Fils de général, Joe Haldeman part faire la guerre du Vietnam contre son gré en 1967. Il en reviendra blessé en 1968, et décoré de la Purple Heart. « La guerre éternelle » s'inspire de cette expérience.
À tel point que le nom de son personnage principal, Mandella, est un quasi acronyme du sien, et que son héros rencontrera un autre personnage appelé Marygay Potter, le nom de sa propre épouse. Il fera également vivre un entraînement hivernal aux jeunes recrues de son histoire, comme lui-même en avait subit un pendant ses classes, au cœur du Missouri, alors qu'il allait combattre dans la jungle du Sud-Est asiatique.
Le roman commence d'ailleurs par un souvenir très précis de cet entraînement apparemment contre-intuitif : « — Ce soir, nous allons vous montrer huit manières de tuer un homme ; elles sont toutes silencieuses. »
Souvent présenté contre un roman anti-militariste, ce dont se défend d'ailleurs Haldeman ; pour lui « La guerre éternelle » est une dénonciation de la guerre, ce roman ne perd cependant rien - au contraire - à être lu au premier degré.
Souvent présenté contre un roman anti-militariste, ce dont se défend d'ailleurs Haldeman ; pour lui « La guerre éternelle » est une dénonciation de la guerre, ce roman ne perd cependant rien - au contraire - à être lu au premier degré.
Si je ne nie pas l'ambition - un peu naïve - de l'auteur, rien chez son personnage ne la cautionne. William Mandella est en effet un homme qui subit le cours des choses, et ne se révolte jamais devant ce qui arrive.
« La guerre éternelle » est surtout intéressant, de mon point de vue, en tant qu'il présente une vision singulière de l'avenir telle qu'on pouvait l'envisager depuis les années 1970. En gardant cependant à l'esprit que la science-fiction n'a pas vocation à prédire l'avenir.
Et si d'aventure vous la dotiez toutefois de ce don, nul doute que la lecture de ce roman vous en montrera les limites.
Par exemple, alors que l'histoire commence en 1997 (le futur pour l'auteur au moment où il écrit), et tout en étant pourtant anti-guerre, Joe Haldeman n'imagine pas que les États-Unis d'Amérique auraient pu participer, entre temps, à d'autres conflits que la guerre du Vietnam. Dans un autre registre, ses spéculations sur la manière d'enrayer les problèmes démographiques qui se posent dans son récit paraissent ahurissantes, et semblent surtout là pour titiller la fibre « conservatrice » des lecteurs étasuniens des années 1970.
D'un autre côté, j'ai trouvé stimulant ce que l'auteur fait des voyages effectués à différents pourcentages de la vitesse de la lumière. Ainsi les extraterrestres ennemis de l'Armée d'Exploration des Nations Unies pouvaient aussi bien venir du passé que du futur du héros et de ses camarades. Tout en sachant que les ennemis en question, appelés Taurans, calquaient leur manière de combattre sur les soldats de l'AENU. Mandella et ses camarades pouvaient tout aussi bien tomber sur des adversaires techniquement en avance ou en retard. Cela dit, ne vous attendez pas à être immergé dans des combats épiques, « La guerre éternelle » est peut-être longue (surtout vers la fin), mais elle est surtout ennuyeuse.
Et c'est là où le bât blesse.
En effet, tout à sa dénonciation, et visiblement très marqué par cette période de sa vie. Joe Haldeman a écrit un roman naturaliste grâce au journal qu'il tenait sur place, intitulé Au service de la guerre, dans lequel il dénonçait déjà la guerre, deux ans avant de faire paraître « La guerre éternelle » ; il fait donc fort logiquement tout pour ne pas l'enjoliver. En prenant tout aussi soin de ne pas faire de ses personnages des héros.
Et au final on s’ennuie autant qu'eux.
Et comme disait l'autre, de bons sentiments ne font pas forcément de bons romans.
Même si à sa décharge, je gardais un bien meilleur souvenir de cette histoire que ma relecture ne manquera pas de me laisser.
Sachez pour finir, qu'au départ le manuscrit original, qui a eu du mal à trouver preneur, était un peu différent de ce qui a finalement été publié. À l'occasion de sa réédition en France, avec une nouvelle traduction de Patrick Imbert, c'est cette première version qui a été choisie, tout en proposant - également - la version remaniée.
Bonjour artemus, je pose ici ma question ne sachant pas où la mettre.
RépondreSupprimerJ ai souvenir d avoir lu sur ce blog que tu faisais remonter le premier super heros au conte des milles et une nuits mais je n arrive pas à retrouver l article.
Pourrais tu me l.indiquer ?
Salut, il doit s'agir de Haroun al-Rachid ; dont je disais qu'il était à l'origine de la figure du justicier masqué au travers du motif dit du « prince déguisé».
SupprimerJ'en parle dans l'article sur le Lone Ranger : [https://artemusdada.blogspot.com/2013/10/lone-ranger-2013.html], le film de 2013.
Merci beaucoup artemus.
SupprimerJ imagine bien que le forum ne te manque pas, mais l inverse n est pas vrai.
Cela ferait plaisir à beaucoup de monde de t y recroiser, je suis sur.
Merci encore pour la réponse, je m arrachais les cheveux pour retrouver la référence.