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Galveston par Nic Pizzolatto

Galveston
             Nic Pizzolatto a grandi à Lake Charles, en Louisiane, une région très rurale et très pauvre des Etats-Unis, dont il a dit qu’elle est « d’une incroyable ignorance et où la violence ordinaire sert de langage commun. » : le meilleur endroit de la côte pour recevoir des coups de pieds au cul.
Un endroit où il y a beaucoup de pauvres, de gens stupides, beaucoup d’alcool, de bagarre. Un endroit très dur, où l’on grandit en se battant. Une maison isolée, pas de livre, le jeune Nic passe alors beaucoup de son temps libre dans les bois. 
Après avoir quitté Lake Charles et ses parents, avec qui il n’entretient plus aucun rapport, à l’âge de 17 ans, il apprend à se débrouiller seul. 
             Avant d’écrire Galveston Nic Pizzolatto a mis deux ans pour écrire un roman qu’il jugera effroyable et qui ne sera jamais publié, il est alors professeur de littérature mais méprise paradoxalement l'université. 
             Au sujet de son travail, il avoue porter un intérêt très prononcé à l’intrigue et à l’action, deux éléments indispensables selon lui ; ce qui ne l’empêche pas d’écrire des personnages très caractérisés, ayant une véritable présence. Des personnages pour qui on ressent de l’empathie, de la sympathie ou au contraire de l’antipathie, d'une manière tout ce qu'il y a de plus naturelle. 
En outre Nic Pizzolatto cherche toujours, c'est lui qui le dit, une émotion intense et tient à donner aux événements une authenticité viscérale et sensorielle ; on peut dire qu’en ce qui concerne Galveston, le pari est gagné.
             Comme dans sa série télévisée True Detective, Nic Pizzolato joue avec deux époques, ici le temps agit en quelque sorte comme un exhausteur d’imagination sur le lecteur (je ne vous en dis pas plus). 
             Dans un entretien accordé à Bernard Strainchamps & à Laurent Grumbach le jeune auteur d’alors déclare « La plupart des crimes en Amérique me semblent être une sorte de lutte des classes […] Ici, si vous êtes pauvres, vous mourrez. Ou vous tombez dans la criminalité. », et Galveston en est d’une certaine manière la poignante illustration littéraire.
             Et puis un homme qui cite Dashiell Hammett, Howard Phillips Lovecraft, Alan Moore, Jim Harrison ou encore Grant Morrison dans ses auteurs favoris ou ses influences, peut-il être mauvais ? [-_ô]
             J'ai déjà utilisé la définition de ce qui caractérise le « noir » dans le roman homonyme, celle de Thomas Narcejac, mais encore une fois elle s'applique d'une façon si naturelle au roman de Nic Pizzolatto que je ne peux faire autrement que d'y revenir...... 
[...]  l’aspect le plus original du roman noir actuel [...] ce n’est pas, encore une fois, sa violence, sa crudité ; ce n’est même pas le désespoir qu’il peut éveiller chez tel lecteur facile à suggestionner ; c’est quelque chose de plus foncier et de plus mystérieux que l’on pourrait peut-être définir en disant qu’il nous présente le monde comme un TRAQUENARD. Ce monde a un sens mais nous sommes incapables de le saisir ; sa signification est d’ordre poétique et seulement accessible à celui qui, victime ou bourreau, comprend l’échec inévitable de ses raisons de vivre. Le monde est le lieu de la guerre. Quoi qu’on fasse, on verse le sang. Et c’est au moment précis où le sang coule que se dévoile L’ETRANGETE des choses. L’univers nous ignore et nous broie. Mais au moment même où il nous écrase, il nous révèle quelque chose de nous-mêmes et, finalement c’est cette ultime échappée sur l’homme que chacun, en répandant son sang ou celui des autres, recherche obscurément. [...] L’horreur est donc au cœur du réel, de la vie. L’horreur, loin d’être un raffinement destiné, au fond, à vaincre l’ennui, exprime totalement la condition humaine. Si le roman contemporain est noir, c’est parce que l’humanité vient d’entrer dans l’âge de l’angoisse. On ne peut plus étudier l’homme sans qu’on ne rencontre la douleur, la révolte, la haine et la mort. Le vrai roman noir est toujours, par quelque biais, POLITIQUE et METAPHYSIQUE.[...]

Bonne lecture .....

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