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Les Grands jours [Pierre Mari]

« Les Grands jours », récompensé en 2013 par le prix Erwan Bergot est une novella qui ramasse en 160 pages la quasi totalité de ce qu'aura été la Première Guerre mondiale.
            Après un panorama succinct de la situation générale à l'aube de l'année 1916, Pierre Mari entreprend de nous raconter, à hauteur d'homme, ce qu'aura été la résistance des « poilus » face à l'armée allemande au bois de Caures, à une dizaine de kilomètres de Verdun.
            L'attente, les « capotes élimées », les marmitages, le « dos rond », les « lèvres mordues » et les « poings pressés entre les jambes » en autant de « postures honteuses » que seul l'assaut et les « culasses chaudes » libèrent. Ces « rafales déchireuses d’oreilles, fouilleuses de ventres, de poitrines et de têtes ». Mais aussi, « l’incrédulité admirative et de la gentillesse de l’ennemi »  qui n'iront pas toutefois jusqu'à disputer un match de football amical.
            Pierre Mari donne à voir des hommes qui, s'ils ne partagent pas les mêmes idées, partagent néanmoins celle du patriotisme. Horresco referens !
            Jamais je crois, un auteur n'aura donner à percevoir avec une telle acuité que si la peur est un sentiment, le courage lui, est une action.
            J'ai particulièrement été touché par le portrait d'Émile Driant, qui, âgé de presque 60 ans rempile à la tête d'un groupement de chasseurs à pied. Qui, en plus d'avoir été un homme courageux et juste, a été un écrivain qui appliqua « à la guerre patriotique les procédés d’anticipation du romancier ». Un programme totalement impensable aujourd'hui !
Quelqu'un, qui sous le nom de plume du capitaine Danrit, sera de la trempe d'un Jules Verne et d'un Paul d'Ivoi ; avec qui il formait par ailleurs une « trinité romanesque qui enfiévrait alors les enfances masculines ». Il ne s'agissait pas en ces temps-là d'ériger en modèle des « hommes déconstruits » gavés de soja et de larves de tenebrio molitor.  
Un romancier complétement tombé dans l'oubli, ainsi que ses romans.
            « Les Grands jours » est un récit rare, autant par le talent que son auteur y déploie, que par ce qu'il y décrit.
Magnifique !

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