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Le Bataillon du ciel [Joseph Kessel / Maurice Druon]

« Le Bataillon du ciel » est un roman d’un autre temps en ce qu’il parle bien évidemment d’évènements qui se déroulèrent il y a 80 ans, mais surtout en ce qu’il exalte une fraternité virile complétement incompatible avec la doxa victimaire en vogue de nos jours. 
            Ce roman qui raconte l’épopée des parachutistes du 2e R.C.P. que Joseph Kessel n’oublie pas de remercier. Ainsi le colonel Bouvier est-il la transposition romanesque (mais si peu) du lieutenant-colonel Pierre-Louis Bourgoin, le capitaine Férane celle du capitaine Marienne ou encore le médecin celle du lieutenant Sasoon
            Cependant, Kessel, comme à son habitude, incarne au travers de ses doubles romanesques des stéréotypes puisés à plusieurs des soldats qui composaient alors cette unité. 
            On reconnaitra également dans cette geste le mythe gaullien de la libération de la France par elle-même, on y lira une large place faite aux femmes, sans oublier non plus le sang versé par les coloniaux de la France libre lors d’un épisode particulièrement poignant. 
            Histoire particulièrement trépidante, « Le Bataillon du ciel » trace le portrait d’hommes qui sont essentiellement ce qu’ils font via des dialogues brefs et percutants, et bien sûr grâce à des doses proportionnelles d’action qui le sont tout autant. 
            Bref (sic), de la belle ouvrage. 
Toutefois, ce livre n’est pas exactement ce que l’on croit qu'il est.
            En effet, « Le Bataillon du ciel » est d’abord un scénario, celui d’un film sorti en 1947 et en deux parties. Écrit par Joseph Kessel certes, mais dont il se désintéressera assez vite lors de son passage à la réalisation - il est alors en plein dans l'écriture de son chef-d’œuvre, Le Tour du malheur, mais dont il ne négligera pas le surplus financier qu’il pourrait en tirer, en en publiant le roman. 
Eh oui, vous avez bien lu, « Le Bataillon du ciel » est une novélisation ! 
            Or donc, contrairement à ce qu’on lit ici ou là, le film n’est pas une adaptation du roman, mais l’inverse. 
            En outre, second effet Kiss Cool™ cette novélisation n’a pas été écrite par Joseph Kessel himself, mais par son neveu, Maurice Druon. 
Qui, à l’époque, n’a pas encore la notoriété qui sera la sienne ; il n’a écrit entre autres – déjà avec Kessel, que Le Chant des partisans, excusez du peu. L’hymne de la résistance dont on ne peut, dont on ne doit exclure Anna Marly, ni Germaine Sablon. 
            Bref, comme disait Pépin, « Le Bataillon du ciel » roman quasi totalement oublié aujourd’hui, et qui paraît anecdotique dans les bibliographies de Kessel et de Druon, en regard de leur œuvre respective, est pourtant un excellent thriller militaire, une épopée qui mériterait d’être de nouveau lue. Et last but not least, un beau témoignage de ce que la littérature française pourrait encore être.
Et pourquoi, rêvons un peu, ne pourrait-il pas bénéficier d’une adaptation (française) à la manière de la série Band of Brothers ?! 
Ce dont il n’aurait pas à rougir.

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