Certains voient - dans « The Killer » de David Fincher, une glorification de l’individualisme et du héros capitaliste, pendant que d’autres mesurent son empreinte carbone. Assassin ubérisé par un David Fincher « intéressé par la violence de la lutte des classes » pour les marxiens. Film anticapitaliste lui demande-t-on alors !?
Quand ce n'est pas une invitation à réfléchir à nos existences qui sont, je cite : « de plus en plus compartimentées », grâce à une rage antisociale héritée de Tyler Durden, qui bout sous la surface. D'autres - déçus, se désolent de peiner à entrapercevoir la critique du capitalisme qu’ils attendaient.
Et cætera….
Peu semblent avoir vu un divertissement au 1er degré, qui - pour créer de la dramaturgie - glisse un grain de sable dans la mécanique bien huilée d’une routine, qui sans cet obstacle inattendu n’aurait rien eu de bien palpitant à raconter.
Même le dénouement, qui semble apporter du grain à moudre à une grille de lecture dominants/dominés (profilée pour l'air du temps), est surtout là pour déjouer les pronostics de ceux qui se seront pris au jeu du divertissement en question.
Tout commence par un album de bande dessiné(e) par Luc Jacamon et scénarisé par Matz, sobrement intitulé Le Tueur1998, commercialisé par Casterman™, dont la traduction outre-Atlantique - en 2006 - attise l’intérêt du côté d’Hollywood©. Parmi les offres d’adaptation figure celle de David Fincher.
17 ans plus tard, et une collaboration en 2013 entre Matz & Fincher sur l'adaptation en BD du roman de James Ellroy, Le Dahlia noir (sans oublier la rumeur d'une série télévisée), « The Killer » sort sur Netflix™, l’entreprise américaine de SVoD. Avec qui par ailleurs, David Fincher est en contrat depuis 2020.
Scénarisé par Andrew Kevin Walker, le film garde néanmoins ce qui faisait déjà la spécificité du personnage principal : ses monologues (en voix off) omniprésents.
Gillermo del Toro c'est fendu d'un avis sur Twitter© : « The Killer est un beau film de Bronson, écrit par Sartre et filmé par Melville avec la vivacité d'un Siegel [..]», Fincher cite d'ailleurs volontiers Don Siegel, et moi j'ai pas mal pensé à The Mechanic1972 de Michael Winner (avec justement Charles Bronson).
Bref tout ça vous donne un parfum très seventies. Sauf que David Fincher filme l'implacable chasse à l'homme d'un tueur du XXIème siècle, qui laisse de côté pour le coup (sic) son détachement professionnel. Enfin, plus ou moins.
Un 21ème siècle dont la litanie des marques© nous plonge presque dans un état hypnagogique, comparable au jet lag du héros. Et que les mauvaises langues assimilent à un placement de produits.
Un scénario finalement très linéaire, qui laisse toute latitude au réalisateur de faire montre de la maestria qu'on lui connait, dont le résultat est une spontanéité & une simplicité (n'en doutons pas) inversement proportionnelles à ce que la mise en scène et la direction d’acteur ont dû être.
Très bon film de (mauvais) genre, qui nous offre en sus une très belle affiche, signée Neil Kellerhouse et James Patterson à l'esprit très paperback.
PS : « Il n'y a d'autre Loi que Fais ce que tu veux » est une citation d'Aleister Crowley.
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