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L'Italien [Arturo Pérez-Reverte / Robert Amutio]

Trouver, aujourd'hui, un roman d'aventures écrit par une pointure de la littérature relève de la Mission : Impossible. Sauf si vous connaissez Arturo Pérez-Reverte.
« L'Italien », son dernier roman en date paru en France, en est l'un des meilleurs exemples. 
          En plus d'écrire des romans d'aventures qui ne s'en cachent pas, l'auteur espagnol n'hésite jamais à nous inviter sur des territoires de l'imaginaire peu fréquentés.
Même si pour le coup, il s'inspire ici de la réalité historique.
Voyez vous même.
L'action de « L'Italien » se déroule entre Algésiras et Gibraltar, pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour rappel, Gibraltar est un territoire britannique situé sur la côte sud de l'Espagne, en Méditerranée. Algésiras est espagnole, et l'Espagne de Francisco Franco est alors neutre (ou disons, non-belligérante).
En m'avançant un peu, je dirais que Gibraltar est alors ce que deviendra Berlin dans l'immédiat après-guerre.
            C'est dans ce contexte qu'Elena Arbues une libraire espagnole découvre un homme échoué sur la plage, à proximité de sa maison.  
Cet homme se révélera être Teseo Lombardo, un nageur de combat italien.
             Il appartient en effet à une unité d'élite de l'armée italienne, fondée en 1918. 
En 1935, lorsque l'Italie de Mussolini envahit l’Éthiopie, elle se heurte à la Marine du Royaume-Unis. C'est là que la Marine italienne (Regia Marina) relance sa torpille pilotée par des plongeurs, qu'elle avait expérimentée avec succès contre le cuirassé austro-hongrois Viribus Unitis, en novembre 1918.
La baisse de la tension internationale met en pause les projets liés à cette nouvelle arme, jusqu'en 1938.
Lorsque la guerre est déclarée, le 10 juin 1940, l'Italie dispose alors d'une unité pleinement opérationnelle, bénéficiant d'une avance technologique qu'aucun autre pays n'a alors atteint.
C'est à cette unité qu'appartient Teseo Lombardo.  
             « L'Italien » est donc un roman de guerre, qui se déroule sur un théâtre d'opération méconnu, ce qui ne participe pas pour rien dans son attrait.
Mais « L'Italien » c'est aussi, comme le dit Arturo Pérez-Reverte, une mise au jour de ce qui fait un héros : le regard des autres. 
En l’occurrence ici, celui d'Elena Arbues, femme cultivée qui voit en Teseo Lombardo un Ulysse réincarné.
            Roman d'aventures donc, récit de guerre sur une page méconnue de la Seconde Guerre mondiale, « L'Italien » c'est aussi un point de vue non-conformiste, comme Pérez-Reverte l'avait déjà fait avec sa magnifique série Falco.
Et vous l'avez deviné, « L'Italien » est aussi, et surtout, une histoire d'amour.
Une réussite !
_______________
• Pour ceux qui voudrait en savoir plus sur la Decima Mas, la revue Guerres & Histoire a proposé un article très intéressant dans sa 34ème livraison.    

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