Tous les ingrédients du western sont là, c'est normal c'en est un : décor à la John Ford - mais on pourrait tout aussi bien être à Tabernas, sauf qu'on est en Arizona en 1874 ; hors-la-loi sales & méchants, des diligences et un relais, un pistolero taciturne, un saloon et son bordel, une pute honorable, un indien laconique, des pied-tendre, un shérif, etc.
Pensé et écrit par Roger Seiter pour un album de 54 pages, « Leave Them Alone », sous l'impulsion de son dessinateur - Chris Regnault, triplera pratiquement sa pagination.
De ce côté-là, aucune inquiétude à avoir, en plus de maîtriser parfaitement l'art de la BD, Chris Regnault pense en Cinemascope™, c'est évident.
Et avec Seiter l'entente semble avoir été profitable.
Le scénariste, qui n'est pas un bizuth dans le milieu a concocté une histoire certes classique, mais ni avare en moments forts, et surtout pas en rebondissements.
Certains que l'on voit arriver de loin, mais cela fait aussi partie du charme que d'anticiper. Ce qu'un bon scénariste sait, et surtout permet.
Mais la plupart des twists bénéficient de l'effet de surprise.
Comme la couverture le révèle, il s'agit toutefois d'un western progressiste, dans la mesure où les femmes qui y participent y occuperont une part importante, virile et intelligente.
Western comportementaliste également, dans la mesure où ce sont essentiellement les actes des uns et des autres qui brossent leur mentalité, leur psychologie. Et c'est là que l'idée d'étirer le récit prend tout son sens.
Chris Regnault, qui a donc plus d'une corde à son arc - dont celle de savoir doter ses personnages de traits très expressifs et aux expressions significatives, utilise l'espace qu'il s'est alloué en plus par rapport au 54 pages de départ pour en dire beaucoup avec une économie de texte à nulle autre pareille.
Western âpre, brutal, violent, « Leave Them Alone » est aussi très subversif.
Western âpre, brutal, violent, « Leave Them Alone » est aussi très subversif.
En effet, sans trop déflorer l'intrigue sachez qu'en son sein se niche une apologie de la famille traditionnelle. Shocking!
On y parle d'une vengeance qui lui est liée, le relais est tenu par une famille dont l'un des membres est un père de substitution (ce que l'un des personnage prend le soin de préciser clairement), un vol est organisé pour permettre à une famille de voir le jour.
Et surtout, les criminels en sont à l'opposé, ils forment une tribus.
Nous sommes dans un affrontement civilisation versus barbares.
Un parti-pris plutôt rare ces temps-ci !
Ainsi donc, en plus d'être un très bel album - dans tous les sens du terme, d'être une histoire à l'intrigue solide et aux personnages consistants, « Leave Them Alone » se permet en cette ère postmoderne au wokisme revendiqué& totalitaire , d'être quasi réactionnaire.
Un arrière-plan (discret) que je ne m'attendais pas à trouver dans une bande dessinée d'aujourd'hui.
Toutes mes félicitations aux auteurs pour leur courage. Et leur ouvrage !




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