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La Mort blanche [Robbie Morrison / Charlie Adlard]

Comme avec le « Capitaine Conan » de Roger Vercel, qui nous rappelait que la Première Guerre mondiale avait eu un « front d’Orient » ; Robbie Morrison & Charlie Adlard inscrivent leur propre histoire sur le front italien, dit encore la 
« guerre des montagnes » ; où l'armée royale italienne combattait alors l’Autriche-Hongrie et l'Allemagne.  
            Le scénariste écossais Robbie Morrison y met en avant la singularité unique de cet affrontement, qui par ailleurs ressemblait fort à la guerre des tranchées qui se déroulait alors en France : l'utilisation des avalanches comme arme par destination. 
« La Mort blanche » titre de l'album, mais aussi surnom donc de ces avalanches déclenchées  pour tuer l'ennemi, suit plus particulièrement Pietro, un soldat italien dont les connaissances alpines seront à l'origine de l'utilisation, par son unité, desdites avalanches, en tant qu'arme de destruction massive. 
            À plus d'un titre, dont celui revendiqué par Pat Mills lui-même, qui fait de « La Mort blanche » un descendant direct de sa propre saga La Grande guerre de Charlie, cette histoire est un récit anti-guerre. 
Louable intention, certes ; mais je ne peux m'empêcher de me demander quel scénariste pourrait être assez fou pour se revendiquer pro-guerre ? ! 
            Ceci étant dit « La Mort blanche » est une formidable histoire , qui finalement échappe à son scénariste.
Car si, comme je l'ai dit, la « guerre des montagnes » y est vue au travers des yeux de Pietro, un très bon personnage ceci dit en passant, Robbie Morrison, peut-être malgré lui (sic), donne à voir un autre personnage, tout aussi extraordinaire, le major Orsini.   
            Et si Orsini est sûrement une synthèse de ce que dénonce Robbie Morrison (et Pat Mills), il a - à mes yeux, tout du personnage que j'aime justement retrouver dans ce type d'histoire.
Les trois pages supplémentaires, dans l'édition 2014 de l'album, achèvent d'ailleurs d'en faire ce que suggère l'histoire proprement dite. C'est bien entendu l'édition que je recommande de lire. 
Je m’aperçois, en écrivant, que le parallèle disons géographique, que je faisais avec le roman de Roger Vercel, est encore plus proche que je ne le croyais s'agissant de la personnalité de Conan et d'Orsini.
Ce dernier, avec sa propre idiosyncrasie bien sûr, est un dur-à-cuire, un guerrier, de la trempe d'un capitaine Conan
            Cet album doit une grande part de son attrait au fantastique travail de Charlie Adlard, qui avait alors opté, artistiquement parlant, pour un mélange de fusain et de craie sur du papier gris, pour donner vie au récit de guerre anti-guerre de Morrison.
Et le résultat est fabuleux. D'autant que le natif de Shrewsburry n'y sacrifie pas sont art du storytelling.    
            « La Mort blanche » plaira donc aux amateurs d'Histoire, en tant que cet album dépeint un aspect peu connu de la Première Guerre mondiale. Il plaira aux anti-guerre « Vous n'aurez pas ma haine ! », l'autre nom des anti-militaristes fragiles qui confondent fiction et réalité ; parce qu'il décrit des situations absurdes et dénonce ce que Paul Valéry avait résumé en une seule phrase : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ». Dont acte ! 
Il plairait enfin, aussi, aux amateurs comme moi, d'aventures viriles, brutales & violentes, grâce au major Orsini.   
            Bref, « La Mort blanche » est, si vous ne l'avez pas encore lu, un album tout ce qu'il y a de plus recommandable.  

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