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Latah [Thomas Legrain]

Arrière-plan historique qui n'est là que pour imposer un « environnement très hostile », la guerre du Vietnam n'est pas le vrai sujet de la bande dessinée de Thomas Legrain. Album pour lequel, et pour la première fois, il endosse le rôle de scénariste en plus d’en être le dessinateur/encreur/ coloriste. 
Cette guerre donc, rétrospectivement vue comme injuste, agit toutefois ici comme un acide, qui désagrège lentement mais sûrement les conventions sociales. 
            1965, Sud-Vietnam, une équipe (squad) chargée de baliser et désigner - grâce à des fumigènes, les zones à bombarder par l'aviation américaine, se retrouve coupée de tout, en pleine jungle vietnamienne, évidemment. Et dans une situation très critique pour la vie des 8 militaires qui la composent. 
« La jungle est l'univers idéal pour ce genre d'histoire. Elle est naturellement oppressante et fait sentir à l'homme qu'il n'y a pas sa place. ». 
            Racontée selon l’auteur via un angle subjectif de caméra pris à hauteur d’homme ; et de quelques doubles planches au format 16/9ème (franchement très réussies), « Latah » revendique avec ostentation son approche cinématographie. 
            Il s'agit en fait d'un projet que Thomas Legrain avait d'abord développé avec un scénariste, dont nombre d'éléments de cette cogitation sont restés d'ailleurs. Mais que finalement, il a repris à son compte en y injectant un (mauvais) genre qu'il n'avait pas eu l'occasion de travailler depuis qu'il est devenu un professionnel du dessin. Mais qui fait, si j'ose dire, largement partie du répertoire des amateurs de (mauvais) genre.
            De son propre aveu, l'auteur a affiné méticuleusement son scénario pour lui garder - de bout en bout - toute la cohérence nécessaire à l'épanouissement de son intrigue. Laquelle repose à la fois sur un suspense qui va crescendo comme de bien entendu, et sur un twist qu'on ne voit pas venir, forcément. 
« En fait, déclare Thomas Legrain, le scénario est pensé pour qu’il y ait presque la nécessité d'une deuxième lecture et je pense qu'on relit alors l’album différemment ». C'est pas faux ! 
            D'un point de vue artistique, l'album est une pure merveille. Il en existe deux versions, une en Noir & blanc et la version couleurs que j'ai lue et que d'ailleurs je recommande. Les couleurs y sont magnifiques. 
C'est donc un très bel album de 121 planches, vendu 23,50 euros (35 pour la version N&B) .   
            L'histoire quant à elle, est à la fois convenue ; il y a de grandes chances que vous viennent à l'esprit d'autres scénarios plus ou moins similaires ; tout en se réservant une ou deux singularités qui en font tout l'intérêt, et sa particularité. 
            « Latah » est en définitive une belle variation sur le thème du survival, le scénario en est très maîtrisé, le storytelling efficace mais sans jamais y sacrifier l'esthétique des planches. Cet album est tout simplement somptueux !
Une très chouette découverte, en ce qui me concerne, malgré un prix un chouïa trop élevé au goût de mon porte-monnaie. 
 
Verdict : Très recommandé.

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