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Joe Ryker : Les anges noirs [Jack Cannon / Christophe Claro]

Inspiré par « Dirty Harry », Joe Ryker rempile pour une nouvelle enquête. 
Laquelle semble justement très influencée par le deuxième opus de la franchise cinématographique.
Mais d'abord un mot sur cette série de romans, dont je vous en ai déjà touché deux [Pour en savoir +]. Mots, deux mots !
            Joe Ryker, série publiée en France par les édition Fleuve Noir™, a connu aux U.S.A. une commercialisation à rebondissements.
En 1974, les deux premiers tomes sortent sous le nom de Nelson DeMille (dont Jack Cannon est le pseudonyme), le troisième également, alors que DeMille dit ne pas l'avoir écrit.
Arrive donc celui qui nous intéresse aujourd'hui.
Intitulé The Death Squad, il n'est plus un roman consacré à Joe Ryker, mais à Joe Keller.
Là où ça se corse, comme dirait l'autre c'est que certains commentateurs déclarent qu'un roman de DeMile intitulé The Agent of Death publié en 1974 sous son propre nom, aurait été réédité en 1989 sous un autre titre : The Death Squad, justement.
Sauf que le synopsis dudit roman est celui de Night of the Phoenix. Autrement dit La nuit de la jungle chez Fleuve Noir™, mais déjà publié dès 1975 en SUPER NOIRE chez Gallimard™ sous le titre de La nuit du Phœnix (j'en reparlerai).
La nuit de la jungle met en scène le sergent Joe Ricker, mais La nuit du Phœnix le sergent Joe Keller.
Pour compliquer encore un peu la situation, en 1985, les éditions de l'Ombre™ ont commercialisé un roman intitulé L'Escadron de la mort imputé à Nelson DeMille, lequel suit une enquête de ...... Joe Keller
Roman traduit par Simone Hilling & Al Shubaro, dont le titre original serait Death Squad, sans l'article donc.
Si les deux histoires sont quasiment les mêmes, dans « Les anges de la nuit » quelques paragraphes sont ajoutés, dont une références au deuxième romans dans l'ordre vendu par le Fleuve Noir™, celui intitulé Le cannibale.
« Les anges noirs » est en effet sorti en sixième position chez FN™. 
Il y a d'autres ajouts, mais ce qui diffère sensiblement se sont les deux fins. 
On note aussi dans « Les anges noirs » une allusion au SIDA, et une autre à Bernhard Goetz qui a tiré,  en décembre 1984, sur quatre hommes, dans le métro de New York, en état de légitime défense. Ce qui n'apparait pas, bien entendu, dans la version des éditions de l'Ombre™ qui date de 1975.
Ci-dessous, la première page de l'enquête de Joe Keller et celle de Joe Ryker :
            Comme je l'avais précisé dans une précédente critique [Pour en savoir +], à la fin des années 1980, Nelson DeMille a autorisé la republication des enquêtes de Joe Ryker qu'il avait écrites en 1974, auxquelles il a ajouté les quatre qu'il avait écrites l'année suivante avec Joe Keller pour protagoniste, sans s’embarrasser de ce que d'autres auteurs avaient fait pour Joe Ryker dans les années 1970 ; et il a tout packagé sous le pseudonyme de Jack Cannon, et renommé Keller en Ryker.
Si j'ai bien tout compris.
Ce qui ne m'a pas empêché de me tromper au sujet de « Les anges noirs » qui est à l'origine la quatrième aventure de Joe Keller, et la sixième de Joe Ryker. Je l'ai donc lue trop tôt. [sourire]
Rien de très grave cela dit, au moins elle ne sera pas le dernier souvenir que je garderai de mon intrusion dans le New York interlope de Rycker.
            Je disais en effet, au début de cette critique que Joe Ryker était une copie du célèbre Harry Callahan, et « Les anges noirs » semble être assez inspiré du deuxième film du flic dur-à-cuire de Frisco.
Je ne sais pas si vous le savez mais le scénario de Magnum Force a été écrit par John Milius (qui avait, sans en être crédité, déjà travaillé sur le premier film ceci dit en passant), mais retouché par Michael Cimino. Ce que Milius déplorait en disant que Cimino avait trop adouci le caractère de Callahan. 
Et dans une certaine mesure, c'est aussi ce qu'a fait Cannon/DeMille avec son personnage.
Pour le dire vite, en s'emmerde à 100 sous de l'heure.
Il y a bien quelques bons moments, quelques formules percutantes du genre de celle-ci :
- Pas de pourboire ? demanda le barman.
- Non, mais on te laisse la vie sauve, ça devrait suffire, dit Ryker.
Ou encore, mais cette fois chez Keller :
« Cette justice de salle de police avait acquis une réputation douteuse en cours d'année, mais pour un flic de la vieille école comme Keller, elle restait la seule possible, avec celle qui sortait de la gueule d'un P.38. »
Mais dans l'ensemble Ryker/Keller semble fatigué, presque résigné.
Et puis les remaniements de la version du FN™ ont quelques ratés, rien de bien dramatique pour ce type de lecture, mais dans mon cas, puisque je lisais les deux versions en même temps, ça saute au yeux. 
Non pas que la version de L'Escadron de la mort soit meilleure, elles sont quasi équivalentes. Mais par exemple, les ajouts concernant l'ex-femme de Ryker, et le culte d'Astarté, sont aussi utiles à l'intrigue qu'un cataplasme à la moutarde sur une jambe de bois.
            Au final je ne sais pas si « Les anges noirs » avait dans l'idée de racheter Joe Ryker aux yeux de ses lecteurs, à l'instar de Magnum Force qui voulait montrer que Dirty Harry n'était pas un « fasciste », comme l'en avait alors accusée la critique Pauline Kael au moment de la sortie du film de Siegel en 1971.  
Toujours est-il que que si Ryker est toujours aussi détestable (mais lucide), il lui manque ici cette part d'énergie qui d'ordinaire le rachetait à mes yeux. Ou alors, Nelson DeMille avait fait avec Keller, déjà à l'époque, une version aseptisée de Ryker !?  
Et c'est encore plus flagrant dans la version de 1975, éditée par les éditions de l'Ombre™. Ceci expliquant cela.
Bref, vivement la suite.
            Mais je n'oublie pas cependant, qu'en ces temps où les romans de Roald Dahl sont réécrits par des « lecteurs de susceptibilité(s) », où certaines des aventures de Picsou ne seront plus imprimées, où les enquêtes écrites par Agatha Christie, les aventures de James Bond, et les livres de P.G. Woodhouse sont réécrits (liste non exhaustive) par les mêmes sensitivity readers, se plonger dans les enquêtes de Joe Ryker - aussi mauvaises soit-elles - est quasi un acte de résistance (ostentatoire). [Sourire]
D'autant que la part grandissante de version numérique, facilitera tout aussi grandement les réécritures. Sans que forcément quiconque le sache.   

(À suivre .....)

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