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John McTiernan, leçon de cinéma

Ça m'a fait plaisir de voir que John McTiernan était au sommaire des Cahiers du cinéma du mois de novembre.
Du moins jusqu'à ce que je lise l'entretien qu'il a accordé à Yal Sadat. Je croyais candidement qu'on allait y parler de cinéma.
            « McT » apprend-on vit désormais au Canada, car il ne se sent plus en sécurité aux États-Unis, en effet les conservateurs (américains) y rendent l'air moins respirable.
Manifestement, qu'au Canada on brûle des livres ou qu'on organise des pièces de théâtre uniquement réservées aux Noirs, ne semble pas lui poser de problème(s). 
            Il déplore dans cet entretien (enfin un peu de cinéma ?) que les épigones contemporains de John Wayne ou de Spencer Tracy ne sachent pas « résoudre un conflit sans dégainer une arme ». 
D'ailleurs on lui propose toujours des films d'action, mais « c'est toujours pareil : trois types s'arment jusqu'aux dents pour décimer une flopée de gens en Colombie pour sauver la fille de l'un d'entre eux, etc. ». Son pays dit-il « n'en a jamais fini avec ces obsessions pathologiques ».
Arrivé là, je me dis que McTiernan en a marre de faire des films d'action violents.
Pas dut tout, enfin pas vraiment, car voyez-vous il y a violence et violence. 
            John McTiernan a notamment un projet en cours, il « concerne une tueuse professionnelle à Atlanta », vous me direz ça commence mal question action violente. Pas du tout car « les meurtres sont motivés par des revendications socioéconomiques », ouf !
Ce personnage donc est prêt je cite : « à pendre sur la place publique les manager d'une sociétés de prêts sur salaire », vous je ne sais pas, mais moi je suis rassuré.
D'autant que McTiernan précise qu'il a  « des scrupules à justifier la violence d'une vengeuse (oui une vengeuse, c'est quand même les Cahiers du cinéma) même si le personnage renverse l'idéologie droitière de ce type d'intrigues ». Du moment que c'est pour la bonne cause.
            Je vous passe son appréciation de Clint Eastwood, dont les films sont certes respectables, décents et humains, mais qui lui « semble être un connard ». Ce qui est rassurant c'est que McT est encore capable de faire la différence entre l'auteur et son œuvre. 
Moi par contre, j'ai beaucoup de mal.
            Il a aussi une idée assez claire du patriotisme qui est « le dernier refuge du scélérat ».
Je ne ferais pas l'affront à John McTiernam de lui demander ce qu'il pense du patriotisme israélien, arméniens ou anglais, l'interview a eu lieu le 7 juillet 2023, mais il devrait peut-être en parler aux Ukrainiens.
            Cela dit, John McTiernan n'est pas un idéaliste coupé des réalités du monde, vivant dans un monde de Bisounours. Car dit-il : « il existe des êtres humains qui sont bel et bien mauvais, des groupes culturels réellement maléfiques. ». Peut-être va-t-il évoquer cet islamisme qui tue des femmes pour des histoires capillaires !?  
Non, nous resterons en occident pour le coup, mais McT convoque l'Histoire, oui celle avec une grande hache. Ces groupes culturels réellement maléfiques donc, 
« proviennent de la Scandinavie médiévale, où un petit pourcentage d'hommes, au lieu de reprendre la ferme familiale ou de commencer une nouvelles vie dans les fjords, ont traversé les mers pour prendre la terre des autres par la force. Ce comportement d'envahisseur est resté un aspect dominant de cette culture, transmise à l'aristocratie anglaise, qui ensuite l'a emmené dans le sud esclavagiste des États-Unis, où elle a fini par engendre ce qui se nomme aujourd'hui le Parti Républicain. ». Manque plus que les Reptiliens. 
            Au début de cette entretien, qui aborde quand même quelques questions de cinéma, John McTiernan rappelle qu'il rêvait d'être anthropologue. Il a pourtant dû sécher les cours d'Histoire.
Ainsi Nicole Bacharan, politologue franco-américaine, spécialiste de la société américaine (Cf. Wikipedia™) affirme -t- elle de son côté (sur le site de Radio France™, un repaire de réactionnaires certanement) : « Les ancêtres des démocrates faisaient partis de l’élite des planteurs sudistes, des gens dont le mode de vie, la fortune reposaient entièrement sur le système esclavagiste. ».
            Si je me réjouissais de voir, un jour ou l'autre, John McTiernan revenir sur le devant de la scène cinématographique avec un projet, il se fera dorénavant sans moi. Ce discours hémiplégique qui va jusqu'à réveiller les morts de la Scandinavie médiévale, excuser les meurtres s'ils sont motivés par des revendications socioéconomiques, en oubliant visiblement qu'il fait du cinéma me navre.
            Si selon sa  nomenclature, Eastwood est un connard tout en ayant fait des films respectables, décents et humains, McTiernan est selon la mienne, un trou du cul qui a fait quelques bons, voire de très bons  actioners, très divertissants. 
Mais les prochains se feront donc sans moi.       

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