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Bon à tuer [Paola Barbato / Anaïs Bouteille-Bakobza]

Paola Barbato, autrice dont j'ai déjà parlée sur ce blog [Pour en savoir +], revient en France avec un troisième roman. Traduit de l'italien par Anaïs Bouteille-Bakobza, comme les précédents, celui-ci se déroule en partie dans le monde de l'édition littéraire ; comme son titre français peut d'ailleurs le laisse deviner. 
En effet, « Bon à tuer » n'est pas sans évoquer  le terme technique « bon à tirer », document qui autorise contractuellement l'impression d'un roman, entre autres, une fois toutes les parties concernées d'accord. 
       Ceci étant dit, « Bon à tuer » commence comme une enquête somme toute conventionnelle ; si ce n'est une ambiance de comédie à l'italienne. De celles qui associent la satire, l'ironie et la farce, mais surtout dans lesquelles les opprimés ne sont pas prêts à souffrir en silence.   
« L'imagination est comme un chien de chasse qui sort du brouillard, un canard dans la gueule. On ne sait pas d'où vient le canard, notre rôle est juste de le cuisiner du mieux qu'on peut, dit-elle en souriant. »
Et puis à la moitié du roman, Paola Barbato rebat les cartes, et s'aventure sur le terrain de le littérature postmoderne. Mais son coup de génie est de traiter la porosité du Quatrième mur™ de manière terre-à-terre si je puis dire, et surtout de ne jamais sacrifier son panache romanesque au jeu et au simulacre.
Le résultat est souvent vertigineux.

« Bon à tuer » gagne sans coup férir, sa place dans la catégorie des thrillers métaphysiques. Autrement dit « un texte qui parodie ou détourne de manière subversive les codes du récit policier traditionnel – tels que la clôture narrative ou le rôle du détective en tant que lecteur de substitution – en vue ou du moins avec pour effet, d’interroger les mystères de l’être et de la connaissance au-delà du simple artifice de l’intrigue policière. 
Les récits policiers métaphysiques mettent d’ailleurs volontiers en avant cette transcendance du questionnement par le biais de l’auto-réflexivité, c’est-à-dire via l’utilisation de stratégies de représentation qui, de manière allégorique, soulignent les procédés de composition du texte » ; selon la définition de Patricia Merivale et d'Elizabeth Sweeney.

« Bon à tuer » est une lecture hautement recommandée !    

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