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Shot Caller / L'Exécuteur

Ric Roman Waugh connait plutôt bien le milieu carcéral étasunien, car, pour l'un de ses précédents films, il avait travaillé en tant qu'agent de libération conditionnelle bénévole en Californie. Sans que personne ne sache - bien évidemment- qu'il travaillait dans le cinéma. 
Une expérience sans filtre qui lui sera donc également profitable pour « Shot Caller », un film de moins de 10 millions de dollars, sorti aux États-Unis en 2017. 
            Titré bêtement, et surtout sans rapport avec la signification de son titre original « L'Exécuteur », pour sa sortie francophone Direct-to-vidéo (DTV), ce long-métrage de deux heures raconte l'histoire de Jacob Harlon, un homme d'affaires de Pasadena (CA), qui verra sa vie familiale épanouie et ses prometteurs projets professionnels disparaitre suite à un funeste accident de la circulation. 
Envoyé en prison, où il côtoiera des criminels professionnels (si j'ose dire), il fera tout pour y survivre. 
            Puisant dans le magasin des accessoires des films de prison, « Shot Caller » dépeint l'univers carcéral sous la forme d'un microcosme communautaire où les gangs sont essentiellement une affaire de races. 
Condamné (sic) donc par sa couleur de peau, Jacob Harlon rejoint un gang de la Fraternité Aryenne® ; sans que rien ne laisse croire qu'il en partage les idéaux. 
Mais appartenir à un gang a un prix, et l'ex-homme d'affaires le paiera notamment en subissant plusieurs épreuves initiatiques, et en y gagnant un surnom : « Money ». 
            Monté sous la forme de va-et-vient chronologiques entre le présent (Money libéré), et le passé (Jacob Harlon dans sa vie d'avant l'accident et lors de sa détention) ; le film de Ric Roman Waugh fait en outre confiance aux spectateurs en évitant d'être trop didactique. 
À l'unisson de son acteur principal Nikolaj Coster-Waldau, dont le jeu minimaliste exprime pourtant avec beaucoup d'intensité la métamorphose de son personnage via son calvaire carcéral. 
Peuplé de quelques gueules du cinéma américain : Jon Bernthal et Holt McCallany pour ne citer qu'eux, et de belles carrures à l'instar du champion de MMA Keith Jardine, « Shot Caller » est par la force de son sujet un film de  vrais « mecs ». 
« C'est une image très authentique de la culture carcérale, à la fois des effets que produisent les prisons à l'intérieur d'elles-mêmes, mais aussi de la façon dont elles s'étendent au-delà de leurs murs. » 
Ric Roman Waugh 
            Mais « Shot Caller » est aussi une Tragédie, entendue ici comme un genre d'histoire où la solution est pire que le problème, quand bien même c'est pourtant la seule décision possible. 
D'une brutalité presque documentaire, mais sans surenchère gratuite ; porté par l'interprétation très underplay de son personnages principal, solidement secondé par une distribution très investie ; « Shot Caller » est aussi un thriller très astucieux, qui scie méthodiquement les barreaux de sa catégorie d'origine. 
Ajoutez-y l'Effet IKEA™ produit par sa chronologie chamboulée et ses quelques ellipses, sans oublier un cheminement héroïque qui n'aurait aucun mal à recevoir la certification Christopher Vogler©, et vous avez un film bien plus intéressant que ne le laisse croire sa discrète sortie en DTV.

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