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Les Sentinelles [Dorison / Breccia]

L’annonce de la prochaine mise à l'antenne de la série télévisée intitulée « Les Sentinelles », m’a donné envie de relire les quatre albums de bande dessinée dont elle s’inspire, parus entre 2008 et 2014. 
            Écrite par Xavier Dorison et dessinée par Enrique Breccia cette histoire est - je crois, l’aboutissement détourné d’un précédent projet pour feu (?) le label Transatlantique® de Panini™. 
            Il s’agissait alors de proposer, à des auteurs français, d’écrire une histoire sur les personnages de l’écurie Marvel™. On se souviendra par exemple, de Wolverine : Saudade de Morvan & Buchet, un album où le griffu le plus célèbre de l’Univers-616© s'aventurait au Brésil
            Dorison quant à lui, avait planché sur le personnage d’Iron Man dans une aventure qui se serait déroulée en 1917. Laquelle n'a jamais vue le jour. 
            S’agissant finalement des Sentinelles toujours de Dorison donc, & dessinée par Breccia, on est plus proche d’un Robocop version Radiumpunk que d’un Iron Man
            L’histoire est en fait celle Gabriel Féraud, un ingénieur à la recherche de fonds pour concrétiser ses recherches sur les piles de radium ; et qui, après avoir refusé une offre de l’armée - nous sommes en juin 1914 - se retrouve au front. Pacifiste et anti-militariste il porte néanmoins des galons d’officier subalterne, acquis 10 ans plus tôt. 
            Toutefois, malgré la diligence intéressée du colonel Alphonse Mirreau, pour le protéger et l’acculer à travailler pour lui, Féraud est très grièvement blessé (un peu à la Johnny s'en va-t-en guerre1971). Il va donc devenir, à son corps défendant si j’ose dire, le cobaye de Mirreau sur son nouveau projet Sentinelle
Programme qui avait déjà connu les affres du terrain, notamment en 1911 au Maroc ; mais qui, faute d’une source d’énergie suffisante, avait était abandonné. Non sans avoir laissé une ribambelle de cadavres derrière lui. 
Une insuffisance de combustible, que la pile au radium de Féraud va venir justement combler. 
            Seulement voilà, l’état physique du lieutenant qui je le rappelle a été très sérieusement blessé, couplé au projet Sentinelle, mené d’arrache-pied (sic),  le transformera en quasi-cyborg, nom de code :Taillefer ; plutôt qu’en playboy à la Tony Stark
            Si je ne gardais pas de souvenirs très précis de l’histoire proprement dite, je me souvenais toutefois que c’était plutôt réussi. 
Fatalitas
Cette relecture m’a fait changer d’avis. 
            Outre une mise en page, parfois à la limite de l’illisibilité sur le premier tome, la lecture des quatre albums à la suite, met en lumière les énormes trous du scénario. 
            Plusieurs choses sont ainsi oubliées en chemin. 
• Par exemple, la femme et le fils de Féraud qui le croient mort. Situation que personne ne vit bien, et que le scénario tente d'exploiter, avant de brutalement oublier le tout.
• L'espion allemand qui surveille le projet Sentinelle via l'ancien combattant surnommé « Djibouti », et qui disparaitra sans laisser de trace (ni avoir eu beaucoup d'effet). Bien qu'on se demande comment cette barbouzerie a pu être montée, dans les conditions que supposent l’intrigue !?
• Ou encore la personnalité déviante du docteur Kropp (tout juste échappé d’un épisode de Cheri-Bibi), et qui promettait beaucoup dans le genre grand-guignol.
            Bref, toutes ces sous-intrigues passent à la trappe (ou se normalise, pour Kropp par exemple), alors que l’histoire avance. Même si 
elle n’avance pas très vite. 
Le quatrième album est, à ce titre, un summum d’ennui. <Baille !>
Le contexte y est certes pour beaucoup, mais surtout il est clair que Dorison ne sait pas quoi faire de son héros.  
            Qui plus est, à chaque fois que « Djibouti », lui-même fruit d’un précédent programme dit de « super-soldat », mais à base d’une drogue de synthèse, le Dexynal®, occupe l’intrigue, il chipe sans coup férir la vedette à Taillefer. Un personnage, il est vrai, à la cotte mal taillée, un comble ! 
            Et plutôt qu’un hypothétique tome cinq, annoncé à la fin du quatrième album (qui ne verra probablement jamais le jour), Dorison serait bien inspiré de donner sa chance à « Djibouti », la terreur des Bat’ d’Af , un sous-off' à la redresse qui s'est battu sur pléthore de théâtres d’opérations coloniaux. Un personnage carré, mais salement cabossé, taillé pour l'épique.
            En conclusion, « Les Sentinelles » était un projet très prometteur, mais qui ne tient pas ses promesses. Le scénariste a eu pour le coup, les yeux plus gros que le ventre.
Et l’impression qui me reste et qu’il ne savait pas trop quoi faire de son personnage principal. 
            Quant à Breccia, dont le premier album de la série manque d’égarer son lecteur avec un storytelling foutraque ; il livre en définitive une belle prestation, certes parfois à la limite du grotesque. 
Mais juste à la limite ! 

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