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Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de Kathryn Bigelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : Sean Penn, Javier Bardem, Denzel Washington. Et même Tom Hanks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs, et d'autres noms circulent (Channing Tatum ou encore Tom Hardy).
Durant cette période de valses-hésitations, outre Mark Boal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action.
La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay, du Brésil et de l'Argentine, devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d'Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay. Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange de portugais et d'espagnol, pimentée de guarani et d'un soupçon d'anglais. 
Carrefour migratoire, enfant de la géographie et du négoce, la triple frontière est aussi le pays de cocagne des trafics en tout genre ; c'est cet aspect qui, visiblement, intéresse plus particulièrement Mark Boal.
Finalement ce projet cinématographique deviendra celui du réalisateur J. C. Chandor, et le casting se stabilisera autour de la distribution qui occupe l'affiche ci-dessus. Auquel on rajoutera Adria Arjona, photographiée ici en plein entraînement, avec Oscar Isaac. 
Difficile de croire en voyant Triple frontière que Mark Boal a pu, un jour, recevoir un Oscar™ pour l'un de ses scénarios. Ou alors, J. C. Chandor, tout occupé à shooter son long-métrage ne s'est guère embarrassé de raconter une histoire qui tienne debout. Il est en partie excusé, tant la réalisation, la photographie et le montage font de son film un spectacle magnifique. Rien qui ne suffise cependant à en faire le film qu'il aurait pu dû être.   
Une séquence est assez représentative des faiblesses dudit scénario. 
       Ben Affleck, alias Redfly, est présenté par ses partenaires comme un élément indispensable à la réussite de leur plan, et surtout un spécialiste de la reconnaissance tactique. Certes l'idée qu'il soit devenu l'ombre de lui-même est sous-entendu dès les premiers échanges à son sujet.
La goutte qui fera déborder le vase
Et effectivement, nous voyons Redfly, devenu agent immobilier, manquer une vente. Non pas parce que le pavillon qu'il voulait vendre serait top cher, mais bien parce qu'il a raté la reconnaissance des lieux ; autrement dit sa spécialité. 
Et que croyez-vous qu'il advint lorsque l'équipe reconnaitra la propriété de Lorea, le baron de la drogue et cible de ladite équipe ?! 
Rien.  À se demander si Boal & Chandor étaient eux-mêmes conscients des similitudes entre le travail civil de leur personnage et son expérience militaire. Et si la chaine d’événements narratifs ou le basique « pay-in / pay-off » a un sens pour eux.

Or donc, la reconnaissance tactique des lieux, d'un supposé narco-trafiquant au sommet de la chaîne alimentaire, ressemblera à une simple promenade de santé. Et à partir de ce moment, l'intrigue mettra bien consciencieusement ses pas dans tous les faux pas scénaristiques possibles. Les lister entièrement serait bien fastidieux. D'autant que vous ne partagerez pas forcément les mêmes réserves que moi.
Cela dit, même en étant indulgent, on ne peut manquer de se demander pourquoi avoir donné ce titre a un film, qui aurait tout aussi bien se dérouler ailleurs que dans la Triple frontière.

Reste des acteurs sur la bonne fréquence, et un tournant scénaristiques qui nous emmène dans un trek survivaliste inattendu, qui malheureusement ne tiendra pas plus ses promesses que le reste de cette histoire bien trop bancale pour être totalement satisfaisante.  
       Mais Triple frontière est surtout la mise en scène d'un concept philosophique essentiel, mais bien trop souvent ignoré.

En effet le long-métrage de J. C. Chandor met en images, de façon particulièrement convaincante, et ludique, le concept dit de pléonexie ; terme qui vient du grec « pleon », plus, et de « echein », avoir.  
Dany-Robert Dufour, le philosophe qui m'y a initié, explique qu'il signifie « vouloir avoir plus que l'autre ». 
C'est une notion, dit-il, qui vient du cœur de la civilisation occidentale, car identifiée au plus profond de la Grèce antique. La pléonexie relève d'une forme d'hybris, autrement de démesure. D'une recherche de la richesse sans limite, au détriment des autres. 
Un antique notion qui décrit assez bien nos sociétés contemporaines. 
Et qui résume aussi le délire qui se saisira nos pieds nickelés homologués Forces spéciales©, comme il s'était emparé, avant eux, du narco-trafiquant Gabriel Martin Lorea.   

Commentaires

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