant inexorablement vers l'Ouest du pays, transformant la sauvagerie (wilderness) en civilisation.
Ni totalement civilisée, ni totalement sauvage ; la « Frontière » c'est la légende qu'a laissé la Conquête de l'Ouest dans l'imaginaire collectif étasunien. Et par extension dans l'imaginaire collectif occidental.
Un entre-deux en passe de devenir diégétique encore en 1882, ce qu'exprime parfaitement cet album. Dont le personnage principal est, comme par hasard, un amateur de livres.
« L'Ouest, le vrai » abat donc avec adresse toutes les cibles de la légende : le pistolero, le(s) duel(s), le bordel, etc., le tout modélisé par la courbe hippocratique cher aux storytellers.
À savoir, d'un commencement où il ne se passe rien ou presque (la bonne santé), à un point culminant (la fièvre maximale), pour terminer par un état incertain où le mal (la maladie) peut être ou non, jugulé. Cette courbe de Gauss™, un schéma narratif quasi incontournable des récits de genre, est modelée sur un comportement biologique commun à toute l’espèce humaine (analysé très tôt par Hippocrate).
Raison certainement pour laquelle il est aussi fiable et populaire.
Mais « L'Ouest, le vrai » est d'abord et avant tout, une excellente histoire dans laquelle Julien & Frédéric Maffre dépassent ce qui structure d'ordinaire la plupart des histoires. Grâce à ces effets de réels, qui cohabitent heureusement avec le romanesque attendu du genre, cet album risque d'en combler plus d'un.
Or donc pas besoin d'être un aficionado de l'Histoire de l'Ouest pour goûter toutes les subtilités de cet excellent western. Ni d'avoir un doctorat en médecine.
Ce troisième tome, écrit par Frédéric Maffre et dessinée par Julien, son frère, est un concentré des ingrédients qui ont été à l’œuvre de la légende.
« L'Ouest, le vrai » met en effet en scène un héros de dime novel, ces fascicule bon marché (une dime valait 10 cents) qui vendaient du rêve à l'Est du pays. Autrement dit sa partie dite civilisée.
Dire que les dime novels ont participé à la conquête de l'Est n'est pas qu'une amusante figure de style.
C'est en effet dans ces revues que par exemple, Buffalo Bill a construit sa légende, et qu'il est ensuite lui-même devenu un bâtisseur au travers de ses spectacles, les célèbres « Wild West Shows ».
Lesquels ont largement servi de modèle aux westerns cinématographiques.
Entendu que le « héros », a toujours besoin d'être médiatisé pour en devenir un.
Ce n'est pas un hasard non plus si cette histoire se situe en 1882.
Historiquement la « Frontière » a pris fin 8 ans plus tard, et Morrison, la ville du Kansas dans laquelle se déroule l'action, est encore une ville de l'entre-deux, une ville de la « Frontière ».
Ce terme, à ne pas confondre avec celui de border, qui lui exprime le même sens que nous donnons à la frontière qui sépare au moins deux pays, est ce qui d'après l'historien F. J. Turner, était l'essence même de l'américanité. Une théorie exprimée lors d'un discours inaugural donné au moment de la Columbian World's Fair de Chicago, en 1893.
Alors même que le spectacle de Buffalo Bill se tenait en bordure de cette manifestation culturelle, et anniversaire.
Plus prosaïquement, la « Frontière » donc, était la zone mouvant se dirigeant inexorablement vers l'Ouest du pays, transformant la sauvagerie (wilderness) en civilisation.
Ni totalement civilisée, ni totalement sauvage ; la « Frontière » c'est la légende qu'a laissé la Conquête de l'Ouest dans l'imaginaire collectif étasunien. Et par extension dans l'imaginaire collectif occidental.
Un entre-deux en passe de devenir diégétique encore en 1882, ce qu'exprime parfaitement cet album. Dont le personnage principal est, comme par hasard, un amateur de livres.
« L'Ouest, le vrai » abat donc avec adresse toutes les cibles de la légende : le pistolero, le(s) duel(s), le bordel, etc., le tout modélisé par la courbe hippocratique cher aux storytellers.
À savoir, d'un commencement où il ne se passe rien ou presque (la bonne santé), à un point culminant (la fièvre maximale), pour terminer par un état incertain où le mal (la maladie) peut être ou non, jugulé. Cette courbe de Gauss™, un schéma narratif quasi incontournable des récits de genre, est modelée sur un comportement biologique commun à toute l’espèce humaine (analysé très tôt par Hippocrate).
Raison certainement pour laquelle il est aussi fiable et populaire.
Mais « L'Ouest, le vrai » est d'abord et avant tout, une excellente histoire dans laquelle Julien & Frédéric Maffre dépassent ce qui structure d'ordinaire la plupart des histoires. Grâce à ces effets de réels, qui cohabitent heureusement avec le romanesque attendu du genre, cet album risque d'en combler plus d'un.
Or donc pas besoin d'être un aficionado de l'Histoire de l'Ouest pour goûter toutes les subtilités de cet excellent western. Ni d'avoir un doctorat en médecine.
Commentaires
Enregistrer un commentaire