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Justice Society of America [James Robinson et al.]

James Robinson tient, au tableau d'honneur de mes auteurs favoris - encore en activité, une des toutes premières places, à l'instar d'un Christopher Priest par exemple.
C'est donc avec un plaisir évident que je me suis replongé dans sa version de la Justice Society of America, dont l'éditeur Urban Comics™ a la bonne idée de nous vendre une réédition (avec des inédits par rapport à la précédente édition par l'éditeur Panini™).
            Pour les amateurs de bandes dessinées américaines, qui ne connaitraient pas le titre en question, il s'agit d'aventures en Technicolor® à l'ancienne, si je puis dire qui se déroule justement dans les années 1930 - 1940 pour les neuf premiers épisodes du recueil. 
Robinson a toutefois le sens de l'héritage (il suffit de lire son chef d’œuvre Starman pour s'en rendre compte), et un profond respect pour ceux qui l'ont précédé ; qu'il s'inspire des publications des années de l'Âge d'or©, et de leur dispositif bien particulier, pour lancer la série, à la toute fin des années 1990.
Cependant ce n'est pas tant sur la qualité des numéros collectés dans ce recueil que je veux m'attarder, mais sur deux ou trois petites choses ont retenu mon attention.
          La première chose concerne le rédactionnel, un aspect que soigne particulièrement Urban Comics™, et auquel je suis sensible. 
On peut  ainsi lire, entre la quatrième épisode et le cinquième une page, intitulée « La Lance du Destin : sa place est dans un musée  !» qui revient sur l'astuce imaginée par les scénaristes pour expliquer, à l'orée des années 1980, l'absence de super-héros, en Europe, au moment de la Seconde Guerre mondiale. 
Présence qu'il aurait été difficile de concilier avec un conflit qui a duré 6 ans, compte tenu de la puissance supposée des super-héros en question. Laquelle aurait permis de mettre fin à la guerre en beaucoup moins de temps.
Dans cette mise au point, éclairante et salutaire, on peut donc lire que les aventures de la JSA, publiées durant la Seconde Guerre mondiale « sombrent parfois dans la propagande revancharde ». 
Je ne vous cache pas que j'ai relu plusieurs fois cette phrase.
            La première aventure attestée de la Justice Society of America est publiée au mois d'août 1940, à ce moment-là, les U.S.A. ne sont pas encore entrés en guerre contre l'Allemagne nazie ; et ça se passe dans All-Star Comics #2.
Ça sera le cas le 8 décembre 1941, All-Star comics en est alors à son neuvième numéro, sur un total qui se conclura au cinquante-septième en décembre 1950. 
Cette récapitulation, un peu laborieuse je l'avoue, ne donne le panorama de ce qu'était alors la Seconde Guerre mondiale. Outre les opérations militaires à proprement parler, les nazis opéraient alors un véritable génocide, sans oublier tous les civils qui n'entraient pas dans la politique d'extermination racialiste, mais qui n'étaient pas pour autant épargnés.
Alors lire, aujourd'hui, que les scénaristes de la JSA dans les numéros d'All-Star Comics écrivaient de la propagande revancharde ne laisse pas de me surprendre. 
Et de me choquer.
A-t-on déjà oublié ce qui s'est passé, pour écrire, avec autant de désinvolture, qu'on pouvait trouver de la propagande revancharde dans des aventures écrites dans les années 1940. 
Revancharde !?
Mais je n'étais pas au bout de mes peines.
            Si James Robinson, avec l'aide de David Goyer, est le grand architecte de cette tentative de relance de la JSA à la fin des années 1990, plusieurs scénaristes lui prêtent main forte. 
C'est le cas de Mark Waid, assisté du très bon Aaron Lopresti au dessin.
Mais Waid, dans un vrai-faux numéro de National Comics #1, a la très mauvaise idée de vouloir, parallèlement à son mandat sur la série, à savoir opposer The Flash & Mr. Terrific à un sbire du grand méchant - de ce qui est alors une mini-série - dont le but avoué est de détruire l'humanité pour que la Terre soit en paix. Oui je sais, on dirait le programme des écologistes actuels ; mais ce n'est pas le sujet <sourire>
            Or donc, Mark Waid disais-je, a la très mauvaise idée de vouloir, en 22 pages !, donner son avis sur le bombardement de la ville de Dresde, en Allemagne. Tout en mettant en scène l'histoire fictive de la JSA.
Un mélange malheureux, qui vous l'aurez deviné, donne une très mauvais images des Alliées.
Manquerait plus que Mark Waid soit reconnaissant (en évitant les raccourcis et les amalgames désastreux).
            Pour ce qui va suivre, et qui sera ma conclusion, il faut bien évidement désingulariser ces deux exemples. Mais pour autant, ils sont, je crois, le symptôme de ce que j’appellerai  l'oikophobie. Autrement dit le rejet, ostentatoire (forcément), de sa propre culture, de son histoire. Voire ici, de l'Histoire.
Au profit d'une idéalisation de l'Autre (avec une majuscule également). 
Quand bien même a-t-il été, ou est-il encore, un ennemi. 
Pour le cas d'espèce, l'ennemi en question (les nazis), l'a été du genre humain dans sa quasi entièreté. C'est pas rien.
            Que le bombardement de Dresde, comme celui du Havre, ou l'attaque d'une escadre de la Marine nationale française dans le port de Mers el-Kébir en juillet 1940 puissent faire l'objet d'études historiques, certes. Qu'on explique qu'on aurait, peut-être, pu faire autrement ; en ayant l'humilité de dire qu'on parle se son bureau et non d'un théâtre d'opération, en plein conflit mondial soit.
Qu'on utilise ces faits, comme arrière-plan d'une histoire de super-héros qui n'en demandait pas temps, qu'on se permette de faire la leçon au chaud derrière un clavier, est à mon avis injustifiable. 
Tout comme qualifier de « propagande revancharde » les histoires de la JSA des années 1940 - 1950. A-t-on déjà oublié qui était alors l’ennemi et ses exactions ?
Et puis quel revanche ? 
            Pour finir sur une note un peu différente et un peu plus légère, il n'y a pas, dans la hiérarchie militaire d' « amiral adjoint » comme on peut le lire dans la traduction.
Et plus simplement, un « vice admiral » est un ..... vice-amiral. 
L'adjoint, par exemple dans « commandant adjoint » est une fonction, pas un grade. 
Dans l'Armée, la Marine, il n'y a pas de grade d'adjoint. 
Par contre il y a une majuscule à « écritures », s'agissant comme il en est question, des « Saintes Écritures ».
Amen !

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