Si la « cancel culture » est à prendre comme ensemble de comportements au sein d’une communauté fédérée par des valeurs, comme la culture d'entreprise par exemple, elle est surtout un programme d'effacement de la Culture.
l'indigénisme la lutte des races,
et le wokisme la lutte des places »
Dans ce petit opuscule d'une soixantaine de pages (vendu 9 €), Hubert Heckmann s'intéresse donc à la cancel culture.
Dans ce petit opuscule d'une soixantaine de pages (vendu 9 €), Hubert Heckmann s'intéresse donc à la cancel culture.
Il y analyse l'impact des réseaux sociaux, l'idée que les cultures sont des propriétés privées ; point de vue très en vogue dont l'ultime avatar est donc la condamnation « d'appropriation culturelle ».
Mais aussi la censure pure et simple, comme pour Les écrits intimes de Patricia Highsmith2021, où Calmann-Lévy™ je cite : « dans certains cas extrêmes » juge de son devoir « de refuser à Pat (sic) le droit de s'exprimer ». Un élagage, note Hubert Heckmann, qui fait passer l'ouvrage de 8000 à 1000 pages !
Il faut lire aussi ce compte rendu d'une table ronde où un auteur de romans noirs juge une partie de sa propre œuvre comme périmée, en regard des nouvelles normes morales. Une table ronde qui semble par ailleurs reprendre à son compte la théorie du complot du « système patriarcal ». Nuff said!
Heckmann y démontre que l'herméneutique pseudo-féministe contemporaine est étrangement proche de la démarche de Robert Faurisson, lorsqu'en 1961 ce dernier (plus connu aujourd'hui comme militant négationniste), déconstruisait un sonnet de Rimbaud.
Plus loin il touche encore juste lorsqu'il écrit « Le problème de ces lectures qui dénoncent l'empreinte de la domination dans les textes littéraires n'est pas qu'elles proposeraient une interprétation non pertinente, fausse, ou même délirante. Tout cela devrait pouvoir se discuter avec profit. Non, leur problème, c'est qu'elles prétendent s'imposer par la violemment en interdisant toute autre lecture.».
Mais je crois que faire de la cancel culture (et par extension du wokisme) un avatar de la bourgeoisie tardive, est probablement l'analyse la plus fine, et la plus nuancée faite jusqu'à maintenant de cette arme de destruction massive. D'autant que contrairement à ce qui se passait par exemple aux U.S.A., au milieu des années 1980, c'est la « gauche » qui est dorénavant à la manœuvre.
Je cite donc : « L'institution bourgeoise se considérait elle-même comme le terme d'une évolution, comme le terme stable à partir duquel on pouvait interpréter le passé. ». On ne peut pas mieux dire.
En passant, Hubert Heckmann note également que « ceux qui profèrent ces anathèmes » sont souvent des « employés du système éducatif, rémunérés par l'État, financés par les politiques publiques françaises ou européennes ». Et vous trouvez ça drôle !?
Au final cette soixantaine de pages arrive a être pertinente quand bien même la « cancel culture » vous serait pourtant très bien connue.
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