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Super-héros du réel (Nadia Fezzani)

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.. Voici un extrait d'un entretien accordé au magazine Sport & Vie ( n° 151 juillet-août 2015) par la journaliste Nadia Fezzani au sujet des "super-héros du réel".
Le précédent livre de Nadia Fezzani porte sur les tueurs en série, cet ouvrage fait l'objet de la première partie de l'entretien que je ne reproduit pas, ceci explique ce qui suit.

[..] Les tueurs en série témoignent qu'ils se sentent puissants lorqu'ils tiennent la vie des autres personnes entre leur mains ... Tout comme les super-héros qui se sentent puissants et en contrôle lors de leurs patrouilles.
Sport & Vie : Effectivement, votre dernier ouvrage s'intéresse aux super-héros. On parle ici de personnes qui s'inspirent des personnages de Comics pour faire le bien autour d'elles, à la manière de Batman et de Superman. 
Nadia Fezzani : C'est cela. Je souhaitais aborder un sujet plus léger et positif après avoir traité celui des tueurs en série. Ils sont nombreux dans le monde à s'inspirer de personnages fictifs. Ils s'habillent comme eux et patrouillent la ville en bons samaritains. Ce phénomène existe au Mexique où les Peatónito traquent l'incivilité routière. Au Japon, des individus qui se font appeler "Power" aident les personnes à porter sacs et bagages dans les escalators ou les ascenseurs à proximité du métro de Tokyo. En Amérique du Nord aussi, des super-héros se targuent de protéger la veuve et l'orphelin. Actuellement, on recense environ 600 super-héros dans le monde. C'est un phénomène qui date d'il y a environ vingt ans, mais qui connait un regain de popularité depuis huit ans. On peut l'expliquer de différentes manières : l'allongement de l'adolescence, le besoin de se faire remarquer, mais surtout la reprise de pouvoir après avoir été eux-mêmes victimes d'abus divers. Il faut tenir compte aussi de l'hyperactivité médiatique. Les informations s’enchaînent à grande vitesse et ne laissent de place qu'aux personnes et aux comportements stéréotypés. Ces nouveaux super-héros constituent des sujets intéressants pour des petits reportages de type folkloriques dont raffolent les télévisions et les journaux. Puis on passe à autre chose. D'ailleurs, ces super-héros font rarement preuve d'assiduité. Après plusieurs nuits à patrouiller pour rien, la plupart se découragent. Ceci dit, on en trouve aussi qui persévèrent et gardent le rôle pendant des années. 
 
Phoenix Jones
S&V : Quelles sont leurs motivations ?
N F : En fait, le sujet s'est révélé bien moins rose que ce que j'imaginais. A mon sens, les "vrais super-héros", ceux qui se vouent sincèrement à cette tâche, ne constituent que 10% de l'ensemble. En réalité, à l'exception bien sûr des tueurs en série, ces super-héros présentent les profils psychologiques les plus sombres qu'il m'a été donné de rencontrer. Ils forment une microsociété hétérogène dont la belle façade trompeuse cache des haines féroces. Comme les tueurs en série, ils ont traversé des événements difficiles dans leur enfance. Ils ont alors trouvé refuge dans la lecture des Comics du style Batman ou Spiderman. Eux aussi se caractérisent par un grand besoin de pouvoir. Leur obsession de faire le bien cache en réalité une grande soif de pouvoir. Autre point commun, ils se fichent en général du danger et n'hésitent pas, le cas échéant, à mettre leur vie en péril. j'ai posé la question à l'un d'entre eux : "Vous savez que n'importe qui peut vous tuer. Pourquoi prenez-vous ce risque ?" Il m'a répondu que le risque zéro n'existait pas et que personne ne savait de quoi demain serait fait.

S&V : Comment font-ils pour affronter les situations à risque ? 
F Z : La majorité d'entre eux ont suivi des formations pour se spécialiser dans une discipline. Par exemple l'Américain Phoenix Jones est un professionnel de Mixed Martial Arts (Arts Martiaux Mélangés). Tout comme son frère Caros Fodor, qui lui ne prétend pas au titre de super-héros. Certains ont été policiers ou soldats. D'autres sont ambulanciers et capables donc d'administrer les premiers soins. Dans le lot, on trouve aussi des femmes qui se targuent de venir en aide plutôt à des victimes féminines. Enfin la plupart sont férus de technologie. Phoenix Jones et son équipe sont bardés de caméras type go-pro qu'ils utilisent pour filmer les délits et ainsi venir en aide aux autorités qui pourchassent les criminels. Parfois ils communiquent entre eux via un système de microphones. Ils disposent de gilets pare-balles et d'une batterie d'outils : poivre de cayenne, pistolet-taser, matraques, etc. En fonction de l'endroit où ils opèrent, ils essaient de rester dans la légalité. L'uniforme aussi les aide beaucoup. D'ailleurs j'ai fait le test, je me suis mise à leur place, et j'ai enfilé un uniforme moi aussi. Le vêtement procure un sentiment de responsabilité. Durant cet épisode, je me suis retrouvée pourchassée par un homme armé, mais étrangement, au lieu d'avoir peur, j'étais tentée d'aller à sa rencontre pour le raisonner. Je savais que je risquais de me faire tirer dessus mais j'espérais seulement que le coup ne serait pas fatal et je m'en remettais à mon gilet pare-balles. En vérité, le gilet n'est pas une protection à toute épreuve. Mais la poussé d'adrénaline gomme la réalité.
[....]

On peut lire ici un extrait de l'ouvrage de Nadia Fezzani.

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