Accéder au contenu principal

Ægypt

... Ægypte de John Crowley est le roman qui débute une tétralogie (dont seulement deux romans ont été traduits) chez Rivage/Fantasy ; publié en 1987 dans sa langue d'origine et traduit en 1996 par Monique Lebailly.
Une traductrice qui n'hésite pas à utiliser les "notes de bas de page" ou N.d.T  ce qui n'est pas pour me déplaire, en étant je dois l'avouer assez friand. 
Pour ce premier tome j'en ai dénombré 115 au total.

Si certaines d'entre elles¹ bénéficieraient d'une "réactualisation" bienvenue telle celle sur Le Rameau d'or de James Frazer qui apparaît ici sous son titre d'origine The Golden Bough, mais rien qui ne vaille de fouetter un plat ou d'en faire un chat ; il apparaît qu'outre leur valeur culturelle indéniable c'est surtout le dialogue qui s'installe entre la traductrice et le lecteur au travers de ces notes qui surprend et captive.

Par exemple : "Il s'agit sans doute d'une des deux constellations, Ursus major ou Ursus minor", sans doute ? Puis, autre exemple : "Taisons-nous comme l'auteur, qui reparlera de Raymond Lulle [..], ce qui nous donnera l'occasion de vous offrir une petite note en bas de page sur ce philosophe " (page 208), ou encore "Il s'agit bien de Dennis la Menace [...]", voire "Peut-être pouvons-nous lui souffler qu'il s'agit de Jimminey la conscience de Pinocchio dans le film de Walt Disney" qui répond à la question que ce pose l'un des personnages du roman. Entonnant non ?!


Ces N.d.T. ne sont pas sans évoquer en ce qui me concerne Raoul Chatigré le chat de Léonard.

... Hormis le plaisir que j'ai pris en lisant ces notes de la traductrice., en y repensant je me suis demandé si la démarche de Monique Lebailly ne participait pas du sujet même du roman de John Crowley. Coïncidence ou évènements confluents² ?

Ainsi alors que je lisais Ægypt j'écoutais en même temps les émissions auxquelles a participées Daniel Arasse historien de l'art (et magnifique orateur) pour France Culture, sans me douter que dans l'une d'entre elles il serait question de l'Art de  mémoire (Ars memoriæ).....



un art auquel John Crowley consacre une large place dans son roman, et dans lequel mais vous l'avez déjà compris en voyant l’illustration de ce billet John Dee apparaît. Un roman écrit par quelqu'un qui s'appelle Crowley. 

... Or donc un roman étonnant qui m'a donné envie d'en lire la suite.


___________________________________________________________
1. Les leys dont Monique Lebailly précise en N.d.T. "Parcelle laissée en herbe quelques années". Or, il s'agit  ici des ley lines½ ou "lignes de leys" concept théorisé par Alfred Watkins dans les années 20, et repris dans les années 60 par la vague New Age. Si pour Watkins les leys sont des alignements "sur des kilomètres de campagne d'un grand nombre d'objet, ou de sites d'objets, datant de la préhistoire" qui sont "des faits allant au-delà d'une coïncidence accidentelle" le New Age en fera des "lignes de force" ou de "pouvoir" (Cf. Psychogéographie de Merlin Coverly) c'est-à-dire des lignes reliant les lieux de pouvoir spirituel ancien.

1/2. Les ley lines que l'on peut retrouver dans le roman La Forêt des Mythagos de Robert Holdstock (1984), que William Desmond traduit par "levées matricielles" et dans la nouvelle éponyme (1982) traduit par E. C. L. Meistermann par "matrice de guérets" : "Alfred Watkins avait rendu visite à plusieurs reprise à notre père et lui avait montré sur une carte de la région que des lignes droites reliaient les lieux de pouvoir spirituel ancien ; les tumulus, pierres et églises de trois culture différentes. Il appelai ces lignes des guérets et croyait qu'elles existaient en tant que forme d’énergie terrestre passant sous le sol mais influençant ce qui se tenait dessus".

2. Evénements confluents : manifestation de la tendance d'intégration de type a-causal qui paraît les rendre signifiants. Voir Arthur Kœstler les racines du hasard.

Commentaires

  1. Megalithes:
    http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSelectDep.aspx?Projet=France

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich