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Un cadavre sur la route de l'Élysée [Hervé Gattegno]

« Trop jeune pour m'en souvenir et pas assez pour l'ignorer » ainsi que l'écrit Hervé Gattégno dans son avant-propos, j'avais un souvenir assez vague de l'affaire dite « Marković », qui mêlait alors grand-banditisme, vedette du show-biz, politique et parties fines.
            Hervé Gattegno livre donc un retour semble-t-il complet sur cet imbroglio.
            L'auteur de cette enquête journalistique, que l'on lit comme un bon thriller, pointe les insuffisances des uns, la pression des autres, fait le panorama quasi complet du marigot politique où sévissent encore des récipiendaires de la Francisque, des personnage haut en couleur comme Jacques Isorni - défenseur de Pétain en 1945, ou mon favoris Pierre Lemarchand (qui ne fait qu'une apparition), dont je ne résiste pas à citer ce qu'en dit Gattegno : « La quarantaine alerte et le front dégarni, ce rude gaillard a de son métier une conception musclée ; il préfère le treillis à la robe. Maquisard à dix-huit ans, commando en Algérie contre le FLN puis aux avant-postes de la lutte contre l’OAS – il fut l’un des chefs des « barbouzes », ces soldats de l’ombre qui pourchassaient les partisans armés de l’Algérie française –, il prétend servir le général de Gaulle, et seulement lui. ». Eh oui, il y a aussi en arrière-plan le SAC, le SDECE - dont la « base Bison » ou « Service 6 », une « unité qui jouit d’une grande autonomie : ses bureaux sont situés au 2 bis, avenue de Tourville, près des Invalides, loin de la caserne Mortier, siège historique du SDECE ; une partie importante de ses effectifs est extérieure à l’armée, et ses méthodes ont peu à voir avec la discipline militaire – horaires élastiques, contrôle hiérarchique en pointillés, notes de frais dispendieuses... » ça ne s'invente pas, Roland Dumas, déjà, qui n'avait pas encore ses Berluti™ aux pieds, et même Jean Clémentin, journaliste au Canard Enchaîné© et - ce qu'on ne savait pas à l'époque « agent rétribué des services tchécoslovaques, pour qui il mène des actions de " désinformation " ». Ce qui fait dire à Hervé Gattegno que rien « n’interdit de penser, a posteriori, que ce qu’il écrit sur l’affaire Markovic entre dans le champ de sa mission – sauf à penser qu’il s’est intoxiqué tout seul. ».  
Sans oublier bien entendu Alain Delon, Georges Pompidou, son épouse Claude, et le général de Gaulle, himself ! « Pompidou, la presse est basse… »
Bref un casting trois étoiles ... qui ne déçoit pas.
Tout comme Hervé Gattegno qui j'imagine reste au plus près des faits, tout en maintenant une tension continue tout au long de son récit. 
            Un récit donc qui, s'il ne livre pas le nom du coupable de l'assassinat de Marković - mais oriente quand même pas mal notre intime conviction ; lie cet homicide à la politique française du moment, en ce qu'il aurait précipité le départ du général de Gaulle, et risqué de faire perdre les élections à Pompidou.
            Intéressant, captivant et je dois le confesser, finalement très divertissant.  

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