Accéder au contenu principal

Cutter's Way (1981)


Alors qu’il rejoint son ami Alex, la voiture de Richard Bone tombe en panne dans une ruelle. Heureusement, un véhicule s’est arrêté quelques mètres avant le sien ; un homme sort sous la pluie puis remonte dans sa voiture. Bone tente d'arrêter son véhicule pour lui demander de l’aide, mais sans succès. 
Le lendemain la police l’arrête, il est le premier suspect dans une affaire de meurtre : on a retrouvé à proximité de son véhicule le corps d’une jeune fille dans une poubelle. 
Il sera rapidement innocenté. Néanmoins, la situation va prendre une tournure pour le moins étrange. 
Le lendemain du meurtre, alors qu’il assiste avec son copain Alex à un défilé historico-folklorique Bone en voyant un cavalier passer avec la parade s’exclame spontanément : « c’est lui ! ». Il croit reconnaître en un magnat du pétrole, l’homme qui était au volant de la voiture qui s’est arrêté dans la ruelle du meurtre. 
Puis il se rétracte, mais pour Alex il est clair que cet homme est le coupable. 
À partir de cet instant Alex, vétéran du Vietnam qui porte les stigmates de cette guerre dans sa chaire : il est borgne, manchot et unijambiste ; et dans sa tête ça ne va pas beaucoup mieux, donc cet homme animé de ce qui apparaît être un très fort comportement autodestructeur (voire destructeur) va s’ingénier à trouver des éléments qui penchent en faveur de la culpabilité de ce ponte de l'industrie pétrolière. 

Ce qui fait l’intérêt de Cutter’s Way d'Ivan Passer c’est d’une part l’interprétation des trois premiers rôles : Richard Bones alias Jeff Bridges excellent, Alex Cutter interprété de façon magistrale par John Heard et enfin Lisa Eichhorn dans le rôle de l’épouse d’Alex, Maureen « Mo » Cutter
Parallèlement à cette interprétation de très haut niveau, l’intérêt réside aussi dans l’ambiance générale du film.  
À aucun moment le spectateur ne voit l’homme qui sort de la voiture et qui est sensé avoir tué la jeune fille, tout le récit de cette « enquête » est dés lors basé sur les idées et la détermination d’Alex
Ce qui donne une ambiance entre paranoïa et folie. Une atmosphère que je qualifierai d’inquiétante étrangeté. Cette expression doit être entendue ici comme la sensation que quelque chose dépasse le « héros » (Richard Bone) et le spectateur, une situation où un autre (Alex Cutter ?) impose sa volonté – tantôt ressenti comme de la clairvoyance, tantôt comme l’extrémité d’une volonté autodestructrice - insinuant l’angoisse, le malaise.
Un film captivant et éprouvant.
Éprouvant car malgré la folie (?) d'Alex, malgré la désinvolture de Richard et l'apparente passivité destructrice de Mo, je me suis attaché à ces trois personnages ; et vous vous en doutez, ce dont on est sûr avec la vie c'est que personne n'en sort vivant. [-_ô]

Commentaires

  1. Un film rare, méconnu (au même titre que son auteur, d'ailleurs) et pourtant bouleversant. La séquence "western" à la fin éclaire le film d'une sorte de mélancolie, propre à la fin d'un certain "héroïsme" ou même de sa possibilité.
    Encore une fois, merci d'avoir joué les "passeurs" (jeu de mots !!) sur ce coup...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Massacres à New York [Jack Cannon / Claro]

C'est un « tweet » de J ack C arr (l'auteur de Terminal List ), qui souhaitait un bon anniversaire à N elson D e M ille, qui a aiguisé ma curiosité.  Si j'avais - je crois ? - vu une adaptation cinématographique de l'un des romans de D e M ille ( Le déshonneur d'Ann Campbell ), je n'en avais en revanche jamais lus aucun.  Mon choix s'est donc porté sur L'Île des fléaux , roman disponible à la médiathèque, et premier d'une série dont le personnage principal est un certain John Corey .  Mal m'en a pris.              Je crois que c'est la pire traduction qu'il m'a été donnée de lire. Dès les premières pages on trouve un « détective », des « officiers », en lieu et place d'un inspecteur et d'agents. Un peu plus loin mais guère plus, le traducteur confond le canon d'une arme et son barillet, et cerise sur le gâteau (c'est le cas de le dire), construit une maison en pain d'épices ( gingerbread qui pour le coup a ici l

Sandman : Neil Gaiman & Co.

... J e viens de terminer l'histoire intitulée Ramadan , une magnifique histoire certainement l'une de mes favorites avec celle de Calliope ( K elley J ones), en plus dessinée par P . C raig R ussell. Juste avant je venais de lire le premier tome de la série dans la collection Urban Vertigo (traduction de P atrick M arcel) et, décidément, ça ne sera pas ma période préférée du titre. Je suis bien content que lorsque je me suis remis à lire Sandman , le premier tome n'était pas disponible à la médiathèque où je suis inscrit, sinon je n'aurais peut-être pas continué si j'avais comme il se doit, commencé par lui. Déjà il y a quelques années j'avais achoppé sur les premiers numéros (plusieurs fois), cela dit il y a quand même des choses qui m'ont réjoui dans ce premier tome : le premier numéro, le traitement de John Constantine , la présence de  G . K . C hesterton et l'idée du "lopin du Ménétrier", l'épisode n°8, " Hommes de bon

La disparition de Perek [Hervé Le Tellier]

« — Tu oublies un truc important, ajouta Gabriel.  — Dis pour voir…  — C'est nous les gentils. » Créé, selon la légende, lors d'une discussion de bistrot qui rassemblait J ean- B ernard P ouy, P atrick R aynal et S erge Q uadruppani, la série Le Poulpe est un mélange d'influences.              Paradoxalement il s'agissait de contrer la littérature de gare qualifiée de « crypto-fasciste », représentée par les SAS de G érard de V illiers, ou la série de L’Exécuteur par D on P endleton. Des titres bien trop présents dans les libraires des gares hexagonales aux dires des mousquetaires gauchistes, dont la visibilisé (et le succès)  serait ainsi gênée grâce à un projet tentaculaire ( sic ) d' agit-prop littéraire.              Une envie néanmoins déclenchée par la déferlante du Pulp Fiction 1994 de T arantino (d'où le surnom du personnage éponyme), qui allait mettre à l'honneur (pour le pire) la littérature des pulp magazines américains. Cherchez l'er