Synthèse de sa fascination pour L’Exécuteur, vigilante créé par Don Pendleton pour le marché des livres de poche (paperbacks) étasunien en 1969, et son propre travail de scénariste chez l'éditeur Marvel™, Gerry Conway apporte un personnage atypique en cette fin d'année 1973 dans les pages de la série The Amazing Spider-Man, qu'il écrit.
Quelques mois auparavant, l'alors jeune scénariste - il a tout juste 21 ans - avait tué Gwen Stacy, la petite amie de Peter Parker. Un traumatisme dont certains ne sont pas encore revenus.
Conway est assisté pour le dessin du numéro 129, où apparait donc pour la première fois le Punisher, par le dessinateur (très sous-estimé) Ross Andru.
Mais c'est à John Romita (pas encore Sr.) - qui vient d'être promu directeur artistique par Stan Lee - qu'on doit le design du vigilante new-yorkais.
Il s'inspire, dit-on, de Black Terror, un personnage des années 1940, en apposant un crâne stylisé sur tout le torse du personnage. Il choisit aussi de ne pas lui faire porter de masque, compte tenu des principes de justice expéditive qui caractérisent celui dont le nom n'a pas encore été adopté à ce stade d'élaboration.
Et c'est finalement Stan Lee qui tranchera, en choisissant The Punisher face à The Assassin ou encore The Grim Reaper, voire The Executioner (sic).
Prévu pour n'être qu'un personnage jetable, le Punisher reviendra néanmoins quelques mois plus tard, toujours dans les pages de The Amazing Spider-Man.
Prévu pour n'être qu'un personnage jetable, le Punisher reviendra néanmoins quelques mois plus tard, toujours dans les pages de The Amazing Spider-Man.
Peut-être pour Marvel™, quoique Stan Lee tente à l'époque, en faisant des tournées dans les universités américaines, de capter un lectorat plus âgé.
En tout cas le Punisher ne dépareille pas tant que ça au sein de l'imaginaire collectif des seventies.
En effet, au début des années 1970 les méthodes de la police, notamment celle de San Francisco se sont musclée [Pour en savoir +], et un expert-comptable décidera, arme à la main, de se faire justice, avant que son adaptation cinématographie ne le transforme en architecte et emprisonne Charles Bronson dans un rôle emblématique.
Bref, en ces temps encore sauvages, Gerry Conway, qui n'est pas encore le boomer pusillanime qu'il est devenu aujourd'hui, enfourche le zeitgeist sans trop de se poser de questions.
Il faudra cependant attendre une bonne dizaine d'années avant que l'antihéros n'hérite de son propre comic book.
Cette popularité aura bien entendu un revers, et on ne compte plus les magazines où l'intraitable justicier sera chargé de dessouder ses homologues, ou même
« l'univers Marvel » entier, quand ce n'est pas l'inverse comme ici.
Jonathan Maberry trouve le ton juste entre un personnage complexe, et une certaine bonhomie via un humour (souvent noir) fort bienvenu.
« Marvel vs The Punisher » se hisse à mon avis tout en haut de ce qu'a produit la Maison des Idées™ autour du personnage, et même au sommet de ce qu'elle à jamais vendu (et que j'ai lu), tous personnages confondus.
Le scénariste, connu pour ses livres sur les sports de combat, puis le folklore, avant de se faire connaitre en romancier est alors un relatif nouveau venu dans le champ de la BD. Et il a la chance d'avoir Goran Parlov à ses côtés.
Si le Croate est un fabuleux dessinateur, il a aussi un sens de la mise en récit qui ne souffre aucune contestation.
Son dessin, clair et méticuleux, ses personnages expressifs aux « marques » toujours justes (comme on pourrait le dire sur un plateau de cinéma), et à la proprioception affûtée, bénéficie d'une topographie qui ne doit rien au hasard.
Si Maberry a su caractériser les personnages de son histoire avec justesse, Goran Parlov leur offre l'espace à quatre dimensions nécessaire à leur but respectif.
Et si Frank Castle sait faire parler la poudre, Lee Loughridge, le coloriste en charge, sait faire parler les couleurs ; en ce sens qu'elles donnent le ton de chaque scène, aussi bien qu'elles éclairent l'état d'esprit du « personnage-point de vue ».
Bref, vous l'avez compris, tout est réuni pour faire de cette mini-série en quatre numéros un must have.
Une synergie à laquelle Jonathan Maberry ajoute un scénario astucieux, en piochant notamment un motif dans le répertoire des (mauvais) genres, somme toute pas si courant que ça.
Une idée simple certes, mais dont la simplicité - justement - me fait dire qu'il a sérieusement phosphoré sur la question.
Au final ce recueil, traduit par Alex Nikolavich - dont le sérieux en la matière n'est plus à démontrer, et qui a eu l'heur d'une édition en librairie (la mienne est celle commercialisée via Prestalis™ au prix de 5,40 €) est une bande dessinée que tous les amateurs de bonnes histoires devrait se procurer derechef.
Verdict : Je vous avais prévenu !
Vous avez un blog très intéressant et utile.
RépondreSupprimer