C'est l'actualité récente qui m'a donné envie de lire « Soumission » de Michel Houellebecq.
Ainsi, à l'occasion de l'arrivée à Matignon de François Bayrou, d'aucuns ont cru bon d'évoquer la « prophétie » de Houellebecq, lequel nommait le maire de Pau Premier ministre, dès 2022, dans ledit roman ; commercialisé, je le rappelle en janvier 2015.
Voilà ce qu'en dit Alain Tanneur, un personnage du roman, par ailleurs fonctionnaire de la DGSI : « Ce qui est extraordinaire chez Bayrou, ce qui le rend irremplaçable [..] c'est qu'il est parfaitement stupide, son projet politique s'est toujours limité à son propre désir d'accéder par n'importe quel moyen à la “magistrature suprême”, comme on dit ; il n'a jamais eu, ni même feint d'avoir la moindre idée personnelle ; à ce point, c'est tout de même assez rare. Ça en fait l'homme politique idéal pour incarner la notion d'humanisme, d'autant qu'il se prend pour Henri IV, et pour un grand pacificateur du dialogue interreligieux [..] ».
Reste que je m'étais fait une idée préconçue de
« Soumission »
Si je connaissais Michel Houellebecq de réputation, je n'avais jusque-là rien lu de lui, hormis un opuscule qu'il a écrit sur Lovecraft. Bref, rien !
En outre en 2014 et en 2015, j'étais aux antipodes de me soucier de ce roman, et du battage qu'il avait alors suscité, surtout à gauche d'ailleurs.
Publié le jour même de l'attentat contre Charlie Hebdo™ par des terroristes musulmans, l'image de « prophète » de l'auteur de « Soumission » ne risquait pas de se ternir de si tôt. Alors qu'elle aurait dû.
Toujours est-il qu'entre les déclarations du natif de la Réunion, lâchées sur la chaîne des happy fews de Canal+™, en 2001, disant que « la religion la plus con, c’est quand même l’islam » ; et celles faites au magazine Front Populaire™, qui lui vaudra une plainte de la grande mosquée de Paris, avant qu'il ne fasse volte-face ; et je n'oublie pas le traitement que lui a réservé la gauche culturelle entre deux : « Houellebecq est-il d’extrême droite ? » se demandait le Nouvel Obs™ ou encore, l'inénarrable Laurent Joffrin, alors chez Libé™, pour qui la publication de « Soumission » était « une date dans l’histoire des idées qui marquera l’irruption — ou le retour — des thèses de l’extrême droite dans la haute littérature », etc..
Bref je m'attendais à un brûlot.
« L'islam est par essence radical,
en revanche les musulmans peuvent être modérés par ignorance.
Si on lit le texte, il y a un appel au djihad »
Sonya Zadig
« Soumission » est essentiellement l'histoire de François, un professeur spécialiste de Huysmans, qui entre les pipes de sa petite amie et ses escapades tarifées auprès d'escortes, promène son mal-être entre le XIIIème arrondissement et l'université Paris III. Avec en toile de fond, il est vrai, l’accession de Mohammed Ben Abbes, à la présidence de la république.
Et c'est là que le bât blesse.
En effet, le candidat de la Fraternité musulmane (et Michel Houellebecq, franchement timoré pour le coup) donne à voir un islam quasi franchouillard, si j'ose dire ; en total décalage avec l'islam que l'on connait. Et que l'on connaissait déjà en 2014.
Et qui par ailleurs se rappellera à nous, de façon macabre, le 7 janvier 2015, jour - justement, de la sortie de « Soumission ».
Comme le disait Lacan, qui n'a pas dit que des conneries, il en a fait aussi ; « le réel, c'est quand on se cogne ».
Sans vraiment forcer, « Soumission » est plutôt un roman qui donne à lire une islamisation de la France quasi naturelle, sans heurts. Même les femmes, voire les adolescentes, qui deviennent une monnaie d'échange (via la polygamie) en plus de salaires mirobolants dans l'enseignement, ne regimbent pas. La charia y est décrite finalement plus comme une mode vestimentaire, et un moyen de résorber le chômage, que d'une chosification de la femme.
Alors certes, la mainmise de l'islam sur l'enseignement est total, mais la manière dont Michel Houellebecq présente les choses, on se demande pourquoi ce n'est pas déjà fait.
On est très loin de la violence réelle qui s'exerce sur les membres du corps enseignant qui osent dire à une élève d'enlever son voile, ou des atermoiements autour de l'abaya.
Oui, toute ressemblance entre « Soumission » et la vie quotidienne en France est pure coïncidence
« Soumission » est au final un roman très bien écrit, si j'en juge par la facilité avec laquelle il m'a captivé, alors que d'ordinaire la vie de François me serait tomber des mains.
Et je crois pouvoir dire qu'on a fait un très mauvais procès au lauréat du Goncourt 2010.
Il est clair, en tout cas pour moi, que si je devais faire une critique disons
« politique » de ce roman, c'est d'être un roman islamo-gauchiste (oui je sais, ça n'existe pas).
« Soumission », à aucun moment, ne montre les dangers de l'islam, mais plutôt ses bienfaits.
Non pas en le décrivant tel qu'il est, mais plutôt comme certains voudraient nous faire croire qu'il est. D'un côté Charles Péguy, de l'autre Delphine Ernotte, pour le dire vite
La France du roman oscille donc entre le Pays de Oui-Oui, et celui des Bisounours.
Et c'est pourquoi je disais en ouverture, que l'image de « prophète » de Houellebecq aurait dû cesser le 7 janvier 2015. L'attentat est totalement absent de la France que décrit Michel Houellebecq.
« Soumission » est au fond, une réclame pour une France islamisée.
Et malheureusement, je dois dire que c'est plutôt bien fait. C'est même très bien fait !
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