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Relay [Justin Piasecki / David Mackenzie / Riz Ahmed / Lily James & Sam Worthington]

« Relay » ou « L’Intermédiaire » est un film dont le scénario a été écrit par Justin Piasecki. 
            Il s’agit de ce qu’on appelle communément un spec script ; autrement dit un scénario écrit sans avoir été commandé par quiconque, ni en lien avec une société de production. Il a cependant été considéré comme suffisamment bon pour apparaitre sur la Black List™ de 2019. 
La Black List™, contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, est le classement annuel des scénarios les plus appréciés, mais qui ne sont pas encore financés. Des films comme Argo ou Le Loup de Wall Street y ont fait une apparition en leur temps. Et donc celui de Piasecki. 
            C’est finalement le réalisateur David Mackenzie qui en hérite. Il a, pour mémoire, auparavant réalisé l’excellent Comancheria [Pour en savoir +], et le pas mauvais non plus Outlaw King : Le Roi hors-la-loi. On a vu pire comme départ. 
            Toutefois l’idée de « Relay » nécessite un petit effort de suspension d'incrédulité. 
En effet Ash, est un « fixer », pourrait-on dire, c’est-à-dire quelqu’un qu’on rémunère pour résoudre les problèmes des autres. 
            Dans le film Ave, César ! Josh Brolin joue un fixer bien réel, Edward Mannix ; récemment Garth Ennis a écrit un scénario de BD Eddie the Fix qui se passe aussi dans le milieu du cinéma, mais revisité façon Hammer Films™ ; où Eddie est donc un fixer. <sourire>
Voilà pour vous donner quelques exemples. 
Mais on en trouve aussi dans le journalisme (c'est même là que j'ai appris le mot), les « plombiers » de l’affaire du Watergate sont parfois aussi considérés comme des fixers. Vous voyez l’idée. 
            Là, en ce qui nous concerne, Ash est quelqu’un à qui des lanceurs d’alerte font appel quand ils ne désirent plus aller au bout de leur dénonciation, mais qu’ils se sont trop engagés pour que leur cibles ne les connaissent pas. <DANGER> 
Ash
se charge alors de protéger le lanceur d’alerte qui le sollicite, de récupérer les documents compromettants - qu’il remettra à ceux qui ne veulent pas qu’ils s’ébruitent, contre rémunération. Tout en en gardant une copie desdits documents pour protéger son client, qui n'a alors qu'un souhaite, reprendre une vie normale. Dilemme en vu !
            Si on y pense sérieusement, il faut, de la part des entreprises (car il s’agit surtout de ça), une sacrée dose de confiance envers le fixer, qui reste bien entendu anonyme. Pour son propre bien, et celui de son client. 
            Reste que ça marche à l’écran. Riz Ahmed, Lily James et Sam Worthington (mais le reste de la distribution joue sa propre partition à la hauteur de ce qu’on attend d’eux), la réalisation et la direction d’acteur (le personnage de Worthington est particulièrement crédible notamment lors des appels téléphoniques), sans oublier le montage ; bref tout concoure à nous immerger dans l’intrigue. 
            D’autant qu’il y a quelques trouvailles qui sortent de l’ordinaire, comme le système qu’utilise Ash pour communiquer avec ses clients. 
Mais comme le disait le maréchal Prussien Helmuth von Moltke, et d'une façon plus prosaïquement Mike Tyson : « Aucun plan ne résiste au premier coup de poing dans la gueule ! ». 
            Car oui, aussi professionnel que soit Ash, la détresse de sa nouvelle cliente ne le laisse par de marbre. D’autant qu’il a - lui aussi, un passé qu’il tente de conjurer en fréquentant les réunions des Alcooliques Anonymes™. 
            Comme je le disais, « Relay » est un film captivant. Jusqu’à ce qu’Ash déroge à sa manière d’opérer. 
Et à ce moment-là je me suis dit qu’on allait basculer dans un tout autre film, et que la très bonne première heure allait être gâchée par une subite inondation d’eau de rose. Que nenni ! Visiblement Justin Piasecki est bien plus malin que je ne le suis, et « Relay » joue juste jusqu’à la toute fin. 
            « Relay » est un très très bon thriller (avec son ambiance paranoïaque directement venue des seventies) où rien n’est à jeter. L’un des meilleurs films que j’ai vus cette année.

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