Accéder au contenu principal

Les Origines Discrètes : Dr Strange

... La pierre angulaire de l'excellente histoire proposée par Marc Andreyko et Paul Craig Russell est, vous l'avez compris, l'héritage. Une notion que l'on peut facilement extrapoler à la série du Docteur Strange : celui transmis par l'Ancien bien évidemment, mais également héritage extradiégétiques.
Ainsi François Peneaud signale-t-il par exemple à propos de l'identité visuelle que donne Steve Ditko à son personnage, "un élément visuel spécifique qui va le relier pour de bon au Spirit, celui de la fenêtre du mausolée habité par le Spirit au cimetière de Wildwood [..] cette fenêtre apparaît trés tôt dans Dr Strange [..]".
Le Spirit circa 1940
Cette fenêtre met en lumière et relie l'idée de filiation (que l'on retrouve dans la diégèse Cf. l'Ancien) à celle de résurrection (présente dans le Spirit) en un mot l'idée de permutation ; tout en ménageant une ouverture dans le Quatrième Mur

Si le Docteur Strange est à n'en pas douter l'héritier de tout un aréopage de magiciens d'encre et de papier ...
C'est également l'expression d'un zeitgeist, celui des années 50-60 : la Beat Generation bien sûr, celle de Kerouac qui explique que "beat" vient de béatitude ; une révélation qu'il a eu dans une église. 
Mais aussi la tendance New Age qui reviendra en force grâce aux expériences psychédéliques d'Aldous Huxley et d'Alan Watts et à leurs livres.

Le New Age se définit comme l'ensemble des théories ou des méthodes qui cherchent des solutions aux problèmes de l'homme par des voies non classiques, voies qui mettent l'accent sur les liens entre l'individu et le monde tout en proposant une vision globale. Cet ensemble disparate se compose de trois courants principaux : une tendance ésotérique qui cherche dans l'astrologie, l'onirologie, l'hermétisme, la magie et des "sciences" voisines la réponse aux inquiétudes de l'homme ; une tendance religieuse [..] d'inspiration souvent antique ou orientale [..] 
Sans oublier une part importante de la théorie freudienne qui trouvera à s'épanouir au coeur des sixties et dans les pages de Dr Strange.




... Cependant il me semble que Strange est aussi l'incarnation d'une puissance magique autre, beaucoup plus ancienne que l'Esprit des sixties ; celle du magicien Shazam !
Rappelez-vous,  en ce début d'année 1940, à l'abri des regards le magicien Shazam transmet ses pouvoirs au jeune orphelin Billy Batson. En prononçant le nom de son prédécesseur Billy Batson se transforme en Captain Marvel ; ou plus exactement  "il cède sa place à ce qui est une autre personne. Il n'y a pas transformation mais permutation entre Captain Marvel et son jeune alter ego." (Alex Nikolavitch - Mythes et Super-Héros).
Treize ans plus tard une percée évidente du 4ième Mur tente d'empêcher l'héritier de Shazam d'exister sur notre plan de réalité. 
Captain Marvel disparaît !
Captain Marvel Adventures #80
Victoire de courte durée, puisque de l'autre côté de l’Atlantique Marvelman reprend le flambeau dés 1954.
Permutation réussie !  


Parallèlement un deuxième front est ouvert de ce côté-ci du Quatrième Mur l'année où disparaît Captain Marvel ; et plus précisément à Northampton.
La dernière aventure de Marvelman (version Mick Anglo) est publiée en 1963 mais encore une fois, permutation réussie : apparition du Docteur Strange CQFD.
Toutefois, la personnalité de Steve Ditko perturbe ce passage de témoin entre dépositaires des pouvoir de Shazam, résultat en 1993 Alan Moore écrit Tales from Beyond un comic book de 1963. Cette même année (1993) il se proclame magicien devenant ainsi le dépositaire des pouvoirs de Shazam de ce côté-ci du Quatrième Mur.... 
Tales from Beyond 1963
(Fin ?...)


Tous mes remerciements à Jean-Paul Jennequin pour son excellent livre Histoire du Comic Book tome 1 chez Vertige Graphique dont quelques pages illustrent cet article, il est aussi l'auteur d'un biographie sur Steve Ditko. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich