Ma découverte du vingt-neuvième titre de la défunte collection Imagine de Flammarion, alors placée sous la direction de Jacques Chambon, passe par un autre roman de Benjamin Legrand au titre tout aussi énigmatique : Un Escalier de sable.
Ce dernier roman, paru en 2012, vient de bénéficier d'une adaptation en bande dessinée, et c'est en lisant son titre sur la couverture de la BD en question, que j'ai eu envie d'en savoir plus sur son auteur. Les choses étant ce qu'elles sont, c'est finalement La Face perdue de la Lune que j'ai lu d'abord.
••• Si Benjamin Legrand est longtemps passé sous mon radar, il n'en est pas pour autant un auteur débutant. Auteur de romans de science-fiction, de polars, de bandes-dessinées avec Tardi ou Druillet, c'est une immersion dans le quartier du Bronx à New York, entre 1966 et 1968, pour un film qui ne se fera pas, qui lui met le pied à l'étrier de l'écriture. On dit même qu'il a fait la une de plusieurs quotidiens en mai 68, il était revenu en France pour y passer son Bac, le visage dissimulé dernière un foulard et une barre de fer à la main. Bref Benjamin Legrand a roulé sa bosse comme on dit, et pour le coup c'est sur la Lune qu'il nous donne rendez-vous.
Unité de lieu, unité de temps
••• À partir d'un arrière-plan environnemental tout ce qu'il y a de plus crédible, et de terrifiant ; Benjamin Legrand construit une intrigue qui va crescendo. Je ne voudrais ni minimiser son talent ni essentialiser l'homme en rappelant qu'il est le fils du compositeur et chef d'orchestre Raymond Legrand et le frère de Michel Legrand musicien internationalement célèbre, mais l'auteur de La Face perdu de la Lune a un indéniable sens du rythme.
Difficile en effet de s'ennuyer en lisant cet excellent roman.
D'autant que ce n'est pas sa seule qualité.
D'aucuns ont pu, ici ou là, évoquer tel ou tel roman, tel ou tel film ; notamment The Thing du réalisateur John Carpenter. Alors certes, difficile de ne pas y penser, mais La Face perdue de la Lune ne partage avec ce film qu'un infime point commun (et il n'est pas le seul), qu'on oublie très rapidement.
Benjamin Legrand ne s'est pas contenté d'écrire une histoire haletante, dans un endroit exotique. Il a également bâti une solide société de la fin du XXIème siècle qui manœuvre la mécanique de précision de son récit aussi sûrement que ses personnages.
••• Fin connaisseur d'un genre polymorphe qu'il découvre à l'âge de 12 ans, Benjamin Legrand convoque quelques archétypes familiers de la SF, qu'il modèle à sa manière pour donner vie à un roman original et percutant.
Roman d'idées mené à tombeau ouvert La Face perdue de la Lune (2001) aurait pu être écrit aujourd'hui, il ne tient qu'à vous de le lire demain ; sans craindre qu'il ne perde ni son actualité, ni son énergie.
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