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La Fille de Kenyon Street [Davis Swinson/Mireille Vignol]

C'est après un parcours atypique qu'apparait le détective Frank Marr
Je pose le terrain : 
            Son créateur David Swinson a d'abord été propriétaire d'un magasin de disques, promoteur musical dans le domaine du Punk© - avec des gens comme Henry Rollins, il s'occupera aussi de « spoken-words » avec à son catalogue Abby Hoffman ou Hunter S. Thompson, il a aussi coproduit un film Roadside Prophets (avec entre autres David Carradine, John Cuzack ou encore Timothy Leary), pour ensuite intégrer, et cela pendant 16 ans, la police de Washington DC. Avant de devenir, ce qu'il voulait plus que tout, écrivain. 
Ouais, dans cet ordre là ! 
            J'ai lu les deux romans qu'ont traduits les éditions Calmann-Lévy™, « La fille de Kenyon Street » et Le chant du crime (traduction Estelle Roudet) , lesquels sont les deux premiers tomes d'une trilogie consacrée donc à Frank Marr, un flic retraité du MPD of Washington DC. 
            Frank Marr appartient à la (trop) longue liste des flics brisés, faillibles, tourmentés, qui trimbale plus de problèmes que de solutions.
Mais ce qui le sauve à mes yeux c'est qu’il est un type content de son sort. 
Sa faiblesse, ce qui lui vaudra de prendre une retraite anticipée de la Metropolitan Police Departement de Washington, District of Columbia, et que comme ses proches vous ignorerez (du moins dans votre cas, jusqu'à ce que vous vous plongiez dans ces deux bons romans), n'est jamais chez lui le sujet d'un ressentiment. 
            Ce secret donc, qui le pousse à faire des choses très au-delà de la ligne de démarcation que la loi a tracée, est une source de conflits comme les aiment Yves Lavandier. 
De ceux qui font avancer les histoires et les personnages. Et ça avance vite ! 
            Or donc, dans le premier roman de la série, le détective privé Frank Marr (que Swinson verrait bien sous les traits de Tom Hardy), en planque près d'une maison qui sert de « QG » à une bande de dealers, y découvre une jeune adolescente retenue prisonnière. 
Cette découverte, et la décision qu'il prendra, l'entraînera dans un périple particulièrement captivant ; et que j'ai lu à tombeau ouvert. 
Très dialogués, les deux romans sont des histoires à la « première personne » ; outre l'introspection du personnage, ses interactions avec ses amis - deux flics encore en poste, et sa patronne - pour qui il a plus qu'un béguin, ou d'autres personnages plus ou moins recommandables moulinent une énergie motrice qu'on peine, et surtout qu'on ne souhaite pas interrompre. 
            Première bonne surprise donc, Frank Marr n'est pas un pleurnichard. 
            Deuxième bonne surprise c'est quelqu'un qui sait prendre des décisions, parfois brutales, mais toujours justifiées vu le contexte. 
Des décisions qui vont bien entendu à l'encontre de la Loi et de la bien-pensance, mais jamais à l'encontre de la justice. Frank Marr n'est sûrement pas quelqu'un de recommandable, mais c'est quelqu'un de loyal. 
Toutefois il ne faudrait pas le confondre avec un perdreau (sic) de l'année. 
            Divertissants, « La fille de Kenyon Street » et Le chant du crime (ou la B.A de Frank Marr), sont deux très bons rush de plaisir coupable, bien pensés, et politiquement incorrects. 
Surtout en cette époque de capitalisme de la vulnérabilité.

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