Joe Flood apprend une terrible nouvelle, laquelle va lui faire prendre une décision hâtive et qu'il ne tardera pas à regretter tout aussi rapidement.
Joe Flood est en effet un tueur à gages, qui apprend qu'il est atteint d'une maladie dont le taux de mortalité « varie entre soixante-quinze et quatre-vingt-cinq pour cent dans les douze premiers mois », diantre ! Il décide donc d'abréger ses jours.
Il met rapidement en ordre sa « succession », et organise un contrat sur sa propre tête ..... avant d'apprendre que le médecin s'est trompé !
Las ! Il est trop tard pour annuler, Joe Flood va devoir faire face aux meilleurs, et surtout aux pires, meurtriers des États-Unis.
Traité avec une dose d'humour, et un personnage principal plein d'auto-dérision, le roman de Jay Bonansinga, partait pour être un bon divertissement.
Las (bis) ! au cours de sa fuite, alors qu'il s'installe dans une rame de métro le prédateur traqué remarque un couple de Noirs ce qui l'amène à penser que « Les meilleurs tueurs étaient tous noirs à présent, et leurs frères étaient de moins en moins nombreux sur la liste de leurs victimes. Les Noirs s’étaient trop longtemps entre-tués. De nos jours, ils préféraient buter un caïd blanc plutôt qu’un autre Noir, quel que soit le montant de la prime. Joe ne pouvait qu’apprécier cet état d’esprit. ».
J'avoue m'y être repris à deux fois ; Joe Flood appréciait que des tueurs à gages noirs choisissent d'abattre des cibles blanches plutôt que « leurs frères », quelque soit le manque à gagner !?
On est plus dans le bizness, mais dans l'idéologie à ce stade.
J'avoue être presque tombé de ma chaise.
Que venait faire dans cette histoire cette distinction des cibles, en vertu de leur couleur de peau ?!
Imaginons un instant que Joe Flood se dise que « de nos jours les Blancs préféraient buter un caïd noir plutôt qu'un autre Blanc » tout en précisant qu'il appréciait cet état d'esprit.
Pour ma part je serais tombé de ma chaise exactement de la même façon.
Ce court épisode - complétement anodin dans le contexte de l'intrigue - un brin raciste à mes yeux, m'a suffisamment agacé pour que je cherche à en savoir un peu plus.
Et donc, dans la réédition 2024 du roman (qui date de 1997), la situation n'est pas aussi tranchée.
Voici l'extrait en question : « All the best hitters were Black now, and they were taking less and less paper on their own race. Too much Black-on-Black violence under the bridge.
Nowadays a brother would rather hit a wise guy than another brother, regardless of the payoff. Joe admired that. ».
Le « wise guy » dont il est question chez Jay Bonansinga est, à première vue, un criminel générique (ou un affranchi pour dire les termes), sans que sa couleur de peau ne soit précisée.
Au contraire, Hubert Tézenas, le traducteur, en fait un caïd blanc !?
Tout aussi mystérieusement d'ailleurs, alors que Joe Flood s'installe dans la rame de métro, il développe dans un monologue intérieur ce que lui évoque ce couple : « Joe respectait la culture des Noirs, l’originalité audacieuse et spontanée de leur musique, la sensualité extrême des filles, la violence de langage des garçons. ».
Et, comme vous le savez, la langue française est moins concise que l'anglais, à tel point que dans l'édition américaine, on peut lire ceci : « Another pair of Windy City nighthawks out cruising for some hip-hop. ».
Il n'a donc jamais été question chez Jay Bonansinga de « respect » de la « culture noire », ni « d'audace », ni de « musique » d'ailleurs, bref Hubert Tézenas a complément pris à son compte cette partie du roman pour en faire in fine un plaidoyer raciste.
Bref, comme je ne me voyais pas me demander à chaque ligne qui écrivait, de Bonansinga ou de Tézenas ; ni n'avais d’ailleurs envie me laisser embobiner par un raciste ; j'ai laissé tomber ce « Jeux de massacre » (sic) sans états d'âme.
Sans oublier d'éviter autant que faire se peut, dans l'avenir, les traductions de Tézenas.
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