Autrement dit, tout objet vu au travers d'un morceau de spath d'Islande produit un décalage de lui-même.
S'il ne se résume pas uniquement à ça, tout l'art de Michael Marshall tient en ce qu'il est capable de prendre un thème, un archétype, et de lui donner une nouvelle lecture en décalage avec sa nature propre. Ou du moins celle communément reconnue par les lecteurs.
Et à partir de cette relecture, les extrapolations qu'imagine l'auteur tissent un roman parfois disruptif, mais toujours attrayant.
« Nous sommes là » ne déroge heureusement pas à la démarche créative que j'ai décrite.
Elle se double ici d'un flou savamment entretenu sur la nature de l'archétype en question, en plus d'une solide ironie romanesque. Laquelle veut que le lecteur en sache un peu plus que la plupart des protagonistes, durant une bonne partie du livre. Une manière souvent payante de raconter une histoire.
Or donc, « Nous sommes là » est un très bon thriller, étayé d'une ambiance fantastique, que l'ingéniosité de Michael Marshall réussit à rendre originale. David & Kristina, les deux personnages principaux agissent surtout comme les révélateurs d'une réalité discrète, permettant à leur créateur d'exprimer tout son talent dès lors qu'il est question d’insuffler la vie à des individus d'encre et de papier.
La fin, relativement ouverte, a deux vertus :
• Celle d'être congruente
• Et celle d’autoriser le retour de quelques-uns des personnage au potentiel évident (même si ce roman, paru en 2013 aux U.S.A. et traduit ici par Benjamin Kuntzer, n'a pas encore eu de suite)
En définitive, si « Nous sommes là » n'est pas le meilleur roman de Michael Marshall, il est toutefois de ceux dont je n'hésite pas à recommander la lecture.
À toutes fins utiles ce romancier, dont le talent de nouvelliste est encore supérieur à ses capacités sur la forme longue, publie également des ouvrages sous le nom de Michael Marshall Smith (et dernièrement sous le pseudonyme de Michael Rutger pour des romans pas encore traduits en français).
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