Accéder au contenu principal

Jungle Action (The Black Panther)

En 1966 (Fantastic Four #52) Jack Kirby & Stan Lee rompent avec une longue tradition, celle du "chasseur blanc", du gentleman britannique viril conquérant de l'Afrique ; incarnation de la supériorité de la civilisation britannique des romans d'Henry Rider Haggard ou d'Edgar Rice Burroughs (un archétype que l'on retrouve  également par exemple chez Lee Falk avec son personnage le Fantôme du Bengale qui partage au demeurant avec le personnage de Lee & Kirby quelques points communs), en créant T'Challa le monarque Africain (et Noir) d'un pays d'Afrique : le Wakanda
T'Challa n'est pas seulement le roi d'un pays africain, c'est aussi The Black Panther, le premier super-héros Noir  de l'histoire de la bandes dessinée étasunienne, et pas des moindres puisqu'il est capable de tenir la dragée haute aux Quatre fantastiques.
Prenant le contre-pied des romans d'aventure du XIXe siècle et du début du XXe siècle déjà cités, où le héros Blanc profitant de l'inculture scientifique des Africains (par exemple), s'élève au rang de dieu en prévoyant une éclipse lunaire (Les Mines du Roi salomon H. R. Haggard mais aussi plus récemment Le Temple du Soleil d'Hergé) ; Lee & Kirby font de T'Challa le souverain d'un pays hautement scientifique et entièrement tourné vers la technologie, bien plus que ne l'étaient les U.S.A à l'époque. 
En cela la Marvel continue sur ce qui fait déjà partie de sa marque de fabrique : l'utilisation à grande échelle du potentiel fabulateur de l'âge atomique
Toutefois, le Wakanda garde quand même un parfum de monde perdu cher à Haggard et à Burroughs.
Il y a au cœur de l'Afrique des choses 
que l'homme ne peut expliquer

Edgar Wallace (1911)

Si The Black Panther apparaît dans un contexte politique marqué par le Mouvement des Droits Civiques (le Black Panther Party est formé la même année en Californie par Bobby Seale et Huey P. Newton), son retour  aux affaires en 1973 dans la revue Jungle Action est motivé par plusieurs facteurs. 
Le premier est certainement une baisse des ventes qui conduit Marvel et DC Comics à saturer le marché. L'idée est d'occuper le plus possible de linéaires (au détriment bien sûr de ses concurrents) et la revue Jungle Action fait partie de cette production dont le contenu est accessoire. Il s'agit d'ailleurs de rééditions de bandes des années 50. 
Le second facteur significatif est l'apparition sur les écrans de cinéma d'un nouveau type de films regroupés sous le terme générique de blaxploitation.
La blaxploitation est la contraction de black et d'exploitation, c'est le terme qui désigne un type de film produit durant les années soixante-dix, pensé et destiné à un public Noir ; et mettant en scène dans les rôles principaux des acteurs Noirs.
Shaft (1971)
"[..] Shaft met K.O en 100 minutes quelques 70 ans de représentation stéréotypé de Noir dans la production mainstream américaine" (Julien Sévéon).
Le succès de Shaft, qui dépasse largement les clivages Blancs/Noirs, doit aussi beaucoup à la B.O composée par Isaac Hayes.


En outre une nouvelle génération de scénaristes peut-être plus en phase avec l'époque gravite dans le giron des Big Two. Des auteurs à qui on prête une oreille plus attentive compte tenu que toutes les idées pour redresser les ventes sont les bienvenues. Des hommes dont les noms vont marquer les années 70 notamment chez MarvelSteve Gerber, Gerry Conway, Steve Englehart et, en ce qui concerne The Black Panther : Don McGregor. 


Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

Massacres à New York [Jack Cannon / Claro]

C'est un « tweet » de J ack C arr (l'auteur de Terminal List ), qui souhaitait un bon anniversaire à N elson D e M ille, qui a aiguisé ma curiosité.  Si j'avais - je crois ? - vu une adaptation cinématographique de l'un des romans de D e M ille ( Le déshonneur d'Ann Campbell ), je n'en avais en revanche jamais lus aucun.  Mon choix s'est donc porté sur L'Île des fléaux , roman disponible à la médiathèque, et premier d'une série dont le personnage principal est un certain John Corey .  Mal m'en a pris.              Je crois que c'est la pire traduction qu'il m'a été donnée de lire. Dès les premières pages on trouve un « détective », des « officiers », en lieu et place d'un inspecteur et d'agents. Un peu plus loin mais guère plus, le traducteur confond le canon d'une arme et son barillet, et cerise sur le gâteau (c'est le cas de le dire), construit une maison en pain d'épices ( gingerbread qui pour le coup a ici l

Sandman : Neil Gaiman & Co.

... J e viens de terminer l'histoire intitulée Ramadan , une magnifique histoire certainement l'une de mes favorites avec celle de Calliope ( K elley J ones), en plus dessinée par P . C raig R ussell. Juste avant je venais de lire le premier tome de la série dans la collection Urban Vertigo (traduction de P atrick M arcel) et, décidément, ça ne sera pas ma période préférée du titre. Je suis bien content que lorsque je me suis remis à lire Sandman , le premier tome n'était pas disponible à la médiathèque où je suis inscrit, sinon je n'aurais peut-être pas continué si j'avais comme il se doit, commencé par lui. Déjà il y a quelques années j'avais achoppé sur les premiers numéros (plusieurs fois), cela dit il y a quand même des choses qui m'ont réjoui dans ce premier tome : le premier numéro, le traitement de John Constantine , la présence de  G . K . C hesterton et l'idée du "lopin du Ménétrier", l'épisode n°8, " Hommes de bon