« En toile de fond nous évoquons la destruction du vivant, l’érosion du monde tel que nous le connaissons », déclare Frederik Peeters dans un entretien.
Il expliquera, ensuite, qu’il avait envie d’une histoire à la Twin Peaks, mais en Europe, à la façon de ce que faisait Jean-Patrick Manchette, avec le « Néo-polar » gauchiste des années 1970/1980 (c’est moi qui précise).
Et à dire vrai, « Saint-Elme » en est une belle synthèse.
Le scénariste Serge Lehmann ajoute, toujours dans le même entretien, qu’ils ont surpris, à Angoulême, un soir de 2018, une discussion à propos des procès d’animaux qui se déroulaient au Moyen Âge ; ce qui leur fournira cette scène mémorable du premier tome. Et sur laquelle je reviendrai.
Lehmann, toujours lui, avouera ensuite que si l’intrigue est importante, elle est surtout là pour produire une ambiance, un sentiment d’étrangeté. Là aussi le contrat est rempli, « Saint-Elme » baigne dans une atmosphère d’inquiétante bizarrerie. Mais malheureusement, ceci expliquant cela, l'intrigue « n'atteint jamais complétement le point de clarté Léo Henry. »
Au sujet du procès de la vache, donc, à propos de laquelle la journaliste d’un magazine BD parle d’un « rite sacrificiel ». Rien que ça !
Ce qui ne laisse pas de m’étonner de l’absence de culture au sein de ceux qui en approvisionnent pourtant la chaîne logistique. <soupire>
Mais je reviens au procès de la vache.
Serge Lehmann explique que cette séquence est un l’élément du contrat passé avec le lecteur. C'est un pacte dit-il.
En ce sens que si on adhère à ce qui s'y déroule, et qu'on l'accepte ; alors cette histoire est faite pour nous.
A contrario, si ça coince ; mieux vaut refermer le premier tome et passer son chemin.
Pour part, je crois aussi que le procès de la vache est, en quelque sorte, l’exergue du récit à venir. Mais pas du même point de vue que Serge Lehman.
Qu’y voit-on, justement ?
Le simulacre, il n'y a pas d'autre mot, d’un de ces procès d’animaux, procès comme il s’en déroulait parfois au Moyen Âge.
Sauf que là, les personnes présentes acquittent - bien évidemment - l’animal.
Contrairement à ce qui s’y était alors déroulé, nous dit-on, puisque la vache en question avait été brûlée. Oui je sais, c'est vache !
On notera aussi qu’on nous précise les circonstances qui ont amené audit procès. Cette vache « avait fait tomber un évêque italien ».
De là à penser qu'en plus d'être différent, le Moyen Âge européen était chrétien ; et que plutôt qu'au procès de la vache c'est au procès de son Histoire que nous font assister Peeters & Lehman, il n'y a pas loin.
Mais n'allons pas trop vite en besogne.
Or donc, en seulement deux cases, Lehman & Peeters stigmatisent le passé historique de l'Europe, mais pas de n'importe quelle manière.
Et piégé, forcément.
En effet, c'est un personnage de « couleurs » pour reprendre la terminologie de Peeters qui fait la leçon à un Blanc, sur son propre passé (un comble, mais forcément si éloigné de la réalité) ; et qui lui explique donc d'où vient cet happening grotesque (c'est moi qui précise). D'ailleurs, ce dernier, Franck Sangaré, est un malware progressiste à lui tout seul, voyez plutôt !
Inspiré de l'acteur Jean Keraudy (ci-dessus), Franck a été adopté par la famille Sangaré, et il forme, avec Philippe (ci-contre), un duo de détectives.
Mais attention, « c'est Philippe le génie de la détection », il était tellement bon « que Franck n'avait rien à faire. ».
Franck en plus d'être donc un bon à rien, est aussi un homme superficiel qui tient plus que tout autre chose à ses lunettes : « Des Renegade à verres filtrant ... série limitée .. ».
Bon, pour être honnête, la séquence des lunettes est très cool.<sourire>
Au travers de Franck, et de ce simulacre de procès, qui est clairement le procès (sic) de l'Histoire elle-même, et sa réécriture (on y acquitte la vache) ; les deux auteur ont l'ambition, tenez-vous bien « de poursuivent leur exploration mythologique de l’Europe contemporaine », dixit la quatrième couverture des cinq tomes.
Peeters déclare d'ailleurs, avec la candeur de ceux qui se savent dans le camp du Bien©, qu'il voulait « montrer que la population européenne
se métisse », comme ça, d'elle-même ; de manière quasi téléologique.
À Genève précise-t-il, « on peut passer une journée sans entendre parler français », Serge Lehmann parle même, « d’Europe-monde ». Clairement ça donne envie.
Quel bonheur en effet d’être dans un endroit, une ville au demeurant, où personne ne parle la même langue, et surtout pas celle de cette ville. Je me demande même si penser qu’une ville d’Europe puisse avoir une langue propre n’est finalement pas raciste !?
Mais attention s'insurge, Frederik Peeters « Je trouve contre-productif de toujours charger politiquement les personnages de couleurs. Il me paraît plus pertinent de les traiter simplement comme les autres protagonistes. ». Ceci dit sans l'ombre d'un second degré.
Ouais, c’est pas faux, Perceval !
Sauf que par une extraordinaire coïncidence, tous les antagonistes de l’histoire ne sont pas, justement, des « personnages de couleurs ». Et quand, par souci d'avoir quelques contre-exemples dans sa manche, on fait jouer à l'un d'entre eux un rôle de malfaiteur, il a un comportement qui finalement le rachète, avant qu'on apprenne qu'il a élevé seul son petit frère qui est gay. Admirable ! ADMIRABLE!
Mais ce n'est pas tout (malheureusement).
Au cas où vous n'auriez pas bien compris, je vais prendre le cas de Roland Sax.
Il s'agit d'un géologue, mais aussi - et surtout - d'un entrepreneur « qui représente le capitalisme le plus sauvage, mafieux Frederik Peeter ». Il veut donc naturellement, dans la doxa progressiste, et toujours par la bouche de Peeters
« s’approprier un environnement pour le piller et le transformer, tandis que d’autres tentent de le conserver »Ibid.
Frederik Peeters tout à ses rêves d’Europe diversitaire, où le Grand remplacement™ le dispute à la créolisation™, ne se rend pas compte que ce qu’il dit, est exactement ce qui arrive à l’Europe qu’il efface dans sa BD.
Son Europe est celle d'une immigration qui n'est rien d'autre que de la traite d'être humains, encouragée par les ONG (défense de rire), lesquelles empochent les subsides de l'État (autrement dit l'argent des contribuable) pour en encourager le flux.
Alors que d'autres, les fachos, veulent conserver la culture et les traditions de leur pays respectif. Et réguler l'immigration. Les progressistes veulent transformer la vieille Europe, ni plus ni moins.
Mais le portrait de ce capitaine d'industrie plus détestable que Vincent Bolloré himself, a sa contrepartie bien-pensante.
En effet, Noah Okonkwo (ci-contre) lui aussi est un riche homme d'affaire, mais contrairement à Sax (qui bat sa femme et n'aiment pas ses enfants, qui ne sont d'ailleurs pas les siens) est prêt à tout sacrifier pour sa fille.
C'est à se demander, en lisant les cinq tomes de cette histoire, si la bonté, l'intelligence, voire le courage, ne sont pas des vertus génétiques ?!
Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !!
En effet, hormis quelques exceptions (qui sont visiblement là pour confirmer la règle) ces vertus sont l'apanage des Noirs. Ouf !
Sinon cette histoire, visiblement sponsorisée par George Soros et Thierry Marx, a-t-elle quelque chose à dire en dehors de sa propagande progressiste ?
Eh bien il y a, indéniablement, de bons moments, mais au final je suis resté sur ma fin.
Nombre d'éléments restent inexpliqués (le fameux « point de clarté » qui ne sera donc pas atteint, déjà cité), et si on les enlève de l'histoire, ne reste qu'un polar de facture très classique, dont l'emballage d’inquiétante étrangeté n'est ni plus ni moins qu'un emballage.
L'emballage d'un progressisme bien-pensant, dont le résultat qu'il montre à voir fait froid dans le dos.
Pas glop !
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