S'appuyant sur un vieux ressort dramaturgique ; le rappel d'un élément à la retraite qui connait mieux que quiconque ce à quoi sont confrontés ses anciens collègues toujours en activité, la série israélienne « Fauda » exprime une énergie & un suspense qui ne seront jamais pris en défaut pendant les 12 épisodes de la première saison.
« Aucun plan de bataille ne résiste au premier coup de canon de l’ennemi. » Maréchal Helmuth von Moltke
« Fauda » c’est l’histoire au quotidien d’une unité israélienne du Shabak (le service de renseignement intérieur), dont les membres arabisés travaillent clandestinement dans la bande de Gaza.
On les appelle « mista'arvim », littéralement « ceux qui vivent au milieu des Arabes ». « Fauda », qu'on peut traduire par chaos, est ici un appel de détresse, une sorte de Mayday, utilisé par les membres de cette unité quand la situation devient méchamment bordélique et dangereuse.
La formation en question donc, qui ne sera jamais nommée, rappelle furieusement l'Unité 217, surnommée Douvdevan, connue (sic) pour ses opérations anti-terroristes clandestines en Cisjordanie. Lior Raz et Avi Issacharoff, respectivement acteur principal et co-créateur de la série avec ce dernier, sont deux anciens de l’Unité 217. Avi Issacharoff est aussi un ex-journaliste qui a travaillé pour le quotidien Haaretz, un journal plutôt à gauche.
D’où une série aussi testostéronée que nuancée, qui pousse les effets de réel jusqu’à être bilingue (les 2/3 des dialogues sont en arabe), et à proposer une distribution à l’avenant.
Même si, comme le souligne Avi Issacharoff, « Fauda » est avant tout écrite pour le public israélien et que les hommes du Hamas restent les " méchants " ».
Ce qui n’est pas une entorse à la réalité, puisque le Hamas est considéré comme un groupe terroriste par l'Union européenne. Je dis cela pour ceux qui ne seraient pas au courant de la razzia qu’a opéré ledit mouvement terroriste le 7 octobre 2023 en Israël.
D'opérations « coup de poing », en situations d'infiltration, « Fauda » n'élude pas non plus les questions de politique intérieure, et le fragile statu quo que n'importe quelle étincelle pourrait transformer en guerre ouverte. Avec les conséquences que l'on a pu mesurer ces dernières semaines, et la haine anti-juive
« décomplexée » qui a explosé, notamment en occident.
La
première saison bat notamment en brèche un vieux cliché qui voudrait
que les membres entrainés des unités d'intervention gardent leurs acquis
une fois à la retraite.
Dans un format finalement assez court, chaque épisode dure ±1/2 heure,
« Fauda » est un thriller nerveux et tendu. Ce qui n'empêche pas de creuser une poignée de personnages, dont notamment les membres du Hamas et leur famille.
« Pour gagner, il faut penser comme un arabe » Doron Kabilyo
Une des scènes les plus dramatiques de la série ne peut pas ne pas faire penser à la déclaration de Golda Meir : « Nous pouvons pardonner aux arabes de tuer nos enfants, mais nous ne pouvons pas leur pardonner de nous forcer à tuer leurs enfants. La paix s’installera le jour où les arabes aimeront leurs enfants plus qu’ils nous haïssent. ».
Ceci étant, vu ce qui se déroule depuis le 7 octobre, « Fauda2015 » dans un esprit d’équilibre a donné à voir « des personnages imparfaits, dotés de capacités de raisonnement, de sentiments, des deux côtés » ; la réalité des faits montre malheureusement un tout autre visage concernant le Hamas et les Palestiniens.
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