David Galula (1919-1967) est un stratégiste français, passé par Saint-Cyr, qui a participé à la seconde Guerre Mondiale, et à la guerre d'Algérie.
Attaché d'ambassade en Chine auprès du colonel Jacques Guillermaz à partir de 1945, puis membre de la commission spéciale des Nations Unies dans les Balkans, il a l'occasion d'observer de très près la guerilla qu'y livre MaoTsè-Toung, ainsi que la guerre civile grecque. De 1951 à 1956 il est attaché militaire à Hong-Kong où il rencontre notamment des spécialistes américains et anglais de la contre-insurrection. Laquelle deviendra son champ d'expertise, fort de ce qu'il a appris en Chine et en Grèce.
De 1956 à 1958, il mettra en pratique ses théories en Algérie où il est affecté, et plus précisément dans le djebel Mimoun, en Grande Kabylie.
En 1958, retour en Métropole à l'État-Major de la défense nationale où il s'occupe plus précisément de la radio, un média très puissant à l'époque, et qui occupe un place importante dans ses théories contre-insurrectionnelles.
En 196o il est envoyé aux U.S.A. pour suivre des cours, il y soutient une thèse sur son sujet de prédilection, ce qui lui vaut d'être remarqué ; et après quelques péripéties bureaucratiques il devient « research associate » pour le Center for International Affairs de l'université d'Harvard.
La Rand Corporation™ (acronyme de « Research ANd Development »), un think tank, pour lequel il a fait des conférences lui demande un rapport sur son expérience algérienne. Ce sera Pacification in Algeria, qui ne sera traduit que près de 40 ans plus tard en français. Puis viendra Counterinsurgency Warfare : Theory and Practice.
Un livre plus théorique qui sera traduit par l'officier de cavalerie Philippe de Montenon, qui le découvrira alors qu'il faisait l'École de Guerre au Command and General Staff College de l'US Army de Fort Leavenworth.
Une lecture devenue alors obligatoire pour les officiers étasuniens sur ordre du général David Petraeus, mais dont Philippe de Montenon n'avait jamais entendue parler. Il n'était alors pas le seul militaire français dans ce cas.
C'est en effet via les États-Unis que David Galula est réapparu en France.
Et c'est son histoire, sous la forme d'une biographie intellectuelle, que raconte Driss Ghali dans son propre ouvrage.
D'une lecture très agréable, parsemé des propres réflexions de Driss Ghali, cette biographie intitulée « David Galula et la théorie de la contre-insurrection » est un essai qui dresse le portrait d'un militaire atypique, dont les idées et le profil sont à l’opposé - par exemple - de ceux de Paul Aussaresses, son contemporain.
Ce dernier, plus sulfureux (si je puis me permettre), a par ailleurs bénéficié, fut un temps, d'une large couverture médiatique, contrairement à Galula. Ceci expliquant sûrement cela.
Si vous vous intéressez à la chose militaire, il y peu de chance que je vous apprenne quelque chose ici.
Si ce n'est pas le cas, la lecture de cet essai, qui est aussi une page d'Histoire, donne un aperçu de la guerre d'Algérie, certes bref, mais très loin des clichés et des raccourcis spectaculaires auxquels la presse nous habitue.
Une petite anecdote en passant ; avant de commencer l'ouvrage de Driss Ghali, j'ai revu L'Honneur d'un capitaine, l'excellent film de Pierre Schendoerffer, où Jacques Perrin campe une sorte d'avatar de David Galula. Un film qui lui aussi bas en brèche la litanie pastorale avec beaucoup de finesse et d'élégance. Deux qualités que partage d'ailleurs « David Galula et la théorie de la contre-insurrection ».
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