Accéder au contenu principal

La fabrique des bâtards [Magnus Latro]

Premier roman, et coup de maître. 
« La fabrique des bâtards », écrit par Magnus Latro, est un roman très original dont le déroulement devient très rapidement imprévisible (dans le bon sens du terme). 
            L'idée a germé dans l'imagination de l'auteur, journaliste de la presse locale, suite à une déclaration d'Yann Moix : « C'est des liens de sang que sont venus le racisme, la monarchie absolue. La vraie révolution, la vraie égalité totale, ce serait de mélanger les bébés à la naissance comme dans La vie est un long fleuve tranquille. On devrait interdire aux parents d’élever leurs enfants biologiques. Cette manière de placer son ego dans sa chair me donne le vertige. » 
            Commencée en 2015, et écrite d'une traite, l'histoire bénéficie également en plus de ce point de départ dystopique (ou utopique c'est selon), de l’avènement de la PMA et des discussions sur la GPA. Dans un futur proche, le gouvernement français a mis en place une procédure pilote d'échange d'enfants, basé sur le volontariat : la CoParentalié Partagée (CoParPar). 
À l'heure où commence l'histoire, un couple, dont la femme vient d'accoucher se voit retirer son enfant biologique, mais ne pas en recevoir un en échange. 
L'enlèvement dudit nouveau-né, quelques jours plus tard, au domicile de ses nouveaux parents va déclencher des émeutes et ses corollaires dans toutes la France. À partir de ce point de départ, Magnus Latro dessine un pays qui n'est pas très loin d'être déjà le nôtre. 
Si le récit ne souffre d'aucun temps mort, il bénéficie en sus d'une originalité qui le rend haletant. Et, ce qui ne gâche rien, d'un très beau style romanesque. 
Une inquiétant satyre du progressisme (attention, faux-ami), écrite avec un beau brin de plume donc.
            De manière assez cocasse le livre de Magnus Latro a eu à subir le joug d'un progressisme toujours plus prédateur. En effet, son roman, auto-édité, a fait les frais du politiquement correct de la plateforme Facebook™, sur laquelle les publications sponsorisés (pour accroitre leur visibilité) ne doivent pas utiliser de mots grossiers ou insultants. L'auteur a rencontré le même problème chez Amazon™. 
Après avoir changé - en vain, les « a » de bâtards par des fleurs de lys, puis par des arobases, le primo romancier a finalement choisi d'en changer le titre - « Les échangés », et d'ajouter un chapitre qui lance plus rapidement le récit, et creuse la psychologie des personnages. 
            En l'état j'ai pour ma part lu la première mouture de ce roman, et le plaisir que j'y ai pris m'a incité à vivement à me pencher sur le suivant qu'a écrit son auteur, intitulé Varcolac
En ce qui me concerne Magnus Latro est désormais dans mes petits papiers.

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Massacres à New York [Jack Cannon / Claro]

C'est un « tweet » de J ack C arr (l'auteur de Terminal List ), qui souhaitait un bon anniversaire à N elson D e M ille, qui a aiguisé ma curiosité.  Si j'avais - je crois ? - vu une adaptation cinématographique de l'un des romans de D e M ille ( Le déshonneur d'Ann Campbell ), je n'en avais en revanche jamais lus aucun.  Mon choix s'est donc porté sur L'Île des fléaux , roman disponible à la médiathèque, et premier d'une série dont le personnage principal est un certain John Corey .  Mal m'en a pris.              Je crois que c'est la pire traduction qu'il m'a été donnée de lire. Dès les premières pages on trouve un « détective », des « officiers », en lieu et place d'un inspecteur et d'agents. Un peu plus loin mais guère plus, le traducteur confond le canon d'une arme et son barillet, et cerise sur le gâteau (c'est le cas de le dire), construit une maison en pain d'épices ( gingerbread qui pour le coup a ici l

Sandman : Neil Gaiman & Co.

... J e viens de terminer l'histoire intitulée Ramadan , une magnifique histoire certainement l'une de mes favorites avec celle de Calliope ( K elley J ones), en plus dessinée par P . C raig R ussell. Juste avant je venais de lire le premier tome de la série dans la collection Urban Vertigo (traduction de P atrick M arcel) et, décidément, ça ne sera pas ma période préférée du titre. Je suis bien content que lorsque je me suis remis à lire Sandman , le premier tome n'était pas disponible à la médiathèque où je suis inscrit, sinon je n'aurais peut-être pas continué si j'avais comme il se doit, commencé par lui. Déjà il y a quelques années j'avais achoppé sur les premiers numéros (plusieurs fois), cela dit il y a quand même des choses qui m'ont réjoui dans ce premier tome : le premier numéro, le traitement de John Constantine , la présence de  G . K . C hesterton et l'idée du "lopin du Ménétrier", l'épisode n°8, " Hommes de bon

La disparition de Perek [Hervé Le Tellier]

« — Tu oublies un truc important, ajouta Gabriel.  — Dis pour voir…  — C'est nous les gentils. » Créé, selon la légende, lors d'une discussion de bistrot qui rassemblait J ean- B ernard P ouy, P atrick R aynal et S erge Q uadruppani, la série Le Poulpe est un mélange d'influences.              Paradoxalement il s'agissait de contrer la littérature de gare qualifiée de « crypto-fasciste », représentée par les SAS de G érard de V illiers, ou la série de L’Exécuteur par D on P endleton. Des titres bien trop présents dans les libraires des gares hexagonales aux dires des mousquetaires gauchistes, dont la visibilisé (et le succès)  serait ainsi gênée grâce à un projet tentaculaire ( sic ) d' agit-prop littéraire.              Une envie néanmoins déclenchée par la déferlante du Pulp Fiction 1994 de T arantino (d'où le surnom du personnage éponyme), qui allait mettre à l'honneur (pour le pire) la littérature des pulp magazines américains. Cherchez l'er