.... Après avoir pris part à une discussion sur l'arrivée d'un nouveau personnage dans le giron de la Justice League of America, laquelle est actuellement cornaquée par Steve Orlando spoiler [Pour en savoir +], j'ai en y réfléchissant ensuite, été frappé par un élément qui d'une part valide cette arrivée, et d'autre part permet aussi de l'ignorer.
Il va sans dire que quiconque veut lire cette série sans interférences capables de lui en gâcher le plaisir, ne devrait pas lire ce qui suit.
.... Publiée au sein d'un label indépendant, créé pour l'occasion, Promethea puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est une invention d'Alan Moore & John Williams III.
Lorsque j'écris indépendant, il s'agit de dire que les séries d'America's Best Comics (ABC), le label en question, étaient indépendantes des autres séries que commercialisait à l'époque WildStorm. Maison d'édition, alors dirigé par Jim Lee, elle-même indépendante au sein du collectif Image Comics.
Alors que Moore avait déjà signé avec WildStorm, Jim Lee a vendu son entreprise à DC Comics, maison d'édition avec laquelle Moore s'était juré de ne plus jamais travailler. Le scénariste de Northampton a néanmoins voulu respecter ses engagements, eu égard au pool artistique qu'il avait réuni pour ce projet. En outre, reconnaissant en Jim Lee un gentleman, il avait mis comme condition de ne jamais avoir affaire directement à DC Comics. Sous-entendu que l'entreprise ne devait quant à elle, ne pas interférer dans son travail, ni celui de ses collaborateurs. L'histoire montrera que par au moins deux fois, elle le fera.
Toutefois, Moore et ses collègues iront au bout de ce qui reste pour moi une des plus formidables aventures éditoriales de la bande dessinée américaine.
.... Récemment DC Comics a relancé son univers mainstream, sous une version nommée Rebirth, dans laquelle, nous avait-on prévenu avant qu'elle ne soit commercialisée, la maxi-série Watchmen, qu'on ne présente plus, serait la pierre angulaire. Plus récemment encore, de nouvelles séries ont été promises toujours par DC, sous la bannière Dark Metal (émanation de l’événement connu sous le titre global de Metal) dont The Terrifics, copie presque carbone de la First Family de la Maison des Idées, et dans laquelle Tom Strong (crée par Moore & Chris Sprouse pour ABC) serait intégré.
Et last but not least donc, l'arrivée de Promethea au numéro 24 de la Justice League of America.
Outre qu'Alan Moore est clairement un scénariste dont DC Comics ne peut pas se passer, quand bien même celui-ci dit pis que pendre de l'éditeur, Tom Strong et Promethea sont deux personnages dont l'essence même, est une invitation à ce type d'opération éditoriale.
.... Rappelons pour mémoire que le natif d'Attabar Teru a eu sous l'égide de Moore lui-même, plusieurs avatars : Thomas Strong ou encore Warren Strong par exemple ; et que plusieurs Promethea aux caractères aussi différents que les genres littéraires qu'elles représentent, vivent au royaume d'Immateria.
En quoi donc, de nouvelles incarnations de ces deux personnages, qui sont avant tout des concepts, des idées, devraient-ils nous émouvoir ?
Qu'un éditeur, qui revendique (quand ça l'arrange) le principe de continuité, rameute le plus grand nombre de personnages dont il est propriétaire, n'a rien d'extraordinaire. C'est l'inverse qui le serait.
Ainsi, la série Watchmen comme je le disais, écrite par Moore & dessinée par Gibbons, qui a longtemps bénéficié d'un passeport diplomatique l'en excluant, vient de voir son immunité levée à l'occasion de Rebirth.
La continuité, qui soit dit en passant, n'est pas le fait de produire des histoires à suivre, mais de considérer toutes les séries qui en font partie, comme un seul et grand livre que l'on doit pourvoir lire de façon diachronique et synchronique, sans que des événements contredises les autres sans raison.
D'autre part, si quelques sites spécialisés ont fait des gorges chaudes de l'arrivée prochaine de Promethea, aucun à ma connaissance, n'a pris par exemple la peine de préciser que la Queen of Fables, l'antagoniste principale du vingt-deuxième numéro de la JLA, est une création de Gail Simone (quand bien même ce personnage a-t-il été révélé aux lecteurs par Mark Waid & Bryan Hitch), ni celle de se demander ce qu'elle pensait de son utilisation par Orlando dans son scénario.
Tout cela pour dire que la présence de Promethea (et de Tom Strong) était à mon avis inévitable, surtout si on veut bien se souvenir de la nature même d'Immateria.
Autrement dit, ni John Williams III ni Alan Moore, pas plus que les lecteurs d'ailleurs ne peuvent manifester leur mécontentement. Immateria est un royaume qui échappe complétement à la jurisprudence humaine. Et que si Moore & Williams III ont foi en leur propre travail, ils ne peuvent l'ignorer. D'où certainement le silence du magicien anglais.
.... Reste qu'après avoir écrit ce qui précède, j'ai enfin lu ce 22éme numéro de la JLA, qui ouvre donc l'arc intitulé Deadly Fable.
Et rien pour l'instant n'annonce qu'il marquera l'histoire de la bande dessinée américaine.
Sur une dialectique de l'affrontement déjà lu ailleurs, Steve Orlando & Neil Edwards, concoctent une histoire avec les quelques seconds couteaux de l'écurie DC qu'on a bien voulu leur prêter. Histoire sans réelles surprises, dont les lecteurs qui l'avaient lue au moment de sa sortie (le 10 janvier 2018), n'ont pas pu ne pas se douter qu'il y avait anguille sous roche, tant le royaume d'Immateria y est cité avec abondance.
L'absence de réaction à ce moment-là, en dit d'ailleurs long sur la popularité de la création de Moore & Williams III auprès des lecteurs d'aujourd'hui. Voire sur l’intérêt de ces mêmes lecteurs pour la série d'Orlando & Edwards.
On remarquera toutefois que l'entreprise de la Queen of Fables, n'est pas sans évoquer celle de DC Comics à l'égard de Watchmen, maxi-série dont on veut nous faire croire que l'un des protagonistes principaux est un vilain. Il y a, dans les deux cas, la volonté d'en découdre avec Moore, par personnages interposés. [-_ô]
À bons entendeurs, salut !
Il va sans dire que quiconque veut lire cette série sans interférences capables de lui en gâcher le plaisir, ne devrait pas lire ce qui suit.
.... Publiée au sein d'un label indépendant, créé pour l'occasion, Promethea puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est une invention d'Alan Moore & John Williams III.
Lorsque j'écris indépendant, il s'agit de dire que les séries d'America's Best Comics (ABC), le label en question, étaient indépendantes des autres séries que commercialisait à l'époque WildStorm. Maison d'édition, alors dirigé par Jim Lee, elle-même indépendante au sein du collectif Image Comics.
Alors que Moore avait déjà signé avec WildStorm, Jim Lee a vendu son entreprise à DC Comics, maison d'édition avec laquelle Moore s'était juré de ne plus jamais travailler. Le scénariste de Northampton a néanmoins voulu respecter ses engagements, eu égard au pool artistique qu'il avait réuni pour ce projet. En outre, reconnaissant en Jim Lee un gentleman, il avait mis comme condition de ne jamais avoir affaire directement à DC Comics. Sous-entendu que l'entreprise ne devait quant à elle, ne pas interférer dans son travail, ni celui de ses collaborateurs. L'histoire montrera que par au moins deux fois, elle le fera.
Toutefois, Moore et ses collègues iront au bout de ce qui reste pour moi une des plus formidables aventures éditoriales de la bande dessinée américaine.
.... Récemment DC Comics a relancé son univers mainstream, sous une version nommée Rebirth, dans laquelle, nous avait-on prévenu avant qu'elle ne soit commercialisée, la maxi-série Watchmen, qu'on ne présente plus, serait la pierre angulaire. Plus récemment encore, de nouvelles séries ont été promises toujours par DC, sous la bannière Dark Metal (émanation de l’événement connu sous le titre global de Metal) dont The Terrifics, copie presque carbone de la First Family de la Maison des Idées, et dans laquelle Tom Strong (crée par Moore & Chris Sprouse pour ABC) serait intégré.
Et last but not least donc, l'arrivée de Promethea au numéro 24 de la Justice League of America.
Couverture dessinée par Doug Mahnke |
.... Rappelons pour mémoire que le natif d'Attabar Teru a eu sous l'égide de Moore lui-même, plusieurs avatars : Thomas Strong ou encore Warren Strong par exemple ; et que plusieurs Promethea aux caractères aussi différents que les genres littéraires qu'elles représentent, vivent au royaume d'Immateria.
En quoi donc, de nouvelles incarnations de ces deux personnages, qui sont avant tout des concepts, des idées, devraient-ils nous émouvoir ?
Pendant ce temps, dans le royaume d'Immateria |
Ainsi, la série Watchmen comme je le disais, écrite par Moore & dessinée par Gibbons, qui a longtemps bénéficié d'un passeport diplomatique l'en excluant, vient de voir son immunité levée à l'occasion de Rebirth.
La continuité, qui soit dit en passant, n'est pas le fait de produire des histoires à suivre, mais de considérer toutes les séries qui en font partie, comme un seul et grand livre que l'on doit pourvoir lire de façon diachronique et synchronique, sans que des événements contredises les autres sans raison.
D'autre part, si quelques sites spécialisés ont fait des gorges chaudes de l'arrivée prochaine de Promethea, aucun à ma connaissance, n'a pris par exemple la peine de préciser que la Queen of Fables, l'antagoniste principale du vingt-deuxième numéro de la JLA, est une création de Gail Simone (quand bien même ce personnage a-t-il été révélé aux lecteurs par Mark Waid & Bryan Hitch), ni celle de se demander ce qu'elle pensait de son utilisation par Orlando dans son scénario.
Tout cela pour dire que la présence de Promethea (et de Tom Strong) était à mon avis inévitable, surtout si on veut bien se souvenir de la nature même d'Immateria.
Autrement dit, ni John Williams III ni Alan Moore, pas plus que les lecteurs d'ailleurs ne peuvent manifester leur mécontentement. Immateria est un royaume qui échappe complétement à la jurisprudence humaine. Et que si Moore & Williams III ont foi en leur propre travail, ils ne peuvent l'ignorer. D'où certainement le silence du magicien anglais.
.... Reste qu'après avoir écrit ce qui précède, j'ai enfin lu ce 22éme numéro de la JLA, qui ouvre donc l'arc intitulé Deadly Fable.
Et rien pour l'instant n'annonce qu'il marquera l'histoire de la bande dessinée américaine.
Sur une dialectique de l'affrontement déjà lu ailleurs, Steve Orlando & Neil Edwards, concoctent une histoire avec les quelques seconds couteaux de l'écurie DC qu'on a bien voulu leur prêter. Histoire sans réelles surprises, dont les lecteurs qui l'avaient lue au moment de sa sortie (le 10 janvier 2018), n'ont pas pu ne pas se douter qu'il y avait anguille sous roche, tant le royaume d'Immateria y est cité avec abondance.
L'absence de réaction à ce moment-là, en dit d'ailleurs long sur la popularité de la création de Moore & Williams III auprès des lecteurs d'aujourd'hui. Voire sur l’intérêt de ces mêmes lecteurs pour la série d'Orlando & Edwards.
On remarquera toutefois que l'entreprise de la Queen of Fables, n'est pas sans évoquer celle de DC Comics à l'égard de Watchmen, maxi-série dont on veut nous faire croire que l'un des protagonistes principaux est un vilain. Il y a, dans les deux cas, la volonté d'en découdre avec Moore, par personnages interposés. [-_ô]
À bons entendeurs, salut !
La réponse de Moore : http://forbiddenplanet.blog/2018/stuff-possibly-nonsense-148/
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