Accéder au contenu principal

Le temps des barbares [Laurent Obertone]

Si Laurent Obertone admet, sans se faire prier, qu’il n’avait pas dans l’idée d’écrire une suite à son roman intitulé Guerilla2016 (une sorte de 2005 au ²), l’accueil très favorable qu’il a reçu l’a incité à écrire une trilogie, dont le dernier tome vient justement de sortir. 
            Dans le deuxième tome dont il sera question ici, et qui chronique donc l’effondrement du pays, voici venu « Le temps des barbares » : gangs de migrants et de souchiens, Califat, « écorcheurs », archipélisations réduites pour certaines à la quasi individualité, éreintage du « vivre-ensemble » et du Padamalgam™, clins d’œil (un officier de la Légion s’appelle Danjou), etc. Et en filigrane un régime autoritaire (mais bienveillant) aiguise ses arguments - qui ne seront pas que sémantiques, alors que tout manque : électricité, eau courante, carburant. 
Sur un peu plus de 400 pages Obertone égraine - en courts chapitres - la destinée, souvent funeste, de plusieurs personnages. 
            S’il s’agit d’un roman d'anticipation, mais aussi et surtout d'un exercice de conjuration dit lui-même Laurent Obertone de sa trilogie , donc d’abord et avant tout une fiction, certains chapitres, certaines scène s’illustrent pourtant déjà dans notre réalité quotidienne quand bien même le roman en question a été publié il y a déjà trois ans : le campement de Forceval, dernièrement l’assaut de la mairie de Paris par des migrants, ou l’augmentation des tentatives de meurtres contre des policiers pudiquement appelées « refus d’obtempérer » (liste non exhaustive). 
Sans parler du délitement des élus de la nation, dont certains d'entre eux nous enjoignent à « manger nos morts », ou d'autres – ignorant de leurs propres prérogatives visiblement – déclare, je cite : « jamais la police municipale, parce que ce n'est pas son travail, ne pourra empêcher un viol de rue, aussi terrible, insoutenable et dramatique soit-il ». Ambiance ! 
Et je ne dirai rien sur l’hiver qui s’annonce en col roulé, grâce à une politique énergétique d’avant-garde. 
            Bref pas de quoi rire. Et pourtant si. Un peu. 
Certes le romancier force le trait, et c’est heureux, la France orange mécanique (sic) de Laurent Obertone n’entretient pas encore, avec celle dans laquelle nous vivons (mais tout dépend où), de différence de nature, mais seulement de degré(s). 
Pour combien de temps encore ?

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d