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Premier sang [Joe Abercrombie / Brigitte Mariot]

Lassé par une forme de retour au même, Joe Abercrombie laisse tomber la Fantasy qu'il lisait ou à laquelle il jouait, à la fin de son adolescence. Cependant, la lecture du Trône de fer lui prouve qu'il est possible « de faire quelque chose d'osé, d'imprévisible, de courageux et de centré sur des personnages tout en écrivant toujours dans le noyau commercial du genre ».
Ce quelque chose ce sera donc « Premier sang », son premier roman et le premier tome d'une trilogie qu'il est dorénavant convenu d'appeler La Première Loi.  
          Ne sachant pas avant de le lire que ce roman était donc le premier jamais écrit par son auteur, je ne peux qu'abonder dans le sans de la déclaration bifrostienne qui orne ci-contre le bandeau de l'édition Pygmanlion™, une fois sut. 
En effet, si c'est dans les deux cas Brigitte Mariot à la traduction, une édition par J'ai Lu™ a paru en 2007.
            Ceci étant dit, qu'en est-il de ce roman est des aspirations de Joe Abercrombie ?
Deux des points sur lesquels il s'était engagé apparaissent assez rapidement à la lecture de l'opus de presque 600 pages : c'est courageux, et c'est commercial.
Le second point entendu comme donnant très envie de lire la suite.
C'est aussi très centré sur les personnages, à tel point que « Premier sang » n'a pas peur de s'emparer d'une vingtaine de protagonistes de premier ou de deuxième plan. Si tous n'ont pas la même importance, force est de constater que tous bénéficient d'un soin tout aussi méticuleux à leur donner une voix. S'en dégage une sensation de fraîcheur que n’entament pas certains passages un peu long.
Par exemple la préparation de ce sur quoi finira ce premier tome, ou encore l'entraînement du capitaine Jezal.
Mais tout cela est largement compensé par la personnalité de plusieurs personnages dont l'inquisiteur Glotka (ses dialogues in petto son sûrement ce que j'ai le plus appréciés), voire de son tortionnaire adjoint, le presque mutique et albinos Frost. Ainsi, devant un cadavre que l'on nous décrit comme ayant la gorge tranchée, Glotka s'interroge : « « Il doit être mort. Mais comment est-ce arrivé ? » 
Incurvant un sourcil blanc, Frost le regarda d’un œil rouge. « Du poivon ? »
On sait rigoler chez les Tourmenteurs n'est-ce pas, et l'inquisiteur Glotka ne manque pas non plus d'humour. Tout comme Abercrombie visiblement.
            Ce premier tome est en fin de compte très prometteur.
Si Joe Abercrombie n'a évidemment pas le savoir-faire de son illustre modèle, le florilège de personnages, le dynamisme de ses scènes d'action, et quelques traits de caractère bien déviants dont il fait justement profiter certains de ses protagonistes, font de lui un très digne disciple de G.R.R. Martin.
Comme lui il joue avec les stéréotypes du (mauvais) genre, et comme lui il n'a pas peur de s'engager dans une vaste fresque.
Et ça démarre plutôt bien.
 
(À suivre .....)   

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