Une bien belle idée que celle de mettre en scène Edgar Allan Poe face à un tueur qui fait du poète, étrange paradoxe, sa muse.
Mais avant de parler plus en détail du film de James McTeigue laissez-moi vous proposer un petit entretient avec Roger Corman, cinéaste qui a souvent réalisé des films à partir des écrits de Poe.
... En 1833 un jeune étudiant en médecine Horatio Davis Sheppard lance le Morning Post premier et pour le coup éphémère journal à 1 cent (alors qu'à l'époque un journal coûte 6 fois plus en moyenne), il faudra attendre quelques mois pour que paraisse un autre journal à un prix si bas. Mais le Sun puisque c'est de lui qu'il s'agit, allait ouvrir la porte à ce que l'on appelle la penny press.
La penny press signe l'entrée des Etats-Unis dans une nouvelle ère médiatique, une période où le journal en tant qu’artéfact, jouera un rôle moteur et structurant de la société. Si les journaux bons marchés prennent acte de la révolution industrielle et de la démocratisation de la société (la presse quotidienne se limitait avant l'apparition de la penny press à des journaux d'informations commerciales et politiques, vendus par abonnement à un public restreint), ils sont aussi les acteurs de premier plan de ce qu'on appellera plus tard la "culture médiatique".
Cette presse des années 1830 a été une forme de journalisme équivalente à ce qu'a été le new journalism des années 60. Comme lui elle emprunte à la littérature un certain nombre de traits où la fonction narrative prédomine. Le contenu de ces journaux était essentiellement composé de publicités, de petites annonces et bien évidemment de faits divers.
Dans le marché très concurrentiel de la presse aux U.S.A, en 1850 un rapport officiel recense pas moins de 2526 publications différentes pour une population de 23 millions d'habitants (dont 3 millions d'esclaves qui n'ont pas accès aux journaux), soit un total de 426 409 974 exemplaires par an ; donc dans cette jungle d'encre et de papier tout est bon pour captiver et fidéliser les lecteurs.
Ainsi Edgar Allan Poe écrira-t-il pour le Sun un article qui titrait : "l'Atlantique franchi en trois jours!". Ce qui n'était en fait qu'un canular.
Mais c'est d'une autre sorte d'articles que devra écrire l'auteur du Corbeau au cours de l'aventure qu'il vivra sous les traits de l'excellent John Cusack.
L'idée de faire des histoires de Poe des scénarios pour un tueur dans le contexte de la presse de l'époque tel que décrit précédemment est tout à fait pertinent. Les motivations et les projets du tueur sont aussi une très belle trouvaille. Et la fin du film propose un changement de parallaxe joliment bien vu.
Un film qui en plus d'être un divertissement de qualité m'a donné envie de relire Edgar Allan Poe.
Avant de nous quitter permettez-moi de vous proposer un entretient avec Georges Walter (auteur d'une biographie de Poe) aux micros de Mauvais Genres :
Pour en savoir plus sur la presse de l'époque : ici, et là.
Toujours aussi intéressant, merci !
RépondreSupprimerPar ailleurs, l'achat de l'edition deluxe d'un certain Flex Mentallo par Quitely et Morrison m'a fait comprendre d'où provient le musculeux en slip léopard de ton bandeau.
Tout ça m'a l'air très cohérent. Bon été.
Merci.
SupprimerBelle série que celle de Flex, non !?
Bon été à toi également.