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Doses mortelles [Jack Cannon / Claro]

« Je me suis toujours demandé pourquoi les les parents de Jésus, puisqu'il étaient juifs, lui avaient donné un prénom portoricain. »
Joe Ryker est de retour sur ce blog dans une nouvelle enquête. 
Pour le coup il s'agit d'un roman ayant - à l'origine, pour personnage principal, Joe Keller [Pour en savoir +], paru en 1975 (aux éditions Manor Books™), puis partiellement réécrit en 1989, tout en transformant ledit Keller en Joe Ryker, personnage précédemment inventé par Jack Cannon (alias Nelson DeMille) en 1974 pour les éditions Leisure Books™ [Pour en savoir +]. 
Une tambouille éditoriale qui fournira au final six tome d'une série de polars pas policés, vendus sous le seul nom de Joe Ryker ; que le Fleuve Noir™ commercialisera en France en 1994/1995. 
            « Doses mortelles » est donc la première histoire de Joe Keller, et la quatrième de Joe Ryker, publiée par le FN™. 
Ce qui se tient a priori, puisque dans « Doses mortels » on a une ou deux allusions à l'histoire intitulée Cannibale. En deuxième position dans la chronologie de l'éditeur français. 
« Les vices privés font la vertu publique » Bernard de Mandeville 
            Même si évidemment il va s'agir d'une intrigue qui tourne autour de la consommation illégale de drogue, la plus grande partie du roman est néanmoins une virée dans le milieu du proxénétisme new-yorkais. 
Notez bien que dans les années 1970, le milieu du « pain de fesses » est essentiellement contrôlé par des macs noirs. Comme l'explique par exemple Quentin Tarantino dans son ouvrage, Cinéma Spéculations, lorsqu'il s'attarde sur le tournage du film Taxi Driver
Et de fait Jack Cannon le dépeint tel quel. 
            Bon vous connaissez la chanson ; Joe Riker est un policier largement contaminé par l'image du détective privé américain, tel qu'il a été décrit par des gens comme Carroll John Daly dans les pages des (pulp) magazines. C'est un anti-héros (c'est-à-dire, pour le dire vite, quelqu'un qui fait des choses bien en employant des moyens qui ne le sont pas), qui se tient au milieu d'un triangle entre les criminels, les victimes et les flics. Oui même eux ! 
Et contrairement à ses homologues dilettantes et un peu nerd (dirait-on aujourd'hui) de la perfide Albion, le flic dur-à-cuire américain ne fait pas une enquête rétrospective à pas de loupe, mais au contraire une enquête prospective. 
Autrement dit il va de l'avant, tête baissée, en distribuant des mandales et des pruneaux. Tout en ménageant le suspense, mais rarement les suspects. Mais cette fois-ci, la mort suspecte (sic) de plusieurs prostituées n'en pointe aucun du doigt. 
« Il allait devoir péter quelques cartilages en rentrant au poste pour s'assurer qu'il n'était pas le seul de cet avis. » 
            Le sergent Ryker va donc devoir se résoudre à faire équipe avec Pamela York, une ex de la brigade des stup', qui va devoir infiltrer le milieu de la prostitution. Une méthode qui rappellera celle déjà employée dans Chasse aux sorcières [Pour en savoir +]. 
Ça tombe bien cela dit, puisqu'elle est roulée comme la page centrale de Playboy
            Dans cette aventure Ryker passe plus de temps au téléphone avec son ex-femme, à se plaindre de la climatisation, à mettre en boîte son supérieur hiérarchique direct, à s'interroger sur ses sentiments vis à vis de Pamela York et à compter les cadavres, qu'à chercher l'auteur des meurtres. 
Il faudra attendre le tout dernier chapitre, et l'épilogue pour que le « flic à l'ancienne » vanté à la quatrième de couverture, pointe son museau. 
Toutefois, le twist final et l'épilogue valent leur pesant de cacahuètes à eux seuls. 
Ce qui précède aussi d'ailleurs, Joe Ryker toujours aussi brut de décoffrage trouve ici quelqu'un à qui parler. Pamela York, n'est pas une jolie dinde, mais un flic expérimenté à qui on ne la fait pas. 
Une histoire plutôt pas mal, vu la déconvenue qu'aura été Les anges noirs [Pour en savoir +]. 
Petit florilège de ce qu'on peut trouver dans ce roman (et qui fait assez étrangement écho à plusieurs situations actuelles bien françaises) :
 
« - [..] Rodney est hors du coup. Vous auriez dû voir ce crétin l'autre soir. C'était comme si le monde venait de s'écrouler autour de lui, il ...
Fischetti brandit une main :
- De grâce, épargnez-moi le reste. J'ai assez de problèmes. Par votre faute, on va se retrouver avec des accusations de brutalités policières et de discriminations raciales. Tous les bien-pensants de cette ville vont me tomber dessus.
- Des conneries, ça. J'aurais agi de même avec mon père s'il avait été souteneur, dit Ryker. Je n'aime pas ces parasites à la con. Qu'ils soient noirs ou blancs. »

« Il [Ryker] était en décalage avec l'image du policier serviable, attentionné et respectueux que la police s'efforçait d'imposer au public. S'il voyait une Noire homosexuelle et handicapée portant un nom espagnol être promue à la place d'un blanc qualifié, il poussait une gueulante. » 

« Malheureusement, vouloir lutter contre l'alcoolisme en proposant de l'eau fraîche et pure était à peu près aussi efficace qu'essayer de lutter contre la drogue en portant des badges désapprobateurs. Le ridicule était aussi néfaste que les substances toxiques. »
 
« Un avocat mis en place une association baptisé Droits des drogués de New York (DDNY) et inonda de télégrammes et de pétitions le maire et le chef de la police en se plaignant que les droits civiques des drogués étaient bafoués. Un pasteur [..] et un avocat [..] organisèrent une "journée d'indignation" à la mémoire des camés disparus.
L'héroïne était devenue tout à coup une question raciale, même si la plupart des prostituées décédées étaient blanches. » 

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