Accéder au contenu principal

Chapitre XII (ou L'Art du Braconnage)


... Fruit d'une recherche au long cours (1974-1978), c'est en 1980 que paraît L'Invention du quotidien dont le sous-titre du tome 1 est "arts de faire".
Des quinze chapitres qui constituent cet ouvrage, c'est du douzième dont j'aimerais vous parler. Dans ce chapitre Michel de Certeau introduit la notion de braconnage dans le champ culturel (et plus précisément dans la lecture, mais il est clair que l'on peut que l'on doit l’extrapoler à la consommation culturelle dans son ensemble ; appliquant de fait le braconnage aux propres écrits de son inventeur, si l'on peut dire).
Peter Stults
Michel de Certeau n'y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il fustige l'idée qu'"Aux foules, il resterait seulement la liberté de brouter la ration de simulacres que le système distribue à chacun" d'où il ressortirait que "le public est modelé par les produits qu'on lui impose.".
À cela Certeau oppose (et propose) le braconnage, acte par lequel le lecteur (dans le cas d'espèce mais pas seulement) échappe "à la loi de l'information" (c-à-d à ce qui donne forme. On dirait aujourd'hui au formatage).
Selon lui, au contraire le lecteur est "le producteur de jardins qui miniaturisent et collationnent le monde, Robinson d'une île à découvrir, mais "possédé" aussi par son propre carnaval qui introduit le multiple et la différence dans le système écrit d'une société et d'un texte.".
Sean Hartter
Le lecteur (mais aussi le spectateur, l'auditeur etc...) n'est pas un consommateur supposé voué à la passivité et à la discipline, mais un braconnier qui par une succession d'actes de résistance, de détournements, et de transformations chasse sur les terres idéologiques de propriétaires qui leurs sont hiérarchiquement supérieurs : la polémologie appliquée à la consommation de masse, dont MATRIX DEZIONIZED en serait l'avant-dernier avatar.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d