J'étais curieux de lire ce que Bret Easton Ellis avait à dire sur ce que j'appelle le wokisme.
Toutefois « White » ne peut se réduire à un pamphlet sur la « Génération dégonflée », comme il l'écrit lui-même.
Il y a par exemple de très belles pages sur le métier d'acteur, et aussi sur celui d'écrivain. Bret Easton Ellis revient surtout sur son roman American Psycho, sur ses turpitudes hollywoodiennes s'agissant de monter tel ou tel projet, bref c'est instructif et surtout très divertissant.
Sauf par moments où, je ne sais pas si cela tient à l'écriture de BEE ou à la traduction de Pierre Guglielmina, mais la lecture est un poil pénible.
Ellis met le doigt sur pas mal de choses que nous avons en commun.
Même si je ne suis pas Américain, mais plutôt Gallo-ricain, et si je ne viens pas d'un milieu aussi aisé, sans parler que je n'avais pas au même âge les mêmes obsessions, je suis néanmoins de la même génération.
Et ce sur quoi je me retrouve, outre la liberté inaliénable de penser et de dire, c'est qu'en notre temps nous vivions - jusqu'à en devenir un nous-mêmes - « dans un monde presque uniquement fait pour les adultes ».
Et que pour ma part, et celle de BEE, si j'en crois la description qu'il en fait, nos parents n'étaient pas « surprotecteurs », des « parents hélicoptères » pour reprendre ses propres mots. Ce qui nous donnait une certaine autonomie, laquelle nous poussait à grandir en expérimentant, et finalement à vouloir, nous aussi, devenir des adultes. Avec tout ce que cela comporte, genre principe de plaisir versus principe de réalité. Ce qui semble manquer à une part minoritaire, mais vociférante, de l'humanité occidentale. Qui semble malheureusement faire école.
Aujourd'hui j'entends dire par exemple, que les jeunes sont
« éco-anxieux ».
À mon époque, et à celle de Bret Easton Ellis,c'est la guerre nucléaire, quand ce n'était pas le nucléaire civile, tout aussi soviétique l'un que l'autre, qui nous menaçaient. Pour autant on vivait avec.
Aujourd'hui non seulement on a affaire avec une génération de mauviettes (wuss dans le texte), mais celle-ci se targue de faire disparaître tout ce qui l'offense.
Via comme chacun sait aujourd'hui un exemple parmi d'autres, les « lecteurs de susceptibilité(s)», qui non seulement réécrivent les livres, mais deviennent pour certains un passage obligé pour en écrire de nouveaux.
Ainsi ai-je lu que Joanne Harris, qui défend les « lecteurs de susceptibilité(s) », expliquer qu'on « ne s'offusque pas que des auteurs de polars consultent des détectives ou des professionnels de santé avant d'écrire sur l'hôpital. ».
Il faut au moins avoir fait Cambridge pour établir un parallèle aussi foireux.
Reste que « White » parlera certainement à tout ceux que la culture américaine a contaminé, et que s'agissant du politiquement correct il donne à voir un mouvement qui ne s'est pas amélioré. Le livre est sorti en 2020 en France.
Il vous donnera peut-être aussi envie de lire les romans de Bret Easton Ellis.
Pour ma part American Psycho m'était tombé des mains lorsque j'avais voulu m'y mettre il y a une trentaine d'années. Mais tout ce qu'en dit Ellis dans cet essai, m'a donné envie de lui redonner une chance.
Tout comme à son dernier né ; Les Éclats (dont il ne parle pas).
En fin de compte « White » n'a pas été l'essai
« sulfureux » et « controversé » auquel je m'attendais, mais plutôt une belle découverte. Souvent amusante d'ailleurs.
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