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John Wick

John Wick est donc un ex-tueur à gage qui prend une dérouillée avant de se faire voler sa voiture, et tuer son chien.
Suite à cette altercation macabre (où on le suppose diminué par la mort de sa femme toute récente), il est dit aux spectateurs, par la voix d'un des protagonistes du film, un vrai dur-à-cuire en l’occurrence, que ce John Wick est le nec plus ultra de la profession, un boogeyman
Ou plutôt, un baba Yaga, c'est-à-dire, dans le lore du film, celui qu'on envoie mettre un terme à la vie des boogeymen, capisce
Presque un sur-homme en somme. 
Mais alors comment peut-il prendre une raclée aussi sévère, sans réagir, si tel est bien le cas ?
            OK ! je comprends bien sûr que pour créer l'empathie du spectateur, le héros a besoin de perdre, ce qui créé de la frustration chez ledit spectateur et un lien avec le personnage, blabla .... 
Mais il y a quand même pour moi, un bon quart d'heure de trop au début du métrage. Et surtout, tout cela aurait dû être condensé. Et surtout mieux traité. 
Par exemple, John Wick aurait pu être absent de chez lui, on lui vole sa bagnole et on tue son chien : vengeance
L'honneur est sauf, et l'empathie est quasi identique. 
Clin d’œil d'un tueur à un autre : Shibumi
            Bien sûr il a pris sa « retraite » nous dit-on, il s'est ramolli. 
D'accord !
Mais compte tenu du passé du bonhomme, et de ce qui arrive ensuite dans l'histoire c'est assez difficile de croire que l'affûtage de sa détente mentale (l'état d'esprit que les américains appellent « sharpening the mental trigger ») se soit émoussé à ce point.
Ceci étant il n'y a pas que ça.
Lorsque le Milieu russe apprend qu'il est de retour et que comme chacun sait, la vengeance est plutôt un plat qui se mange chaud, voire bouillant ; une expédition de « représailles par anticipation » est lancée. À la bonne heure !
On a donc, là aussi, affaire à des professionnels aguerris, et que font-ils ?
Eh bien, ils pénètrent chez John, encagoulés, avec des armes de poing et des lampes-torches. Déjà porter des cagoules pour tuer quelqu'un n'a pas beaucoup de sens, du moins si le boulot est bien fait. La victime ne va pas aller cafter.
On sent déjà une valse hésitation entre esthétisme et disons, vraisemblance, de la part des metteurs en scène. Même si pour le coup c'est aussi une manière d'utiliser les mêmes cascadeurs tout au long du film, dont acte ! 
Et puis question esthétisme, les scènes de Gun-fu sont très réussies, en plus d'être innovantes. Pour la petite histoire, j'ai par ailleurs appris qu'elles avaient été mise au point bien avant « John Wick », et d'ailleurs proposées à Jason Statham (pour Safe) et qu'il n'en avait pas voulu. Monumentale erreur !
             Cependant pourquoi ne pas leur faire porter un casque d'intervention plutôt qu'une cagoule à la con ? 
Et les doter d'armes automatiques (on a quand même affaire à un type qui surclasse tous ceux de sa profession), et surtout utiliser des intensificateurs de luminosité ou d'autre appareils de vision nocturne (type Quadri Eyes, par exemple), plutôt que des lampes-torches ?
Sans parler de l'infrarouge et de la vision déportée.
            Nous sommes, qu'on le veuille ou non, à l'ère du « soldat augmenté » et il semble peu probable que la mafia russe soit à la traîne de ce côté-là. Surtout que l'argent ne manque pas ; il n'y a qu'à voir le montant de la prime pour la tête de John Wick.
            Les problèmes d'utilisation de la lampe-torche avait déjà été soulevés par les «rats des tunnels » durant la guerre du Vietnam notamment, ces derniers s'étaient rendus compte qu'ils offraient -surtout - de magnifiques cibles ; la lampe faisant office de visée laser, mais en faveur de l'adversaire.
Autant pour les soldats américains de l'époque les solutions étaient-elles limitées, autant pour la mafia russe elle sont plus nombreuses.
Qui plus est, les metteurs en scène passent à côté de l'ambiance qu'il est possible de créer avec ce genre d'ustensile, rappelez-vous X-Files
            Bon c'est aussi leur premier film en tant que réalisateurs.
D'où aussi, cette propension d'ailleurs à s'attarder sur les sentiments de John Wick au début du film.  
Chad Stahelski et David Leitch qui avaient déjà une réputation dans la direction des cascades, et des tournages en tant que réalisateurs de deuxième équipe, ne voulaient pas qu'on les voit - seulement - comme des action men. Las ! c'est vraiment là qu'ils sont les meilleurs comme les suites de la franchises le prouveront, ou les films que tournera Leitch, seul aux commandes. 
Mais revenons à nos moutons, si je puis dire. 
           « John Wick », le film, a cependant pas mal d'atouts : la subtilité d'un obus de 125, au moins une mégatonne d'énergie brute, et un sens de la spatialisation qui ne transforme pas l'action en gloubi-boulga visuel stationné impasse de la lisibilité.
            Reste qu'une analyse « opérationnelle » d'un film d'action, est une entreprise un peu vaine. Si elle est intéressante comme expérience de pensée, elle ne dit rien sur le film lui-même, lequel répond à d'autres exigences. Surtout un film comme « John Wick ».   
Verdict  : Pas mal du tout.
Et puis si vous avez l'occasion de voir le documentaire Wick is Pain, ça vaut vraiment le coup. Moi, ça ma fait revoir ce film d'un autre œil.

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