J’ai vu le premier épisode de « Prime Target » sur un malentendu (pensées à Jean-Claude Duce), et son début m’a maintenu dans l’erreur.
Je croyais en effet que j’allais regarder The Night Agent.
Après, comprenant ma bévue, je me suis décidé à quand même poursuivre jusqu’au bout des presque 50 minutes que dure ce premier épisode ; sur les 8 qui en composent la première saison.
« Prime Target » se passe dans le milieu universitaire, et plus précisément celui des mathématiciens ; d’où le jeu de mot de son titre, puisqu’il peut être traduit par « Cible prioritaire », mais « prime » désigne aussi, en mathématiques, et en anglais, les nombres premiers. Les apparences sont trompeuses, n’est-ce pas !?
Après une scène d’introduction, sur laquelle je reviendrai et qui se passe à Bagdad, nous voilà donc à Cambridge où nous faisons la rencontre d’Edward Brooks, un génie des mathématiques aussi talentueux qu’il est mal embouché.
Un génie incompris, puisqu’il est obligé de cacher à son directeur de thèse, Robert Mallinder, qu’il méprise, le sujet de ladite thèse. C’est ballot.
Il entretient néanmoins, avec un autre professeur, un lien quasi filial ; mais celui-ci est atteint de la maladie d’Alzheimer. Oui, Steve Thompson, le créateur de « Prime Target » a clairement un manque de confiance en lui, au point d’assurer ses arrières en surchargeant de pathos son premier épisode et surtout son personnage principal.
Moyen assez artificiel de créer de l'empathie, je trouve.
Mais revenons à la scène d’ouverture, qui comme je l’ai déjà dit se déroule donc à Bagdad, et où l’on assiste au bombardement, par un drone probablement occidental, d’une rue commerçante achalandée d’innocents (forcément sinon cela ne serait pas drôle).
Le scénario s’attarde notamment, et surtout complaisamment, sur la mort (?) d’une enfant. Manifestement Thompson veut susciter l’émotion et tout lui est bon.
Message subliminal ?
L’avenir nous le dira peut-être, en attendant revenons à Cambridge.
Ville située au Nord de Londres, où finalement Edward Brooks a avoué à son directeur de thèse ce sur quoi il veut l’écrire : les nombres premiers.
« Tu veux écrire du code pour Facebook ou … » s’amuse ce dernier. Ça ne lui portera pas chance. <ricanements >
D’où le titre à double sens, puisque ses recherches viennent d’en faire la cible prioritaire d’une mystérieuse organisation. Cabale à laquelle son directeur de thèse ne semble pas étranger.
Tout cela se passe en plusieurs temps dont un diner avec ledit professeur et son épouse, une archéologue, également professeur à la prestigieuse université anglaise, et qui justement vient de recevoir des informations concernant une découverte faite à Bagdad. Le monde est décidément très petit !
De fait, le bombardement de la rue commerçante dont je vous ai parlé, celle du début de l’épisode, a mis au jour un site archéologique inconnu et très prometteur. Et surtout, mystérieux.
Et c’est là que les Athéniens s’atteignirent puisque lors de ce diner, la femme de Robert Mallinder montre à Brooks des photos dudit site, et que celui-ci y décèle immédiatement un pattern.
Un anglicisme que la version français a décidé de garder plutôt que d’utiliser par exemple motif, ou modèle. « Quelle indignité ! »
Et c’est bien sûr le début des ennuis pour ce trio. Et sûrement pour le monde.
C’est aussi au cours de ce diner, que le brillant professeur de mathématique, devant sa femme, et son génial élève, et Steve Thompson par la même occasion, dont on m’a dit qu’il avait enseigné les mathématiques avec une inclination pour la cryptographie, font fi de l’exactitude.
Qualité pourtant incontournable de leur domaine respectif. Du moins pour les trois personnages de fiction.
En effet Robert Mallinder déclare – sans rire : « Il a fallu attendre mille ans pour qu’un mathématicien arabe, Al-Khwârizmî, intègre ce symbole, … un nouveau chiffre », ce qui n’est pas faux, mais inexacte.
Le zéro, tel qu’on le conçoit aujourd’hui est une création qui apparaît ….. en Inde, où d’ailleurs notre système de numérotation en base 10 y aurait, paraît-il, vu le jour.
Mais foin de complot idéologique, poursuivons cette critique en nous demandant que vaut finalement « Prime Target » ?
Outre que je n'en ai vu qu'un seul épisode, je peux déjà dire, sans grand risque de me tromper, qu’elle coche presque toutes les cases de la parfaite série progressiste, dont, et je crois que ce sera le pattern (sic) de cette première saison, une remise en question du savoir occidental, rien que ça. « Newton a dit que des conneries ! » dixit Edward Brooks. On ne saurait être plus clair !
Un peu comme Dan Brown (allusion non fortuite) avait fait trembler – brrrr !!!! – la chrétienté en son temps.
Or donc si la prétention du scénario ne vous a pas déjà fait zapper, et que vous vous montrez indulgent sur la trop grande dose de mélo qui s'y trouve, et que la tête à claques de Leo Woodall ne vous donne pas envie de passer à l'acte, alors « Prime Target » a tout du divertissement calibré pour ne pas totalement déplaire.
Ce n’est sûrement pas ce qui se fait de pire en ce moment, mais c’est en tout cas loin d’être ce qui pourrait se faire de mieux.
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